Démarrage poussif pour le compteur intelligent de Google, un mauvais signe

Print Friendly, PDF & Email

Même pour Google, il n’est pas si facile d’intercaler un logiciel d’économie d’énergie, aussi pratique soit-il, entre les compagnies d’électricité et leurs usagers.

Un an après son lancement public, l’outil développé par Google, le PowerMeter, qui permet de mesurer et piloter sa consommation d’énergie n’a encore, selon le groupe, que quelques milliers d’utilisateurs.

Cette base limitée permet malgré tout à Google de commencer à utiliser ces données collectives pour en tirer des statistiques et surtout faire des recommandations d’économie.

Par exemple, graphique à l’appui, il a noté que chaque foyer américain consomme en moyenne 589 watts d’électricité toute la journée.

Quels appareils sont responsables, selon Google ? En vrac l’énergie “vampire” (les appareils en veille), les réfrigérateurs trop anciens pour s’auto-réguler, les lumières allumées en permanence, y compris à l’extérieur, les boîtiers internet ou décodeurs télé, les ordinateurs toujours allumés, ou encore les chauffe-eau électriques.

En gérant plus attentivement ces discrets aspirateurs d’électricité, un foyer peut ramener sa consommation « permanente » à seulement 300 watts – de quoi économiser des centaines de dollars sur la facture annuelle.

Les compagnies d’énergies peu motivées

Pourquoi si peu d’adeptes pour l’instant ? Il est vrai que si Google a annoncé son logiciel il y a un an, en fait sa première compagnie d’énergie partenaire date de mi-2009, et son tout premier gadget compatible (une sorte de thermomètre intérieur affichant la consommation en watts et en dollar) n’est sortie qu’en octobre 2009, en partenariat avec des start-up qui n’ont généralement que peu de moyens de commercialisation.

Pourtant le PowerMeter compte désormais officiellement comme partenaires une dizaine de compagnies d’énergie américaines, qui totalisent des millions d’utilisateurs.

Mais elles n’ont guère de raisons de promouvoir cet outil : beaucoup d’entre elles, encouragées d’ailleurs par les subventions du gouvernement Obama, travaillent déjà directement avec des fournisseurs de compteurs intelligents et logiciels dédiés. Et elles les déploieront elles-mêmes chez leurs clients, avec qui elles pourront ainsi garder le contact.

Autre handicap, s’adapter au PowerMeter ou un autre logiciel extérieur leur coûte cher.

L’institut  Pike a calculé fin décembre que pour un distributeur d’électricité, développer un flux de données qui puisse alimenter le PowerMeter de Google ou son concurrent Hohm de Microsoft nécessite « de nombreux mois de développement et des centaines de milliers de dollars » sans oublier les coûts de marketing pour faire connaître cette solution.

En conclusion, souligne Pike, le principal canal de distribution principal de tels appareils et logiciels est et restera la compagnie d’énergie, qui aura donc tout pouvoir pour choisir son fournisseur parmi des dizaines de solutions similaires.

Beaucoup d’utilisateurs, peu d’entreprises élues

Donc, même si d’après Pike plus de 28 millions de foyers dans le monde seront équipés d’un appareil de gestion de leur consommations d’énergie d’ici 2015, les entreprises qui espèrent vendre directement aux consommateurs des moniteurs d’énergie auront du mal, même si plus de la moitié des consommateurs se disent intéressés à avoir un appareil de ce type chez eux.

Google ne devrait pas en être autrement affecté, car le groupe a déjà averti que son PowerMeter ne vise pas de business model (il ne demande aucun paiement aux compagnies d’énergie qui s’y adaptent) et apparait plutôt comme un produit d’apprentissage.

Reste que ses difficultés dans ce domaine sont un mauvais signe pour de nombreuses start-up qui bâtissent leur avenir exclusivement sur ce créneau, à l’exception des pionnières qui ont su tisser un réseau de relations avec les distributeurs d’électricité pour imposer leur norme, et travaillent en partenariat avec des géants comme Cisco ou IBM.

Aux Etats-Unis, parmi la foule de prétendants (EnergyHub, Tendril, Onzo, GreenBox…) seules quelques-unes paraissent solidement placées, comme Silver Spring Networks, l’une des start-up qui a obtenu le plus de financements auprès d’investisseurs mais qui fournit aussi des solutions de transmissions de données, ou encore GridPoint.

Article précédentGREEN EUROPE: – 2,7% (du 29 janvier au 5 février 2010)
Article suivantLe photovoltaïque mûrit en France à petits pas (Etude)