Les industriels font plonger le marché du carbone

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bluenext2fevLa tonne de CO2 ne valait plus que 10,95 euros sur le marché spot, le 2 février, sur BlueNext. On est loin du record d’avril 2006 quand elle flirtait avec les 33 euros. Depuis ce sommet, elle a perdu près de 70% de sa valeur.

En juillet dernier, le carbone évoluait encore autour de 27 euros la tonne et des experts prédisaient qu’il allait grimper à 100 euros à moyen terme, ce qui allait révolutionner l’économie. Aujourd’hui, certains le voient tomber autour de 5 euros dans les prochaines semaines…

La principale cause de la chute de ces dernières semaines est à chercher du côté de la crise économique. On estime, en effet, qu’un point de PIB en moins en Europe équivaut à 30 millions de tonnes de CO2 en moins.

Avec la récession, les grands industriels européens concernés par le système des quotas de CO2, comme les cimentiers, les papetiers ou les aciéristes, tournent au ralenti. Résultat : ils émettent moins de CO2 et se retrouvent avec des excédents de quotas.

Certains d’entre eux auraient massivement vendu leurs excédents sur les marchés ces dernières semaines. Selon certains analystes, ces transactions auraient atteint entre 75 et 150 millions d’euros par jour depuis décembre. Pour les industriels, c’est une très bonne affaire, même avec la chute des cours : les quotas leur sont en effet alloués gratuitement. Alors que les banques rechignent à leur prêter de l’argent, ils trouvent là un moyen de récupérer du cash à bon compte.

Ces ventes provoquent un déséquilibre offre/demande qui tire les prix vers le bas. Et dans les prochaines semaines, la tendance ne devrait pas s’améliorer : les pays européens vont procéder à leurs allocations de quotas pour 2009, ce qui va renchérir l’offre disponible. Et la Pologne va aussi au même moment délivrer ses quotas 2008, ce qu’elle n’a pas encore fait.

Enfin, dernier facteur négatif, la corrélation entre le marché du carbone et celui du pétrole, qui a aussi fortement baissé ces derniers mois et évolue actuellement autour de 40 dollars.

Cette chute des cours pourrait affecter les investissements des entreprises dans les mécanismes de développement propre, qui visent à réduire les émissions de CO2 en échange de crédits carbone pouvant être revendus sur les marchés. Avec la baisse du prix du CO2, ces investissements deviennent nettement moins attractifs.

Mais la donne va changer à partir de 2013. Les quotas de CO2 ne seront plus alloués gratuitement aux entreprises européennes, ils deviendront payants via des mises aux enchères. Ce qui devrait faire remonter les prix et leur donner plus de stabilité.

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