Echec de l’AO éolien T2 : la filière entre dans un “trou d’air”

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(Crédit : Boralex)

La décision en décembre 2017 du Conseil d’Etat de supprimer l’Autorité environnementale est en grande partie à l’origine du fiasco de la deuxième session de l’appel d’offres éolien, dont les rares lauréats ont été présentés aujourd’hui. Cinq projets (consultables ci-dessous) ont été retenus, pour 118 MW, alors que 500 MW étaient proposés. La liste des développeurs est encore plus courte : quatre au total, soit Boralex pour deux projets dont un en repowering, Engie Green, Elicio et RES.

Un peu plus de 230 MW avaient été déposés[am4show have=’g1;g2;g4′ user_error=’Please_Upgrade’ guest_error=’Please_Subscribe’] par les candidats, 216 MW avaient été jugés éligibles par la Commission de régulation de l’énergie, pour neuf projets. Le tarif moyen n’a pas été rendu public, pour l’instant, mais il pourrait être plus élevé que lors de la première session, à 65,4 €/MWh.

Un décret très attendu

« Aucune autorisation n’est plus délivrée depuis fin 2017. La note d’instruction publiée depuis par l’administration ne suffit pas à procurer la sécurité juridique nécessaire. Les développeurs ont des projets mais ne peuvent pas les présenter», explique Pauline Le Bertre, déléguée générale de France Energie Eolienne, qui avait prévenu de cet échec probable en juillet dernier. Seule solution selon elle : prendre le plus rapidement possible le décret qui réforme l’Autorité environnementale. Mais celui-ci a du retard. Actuellement au Conseil d’État, il est désormais attendu pour octobre au plus tôt. Les conséquences sur le pipe des développeurs – pas seulement dans l’éolien, d’ailleurs – pourraient se faire sentir pendant longtemps. Marion Lettry, délégué générale du SER, anticipe « un trou d’air correspondant au développement de projets pendant une année, voire une année et demi, au moins sur 1 GW », avec un effet dans deux à trois ans sur les parcs et centrales mises en service.

Opération sauvetage sur le cahier des charges

La maigreur du deuxième round et les conséquences encore à venir ont d’ores et déjà conduit la Direction générale de l’énergie et du climat à revoir le profil de la procédure. Les volumes des 5e et 6e sessions, fin 2019, ont été portés respectivement à 630 MW et 752 MW au lieu de 500 MW, pour combler le retard dans les capacités à installer ensuite. La date de la 3e période, qui devait être close en décembre, a été repoussée à avril 2019 ; la 4e session a aussi été décalée. Autre assouplissement : lors de la prochaine session, il ne sera pas nécessaire de disposer de toutes les autorisations pour candidater, une dérogation qui était initialement prévue pour la toute première période seulement, laquelle avait été très fréquentée. A noter que l’exigence de permis a sans doute concouru, selon Marion Lettry, à limiter les candidatures lors de la deuxième session.

En revanche, les plafonds de tarifs ont été revus à la baisse (71 €/MWh puis 70 €/MWh contre 74 €/MWh aujourd’hui). « Il semble difficile de baisser les prix aussi rapidement », estime néanmoins Lucas Robin-Chevallier, responsable des affaires publiques et réglementaires de Boralex, l’un des gagnants de la deuxième session. Mais pour le moment, la filiale française du groupe canadien se réjouit d’avoir emporté deux projets, dont un en repowering total. Basé en montagne, dans l’Ardèche, il vise à doubler la puissance installée en 2005 pour atteindre 35 MW, avec le même nombre de turbines. C’est probablement le premier projet de renouvellement lauréat d’un appel d’offres national. Pour les deux dossiers obtenus, Boralex avait obtenu toutes ses autorisations avant fin 2017.

  • Consulter la liste des projets lauréats de la deuxième période (ici en PDF) : 

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