Attention au risque de rupture d’électricité !

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filsLes pics de consommation électrique en France sont de plus en plus élevés. Une hausse inquiétante car ils accroissent les émissions de CO2 et risquent de provoquer des ruptures d’alimentation, selon l’Observatoire énergies d’entreprises d’EDF, pour qui la solution passe par une amélioration de l’efficacité énergétique et la mise en place de réseaux intelligents.

Les entreprises en sont les principales responsables. Elles représentent, en effet, 68% du total de la consommation d’électricité, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Les pointes électriques représentent, en moyenne, 1 000 heures par an (sur 8 760 heures de consommation) où la demande d’électricité est particulièrement forte. Surtout, leur amplitude est de plus en plus élevée : le 7  janvier dernier, c’est une pointe record de 92 400 MW qui a été enregistrée. Quatre ans plus tôt, les pointes ne dépassaient pas 80 000 MW…

Un phénomène dangereux

Cette hausse de l’amplitude pose d’abord un problème de pollution. L’excès de consommation d’énergie représente 20% de la demande nationale en moyenne annuelle, mais elle est responsable de la moitié des émissions de CO2 liées à la production nette d’électricité, estime l’Observatoire énergies d’entreprises d’EDF. Pour être satisfait, les pics de consommation font, en effet, appel au charbon, au pétrole ou au gaz.

La facture est aussi élevée pour le consommateur. Les tarifs appliqués durant ces pointes sont chers : l’électricité provient de centrales de secours dont les coûts de production sont plus élevés ou doit être importée.

Enfin, en cas de pointe, le risque de défaillance est important. L’exemple de la Californie, qui a subi en 2001 et en 2006 de graves ruptures énergétiques, montre que la menace est réelle.

Améliorer l’efficacité énergétique

Le problème aujourd’hui n’est pas d’éliminer les pointes électriques, mais bien de freiner leur progression.

La première solution passe par une amélioration de l’efficacité énergétique. Une entreprise sur deux se dit aujourd’hui engagée dans une politique de réduction de ses dépenses d’énergie, selon l’Observatoire mis en place par EDF. Mais outre les petits gestes de bon sens, comme bien gérer son éclairage ou son chauffage, le principal défi est de réduire ou de différer la consommation aux heures de pointes, notamment dans le secteur industriel.

EDF propose, par exemple, à ses clients de renoncer à consommer pendant les heures de forte demande d’électricité en échange d’avantages tarifaires.

Dans tous les cas, les entreprises se doivent d’anticiper un environnement réglementaire contraignant.

La seconde solution proviendrait des compteurs communicants (smart meters) et demain des réseaux intelligents (smart grid), qui permettent d’optimiser la consommation. Les expériences à grande échelle pilotées par Enel en Italie donnent des résultats concluants. La Suède est aussi en avance, avec un taux de pénétration proche de 100% en 2009.

25 à 40 % des foyers européens seront équipés de compteurs communicants d’ici à 2012, contre 6 % actuellement, selon une étude de Capgemini.

En France, deux projets pilotes sont conduits à Tours et Lyon, pilotés par Atos pour ERDF, le gestionnaire du réseau. « EDF projette ensuite de passer à l’étape supérieure entre 2012 et 2017, avec le remplacement de plus de 30 millions de compteurs bleus », rappelle Philippe Commaret, directeur marketing des divisions entreprises et collectivités territoriales. Un déploiement estimé à quatre milliards d’euros sur dix ans.

Alexandre Simonnet

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