Exclusif : plus de 8,8 milliards d’euros de deals cleantech dans le monde au 2e trimestre 2009

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Analyse

Les leaders du solaire et de l’éolien constituent des trésors de guerre


Le montant des levées de fonds et fusions-acquisitions dans les cleantech dans le monde a dépassé 8,8 milliards d’euros (12,5 milliards de dollars) au 2e trimestre avec 80 opérations. En vedette, les grands groupes du solaire et de l’éolien ont réussi à collecter des sommes impressionnantes pour se préparer à la reprise, misant sur l’effet levier des plans de relance sur le green business.


Ce trimestre a vu se constituer d’impressionnants trésors de guerre chez les plus pugnaces des industriels du solaire et de l’éolien, qui ont levé des centaines de millions d’euros en Bourse, comme le montre notre baromètre. Tous se préparent à l’explosion du marché, espérée à partir de l’automne quand commenceront enfin à pleuvoir les subventions publiques au secteur « vert » annoncées en début d’année dans de nombreux pays, Etats-Unis en tête, mais dont quasiment pas un sou n’a encore été sorti des caisses des Etats.

Le montant des levées de fonds, fusions-acquisitions et introductions en Bourse grimpe à plus de 8,8 milliards d’euros (12,5 milliards de dollars), dont près de 100 millions pour des entreprises françaises, pour les montant connus. C’est beaucoup plus que le 1,1 milliard d’euros enregistré au premier trimestre 2009. Les énergies renouvelables sont les incontestables locomotives avec plus de la moitié des deals réalisé dans le secteur solaire (plus de 5 milliards d’euros), devant l’éolien (3,2 milliards).

Quasiment tous les plus gros financements ont été réalisés en Bourse, grâce au rebond des marchés. Le danois Vestas a récolté 770 millions d’euros par une émission d’actions, l’allemand Q-Cells, numéro deux mondial des cellules solaires, a revendu des actifs pour 530 millions d’euros, les géants chinois des cellules solaires Suntech et Yingli ont levé respectivement 277 millions et 203 millions de dollars, leur rival américain SunPower 400 millions, et le producteur de silicium REC a obtenu 495 millions d’euros.

Des marchés pourtant chahutés

Pourtant, le contexte a été très chaotique : le prix des cellules solaires a chuté alors même que la demande était gelée par la crise, laminant  les ventes et les bénéfices des fabricants de cellules et de panneaux. Et les installateurs de parcs éoliens, très gourmands en capitaux, ont manqué de financements pour leurs projets, réduisant leurs commandes d’éoliennes.

Mais le malheur des uns a fait le bonheur des autres : d’énormes fusions-acquisitions dans l’éolien et le solaire ont émaillé le trimestre. Deux très gros fabricants de silicium ont ainsi changé de mains (le leader chinois, racheté pour 3,4 milliards de dollars, et un géant japonais acquis pour 125 millions de dollars). Dans l’éolien, les parcs de l’espagnol Endesa sont passés dans le giron du groupe de BTP Acciona, très axé sur les énergies renouvelables.

Ces grandes manœuvres en Bourse sont essentiellement le fait d’entreprises européennes et asiatiques, en particuliers chinoises, illustrant la montée en puissance du pays dans les cleantech. Les sociétés américaines recherchent davantage des fonds privés, notamment les start-up qui sollicitent les capitaux-risqueurs, ou, pour les plus grandes, attendent dans les starting-blocks l’arrivée des subventions fédérales promises.

Côté investisseurs directs (capital risque, fonds d’investissement, grandes entreprises), les transports tirent leur épingle du jeu. Les plus dynamiques des constructeurs de voitures électriques ont trouvé de nouveaux financements, comme Tesla  qui a obtenu 50 millions de dollars de son client Daimler, le constructeur norvégien Th!nk qui a levé 28 millions d’euros auprès de ses actionnaires ou le fabricant américain de batteries électriques A123Systems (69 millions de dollars).

Les biocarburants de 2ème génération gardent aussi leur attrait (57 millions de dollars pour les biocarburants à base d’algues de Solazyme), les compteurs intelligents (30 millions de dollars pour l’américain Tendril) et plus généralement tout ce qui permet de gérer ou d’économiser l’énergie (30 millions de dollars pour l’américain EPS).

Les entreprises françaises ont profité de la collecte ISF

En France, où les montants sont plus modestes, les énergies renouvelables se taillent également la part du lion. La plus grosse opération du trimestre est signée EDF Energies Nouvelles, filiale à 50% d’EDF, qui prend des positions à l’international : déjà très active aux Etats-Unis, elle devient propriétaire de 50% du futur plus gros parc éolien d’Italie, qui devrait être mis en service en fin d’année en Sardaigne, pour 63 millions d’euros.

Autre transaction importante dans l’éolien : Theolia vient de vendre un portefeuille de 19 fermes en Allemagne d’une puissance de 100 MW à RheinEnergy, une opération encore soumise au feu vert des autorités allemandes de la concurrence. Le montant n’a pas été divulgué, ce qui explique son absence de notre baromètre, mais il devrait approcher les 120 millions d’euros, selon plusieurs experts.

Les start up françaises des installations solaires affichent aussi leur dynamisme, portées par le très attractif tarif de rachat subventionné de l’électricité d’origine photovoltaïque, qui fait exploser le marché depuis 2006. Elles ont aussi largement profité des mesures fiscales pour les personnes assujetties à l’ISF qui investissent dans des PME pour amasser des fonds, à l’image de Sun’R (plus de 11 millions d’euros) ou de 123 Solaire (2,5 millions).

A défaut de posséder de grands groupes industriels  dans les énergies vertes, la France joue la carte des services : plusieurs prestataires ont réussi de coquettes levées de fonds comme Climpact, concepteur d’indicateurs pour aider les entreprises à gérer le risque climatique, qui vient juste de récolter 4 millions d’euros. Et d’autres opérations, dont les montants n’ont pas été dévoilés, témoignent de l’éclosion de prestataires bien décidés à profiter de l’essor des marchés du green business.

gutribune

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