Guerre commerciale, matières premières : la TE de moins en moins paisible ?

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« La transition énergétique devient le lieu d’une potentielle guerre commerciale », estimait Alexis Gazzo, le 29 mars* lors de la présentation du “Panorama des cleantech 2018”en évoquant les tendances à suivre dans les EnR, issues d’une analyse de 2017 et début 2018. Cet associé d’EY, spécialiste de l’économie des EnR au plan mondial, n’affirme rien mais pose des questions, remarquant notamment que le géant minier suisse Glencore investit à fond dans le cobalt, l’un des composants stratégiques des batteries de véhicules électriques – entre autres. Et y vise 40% de part de marché d’ici 2020. De quoi gouverner le secteur, comme le fait la Chine dans les terres rares, abondantes dans une grande partie des éoliennes en particulier. Ces métaux pourraient devenir une monnaie d’échange, par exemple face aux restrictions imposées aux panneaux solaires asiatiques par les Etats-Unis.

V2G, le perturbateur ?  

Un autre signal encore assez faible mais à surveiller : le développement de la mobilité électrique comme frein aux projets de stockage « conventionnels ». Les capacités réparties du vehicle to grid ou to home interrogent déjà les pionniers du stockage, qui constatent que des modèles économiques ont commencé à émerger dans certaines régions, la Californie par exemple.

(Crédit : Acwa power)

Troisième interrogation d’E: le véritable rôle des états pétroliers dans la transition mondiale. L’Arabie saoudite, les Emirats affichent des ambitions colossales – dernière en date les 200 GW visés par SoftBank – qui suscitent le scepticisme. Mais des projets avancent bel et bien, y compris sur des technologies encore peu répandues telle la centrale solaire à concentration de 700 MW de Dewa à Dubaï. Et des leaders régionaux émergent pour de bon : « Acwa power rafle tout », formule Alexis Gazzo – en particulier des projets remportés théoriquement par d’autres dans les appels d’offres…

Le solaire et l’Asie, maîtres du jeu en 2017
Plus de 330 Mds$ ont été investis l’année dernière dans les cleantech mondiales, une des meilleures années de la décennie selon BNEF. La moitié de ces investissements alimente le solaire et la Chine représente 30% de la puissance solaire mondiale, petites installations décentralisées comprises, rappelle EY. Le pays concentre en outre 40% de la capacité éolienne planétaire, hébergeant 4 des 10 premiers turbiniers mondiaux. Le Japon, l’Inde sont aussi à la manoeuvre. Résultat : « l’Asie est la première région des EnR mais aussi la plus dynamique, avec une croissance de 15% des investissements », analyse Alexis Gazzo.
Deuxième fait marquant de 2017
vue par EY : l’effondrement des prix issus des appels d’offres, avec par exemple le solaire à concentration (avec douze heures de stockage) à 73 $/MWh (59 €/MWh) à Dubai sans parler des niveaux atteints dans le photovoltaïque et l’éolien. Dans son baromètre de l’attractivité des pays pour les EnR (consultable ci-dessous en détail), EY note ainsi qu’au Royaume-Uni, « le dernier appel d’offres pour 3 GW d’éolien offshore a été remporté avec un prix historiquement bas de £57,50/MWh (65,70€/MWh) pour 2022-23, soit moitié moins que les prix de 2015 et près de 40% moins que Hinkley Point. »


*Forum annuel du Pexe, ministère de l’Economie, Paris.

  • Le financement des énergies renouvelables en 2017, EY (ici en PDF) :

 

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