La filière hydrogène veut sortir de l’attentisme

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©Marcus Millo via Canva.com

[Dossier] C’est peu dire que l’hydrogène entre dans une nouvelle ère. Après l’euphorie d’une stratégie nationale en 2020 soutenant le secteur comme jamais, la filière a commencé à mûrir. Et s’est confrontée à la réalité technique et économique d’un changement d’échelle où tout était à construire : production, usages, infrastructures, réglementation et cadre de marché. La nouvelle stratégie nationale hydrogène est désormais attendue pour fin 2023. Elle doit lever les doutes qui ont commencé à poindre.

“Il y a tellement de nouveautés, d’innovations, que l’on se doit d’être agile”, défend ainsi Hoang Bui, coordonnateur des stratégies nationales “hydrogène décarboné” et “décarbonation de l’industrie” au Secrétariat général pour l’investissement (SGI) dans le podcast récemment diffusé par GreenUnivers sur le thème “Hydrogène décarboné, la France peut-elle devenir leader ?” Importations, infrastructures ou encore soutiens à la mobilité lourde sont autant de sujets sur lesquels “l’Etat a réfléchi”, illustre-t-il.

“L’année 2023 a été une année un peu de fébrilité et d’attentisme dans l’ensemble du secteur. Pas qu’en France mais en Europe, aux Etats-Unis et dans beaucoup d’endroits, parce qu’on attendait que les réglementations se figent”, observe dans le même podcast Pierre-Etienne Franc, CEO du fonds dédié à l’hydrogène Hy24. Ces réglementations, en particulier les mécanismes de soutien à la production, se mettent désormais en place. Ce qui fait dire à Pierre-Etienne Franc que “2024 sera une année de décisions d’investissement.”

Il faut dire que, si des spécialistes comme Hy24 ont continué d’investir, des interrogations commencent aussi à se poser. L’incertitude principale reste le modèle économique de l’hydrogène. Pour amorcer le changement d’échelle, le soutien public s’impose comme dans d’autres filières par le passé. Mais il ne fera pas tout sur la durée.

L’heure est déjà à l’analyse des premiers retours d’expérience. Depuis trois ans, des projets ont commencé à se développer avec leurs lots d’obstacles, de retards et de surprises. Ils se sont confrontés à la réalité. Les prochains mois seront consacrés au calage des différentes stratégies et à l’agencement des briques de la chaîne de valeur.

A l’heure des doutes, une tendance encourageante est tout de même à noter : la filière hydrogène fourmille toujours de projets et d’innovations qui ne demandent qu’à pouvoir se déployer.

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