Alerte : situation d’urgence pour l’éolien et le solaire français

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Et voici les dernières statistiques officielles sur le solaire et l’éolien dans l’Hexagone, à quelques jours de la remise au gouvernement d’un double rapport sur ces filières, en vue de prendre des mesures d’urgence pour les sortir de l’impasse. Et il y a en effet urgence : l’éolien confirme sa paralysie et le photovoltaïque ralentit, comme anticipé (Lire notre analyse : L’éolien s’arrête en France, le solaire dépasse 3 GW mais…).

Le vent ne porte plus

L’éolien frôle les 7 GW de puissance raccordée au 30 juin dernier, soit un parc en hausse de 3% sur six mois et un rythme trop faible pour aller chercher les 25 GW visés pour 2020 par le Grenelle de l’Environnement. Certes, la France produit mécaniquement de plus en plus d’électricité éolienne. Mais le marché (sur la base des raccordements) n’est plus performant : sur les six premiers mois de l’année, le pays a raccordé une puissance inférieure de 58% à ce qui a été raccordé un an plus tôt, au 1er semestre 2011.

“Le ralentissement des raccordements se poursuit sur l’éolien”, confirme dans sa note trimestrielle le Commissariat général au développement durable (CGDD), garante des statistiques solaires et éoliennes nationales. Les investissements de départ sont élevés, les rendements lointains, les riverains hostiles, les normes contraignantes, l’administration lente, les associations promptes à faire procès.

L’offshore gonfle les projets en attente

Dans le détail, 90 MW de puissance éolienne ont été raccordés au réseau au deuxième trimestre 2012. C’est peu, et cette contre-performance trimestrielle est historique depuis 2009. De moins en moins d’éoliennes sont raccordées depuis mi-2011. Un ralentissement du marché clairement visible sur le graphique ci-dessous, et à l’opposé de nombreux pays d’Europe. D’un côté, la filière française risque gros et lance des cris d’alarme, du Syndicat des énergies renouvelables à France Energie Eolienne (Fee). De l’autre, les organisations anti-éoliennes se frottent les mains… En silence, elles.

Enfin, si les raccordements éoliens ralentissent, un certain dynamisme (plutôt étrange) est observable sur le premier semestre 2012 concernant le développement de projets (Lire notre analyse récente : Eolien, moins de parcs raccordés mais plus de projets). Le CGDD lève le voile sur ce paradoxe : “Les projets entrés en file d’attente repartent en très forte hausse (8.272 MW contre 5.995 MW fin mars 2012) suite à la prise en compte des six projets d’éolien offshore.” Quatre de ces parcs en mer doivent en effet apporter 1,9 GW de puissance au réseau… Mais pas avant 2017 !

Source : CGDD

Le soleil s’éloigne de la France

Sur le solaire, les chiffres officiels confirment l’impression de ralentissement observée il y a quelques semaines. Le marché exprime aujourd’hui naturellement les effets de la politique publique menée en 2010 et 2011, entre baisses sauvages des tarifs d’achat d’électricité, moratoire forcé et bras de fer avec la filière.

A priori, les performances photovoltaïques sont là : le parc solaire augmente de 24% sur le premier semestre, pour atteindre 3,6 GW, soit les deux tiers de l’objectif de 5,4 GW prévus pour 2020. Néanmoins, un constat s’impose : “Malgré l’arrivée de très grosses unités, les nouvelles capacités raccordées au premier semestre connaissent toutefois un fléchissement de 8% par rapport au premier semestre 2011”, note le CGDD. Les grosses centrales en question sont dix sites photovoltaïques supérieurs à 5 MW, cumulant 165 MW. Les chiffres sont donc gonflés et pourrait le rester sur le prochain trimestre, car le chantier de nombreux gros parcs solaires devait être bouclé avant juin dernier – c’est la règle du raccordement dans les 18 mois à réception de la Proposition Technique et financière (PTF).

Ralentissement confirmé pour la fin de l’année

Par contraste, le ralentissement est marqué sur les petites installations solaires, comme les panneaux sur les toits des particuliers. “Le nombre des nouvelles installations de puissance inférieure ou égale à 3 kW diminue fortement, notamment par rapport au premier semestre 2011”, indique le CGDD. Des chiffres qui corroborent la descente aux enfers d’une grande majorité d’installateurs, dont le dernier exemple symbolique est celui d’Evasol.

Et le manque de dynamisme devrait continuer : “Dans un avenir proche, le ralentissement des nouvelles capacités installées pourrait se poursuivre au regard des chiffres relatifs aux projets dont la convention de raccordement est déjà signée (-20% par rapport à mars 2012).”

Les multiples avertissements des syndicats professionnels et organisations à but non lucratif depuis plus d’un an n’auront servi à rien. Les prochains trimestres s’annoncent critiques pour le photovoltaïque français…

Source : CGDD
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