Les villes françaises sont touchées de plein fouet par la hausse des prix de l’énergie. Dans un premier temps, elles ont pu être protégées par des groupements d’achat pluriannuels signés avant la crise. Mais cette fin d’année 2022 marque un tournant. A mesure que leurs contrats arrivent à échéance et doivent être renégociés, un constat s’impose : les budgets énergie vont exploser. Dans ces conditions, comment adaptent-elles leurs stratégies ?
La crise agit d’abord pour les collectivités locales comme un appel à accélérer les projets de transition énergétique. Déjà actives dans le déploiement des réseaux de chaleur et du photovoltaïque, ou dans l’optimisation de l’éclairage public, les grandes villes sont poussées à voir plus grand et agir plus vite. Parmi les dossiers, la rénovation énergétique des bâtiments se retrouve naturellement sur le sommet de la pile. Mais les capacités d’investissement sont limitées, obligeant les élus à des arbitrages. L’équation à résoudre est complexe : réduire rapidement les consommations pour se donner des marges de manœuvre et éventuellement engager des opérations plus lourdes, sans pour autant supprimer les services essentiels à la population.
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Pour autant, les élus locaux ne veulent pas sacrifier sur l’autel de l’urgence le temps long des politiques publiques. Non seulement parce que les projets de transition énergétique demandent du temps, mais aussi parce qu’ils craignent que la crise dure ou se répète. A l’image de la métropole de Strasbourg, qui se dote d’un nouveau service “énergie et patrimoine”, les collectivités revoient donc la place qu’elles accordent à l’énergie. L’enjeu est double : mobiliser leurs agents et nouer le dialogue avec les acteurs du territoire.
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L’Etat et les représentants des collectivités ont pris conscience des risques. Dès le début de la guerre en Ukraine, via le Fonds chaleur, le gouvernement avait cherché à encourager le recours à la biomasse, en substitution aux énergies fossiles, dans les réseaux de chaleur. Mais face à l’ampleur de la hausse des prix de l’énergie, cela ne suffira pas. L’exécutif a depuis intégré les collectivités à ses dispositifs de soutien, à l’image de son récent “amortisseur électricité”, entrant en vigueur au 1er janvier.
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