Quinze mois après son entrée en fonction, Nicolas Hulot a annoncé ce matin en direct sur France Inter sa démission du gouvernement. Visiblement ému, le désormais ex-ministre de la Transition écologique et solidaire a avoué ne plus pouvoir continuer estimant “avoir de l’influence, mais pas de pouvoir”, en référence aux nombreux arbitrages perdus (glyphosate, nucléaire, biodiversité, chasse, EMR) à cause du poids des “lobbys”. GreenUnivers fait le point sur les grands dossiers lancés lors de son passage à l’hôtel de Roquelaure et ceux qui attendent son successeur.
Les EnR tirent leur épingle du jeu
De tous les combats menés au gouvernement par Nicolas Hulot, l’épisode du glyphosate aura certainement été le plus médiatisé. Cheval de bataille de l’écologiste, son interdiction partielle (possibilités d’exemptions) dans 3 ans a été analysée comme une reculade, à l’instar des décisions prises en faveur des chasseurs (la goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase). Sur les problématiques liées à la biodiversité ou à l’artificialisation des sols, l’ex-ministre a avoué son impuissance “face à un gouvernement aux priorités court-termistes”. L’abandon de l’aéroport de Notre-Dame des Landes est sa seule véritable grande victoire sur le volet environnemental en un peu plus d’un an.
Son bilan dans l’énergie parait logiquement moins décevant, même s’il déplore que la France persiste à “s’entêter dans cette folie qu’est le nucléaire”. L’idée d’un calendrier précis de fermeture des réacteurs, défendue ardemment par Nicolas Hulot, pourrait ainsi être remise en question. Malgré cela, le secteur des énergies renouvelables est globalement satisfait des initiatives prises par le ministère depuis un an et demi, notamment la confirmation d’appels d’offres pluriannuels, en particulier dans le solaire pour 2,45 GW/an. Sa dernière communication en tant que ministre jeudi dernier concernait un appel d’offres dédié à la petite hydroélectricité.
A noter néanmoins que ce soutien gouvernemental aux EnR concerne essentiellement les technologies les plus matures, donc les moins onéreuses. Les projets éoliens en mer ont été renégociés après avoir un temps été menacés d’annulation, et la filière hydrolienne abandonnée sur l’autel des contraintes budgétaires.
Des dossiers en attente
Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire (si le périmètre reste inchangé) aura plusieurs dossiers chauds à gérer. Les derniers détails de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) sont en train d’être finalisés et celle-ci devrait être publiée en septembre. Dans le même temps, le gouvernement rend ses arbitrages pour le budget 2019 et chaque ministère est mis à contribution. En juin déjà, un rapport de l’Inspection générale des finances et du Conseil général de l’environnement et du développement durable recommandait au gouvernement de réduire les crédits consacrés à la biodiversité dans le budget de 10,4 Mds€ du MTES. Dans le domaine de l’efficacité énergétique aussi les coupes budgétaires sont de vigueur. Selon Audrey Zermati, directrice stratégie d’Effy, la piste consistant à diviser par deux l’enveloppe (environ 750 M€) du Crédit d’impôt transition énergétique (CITE), évoquée en avril, aurait été actée. Le départ de Nicolas Hulot va-t-il permettre à l’Elysée de raboter davantage encore le budget du ministère ?
Les considérations financières ne seront pas les uniques préoccupations du prochain ministre. De nombreux décrets étaient attendus et le remaniement ne peut que retarder la publication de textes urgents. “Nous attendons toujours des décrets relatifs aux blocages liés à l’autorité environnementale, ceux concernant les conclusions du groupe de travail éolien terrestre, sans oublier la publication des résultats du 2ème appel d’offres éolien”, rappelle Mattias Vandenbulcke, porte-parole de France Energie Eolienne. D’autres décrets sont à venir, notamment concernant le plan hydrogène présenté en juin par Nicolas Hulot, fervent partisan de la molécule. Reste à savoir si son successeur aura le même intérêt pour ce dossier…
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