Le financement des EnR entre dans une nouvelle ère

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@Manon Gallois GreenUnivers juillet 2023

C’est peu dire que le contexte énergétique a changé en deux ans. Avant même le début de la guerre en Ukraine, les prémices d’une nouvelle donne se faisaient sentir. Taux d’intérêt, prix de l’énergie, inflation et coûts d’approvisionnement : les principaux paramètres de l’équation économique ont depuis évolué. Pour les développeurs et producteurs d’énergies renouvelables, l’heure est à la remise en cause. Soit pour repenser les projets initiés avant la crise énergétique, soit pour en construire d’autres sur des bases inédites. Au-delà des incertitudes conjoncturelles, les tendances de fond évoluent également. L’innovation s’impose dans les modèles d’affaires, comme l’a montré la 9e conférence sur le financement des infrastructures d’énergies renouvelables organisée par GreenUnivers le 11 juillet, qui a réuni plus de 300 professionnels.

Quelle rentabilité ?

Parmi les infrastructures, les énergies renouvelables restent un secteur plus attractif que d’autres. Les premières orientations connues de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) le confirment : il va falloir accélérer leur déploiement, certes plus ou moins vite selon les filières, mais l’ensemble des énergies renouvelables devront être massivement développées. Pour autant, l’évolution du contexte soulève nombre de questions, et non des moindres : “comment assurer la rentabilité des projets ? Comment assurer le financement de ceux qui sont rentables ?”, résume Arthur Charpentier, vice-président du cabinet de conseil Tevali Partners. Pour les développeurs-producteurs EnR, l’enjeu est d’anticiper l’évolution des grands déterminants économiques pour faire évoluer leurs stratégies et modèles d’affaires.

Longtemps annoncés comme prometteurs, émergents en France, les corporate power purchase agreemments (CPPA) sont recherchés pour offrir de la visibilité. Aussi sécurisants soient-ils, ils ne constituent pourtant pas la solution miracle pour les développeurs EnR, mais feront partie de l’évolution des modèles d’affaires.

“Même si aujourd’hui il reste compliqué, pour beaucoup de raisons, de faire des projets hybrides, d’ici la fin de la décennie, c’est l’horizon inévitable dans le monde entier, y compris en France”, assure Michaël Salomon, président du cabinet de conseil Clean Horizon, qui prédit l’avènement du couplage solaire et stockage. A l’image de la filière photovoltaïque, les renouvelables ont encore des innovations à faire valoir à l’entame de leur “troisième saison”, selon l’expression de Nicolas Rochon, fondateur de RGreen Invest. Après une première ère “où il fallait sauver la planète” et une deuxième où “les taux négatifs autorisaient une importante création de valeur”, l’heure est venue de sauter dans le grand bain : “on nous enlève les brassards et nous nageons tout seuls dans la piscine.”

 

Retrouvez les photos de la conférence

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