Présidentielle verte : pas d’accélération à droite, petit espoir à gauche

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A quelques heures du débat qui opposera François Hollande à Nicolas Sarkozy ce soir, GreenUnivers revient sur les propositions des candidats en matière d’environnement avec l’éclairage de Nicolas Rochon, président de la société de conseil en investissement RGreen. 

Le jugement est sans appel : la campagne a été peu orientée sur le “vert”, à la différence de celle de 2007. Les candidats à la présidence ne font aucune grande annonce et traitent l’environnement de manière vague, sans éclairage chiffré. Pour Nicolas Sarkozy, le Grenelle de l’environnement constitue déjà une feuille de route jusqu’en 2020, tandis que François Hollande semble plus prometteur sans pour autant faire de propositions très concrètes.

L’exception repose sur les thèmes du bâtiment et de l’efficacité énergétique qui motivent les deux candidats. Les mesures seront mises en place sous formes de “subventions déguisées aux entreprises françaises, qui ne devraient pas coûter beaucoup à l’Etat”, selon Nicolas Rochon.

François Hollande : de l’espoir mais peu de concret

Pour François Hollande, il y a deux façons de voir les choses. Le candidat socialiste veut réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique, de 75% à 50% en 2025 et diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 30% à 2020. Ce qui implique une augmentation de la part des énergies renouvelables. “Pourtant, rien n’est encore décidé concrètement pour la mise en place de telles énergies, aucune solution ou subvention n’a été exposée”, estime Nicolas Rochon.

Pour l’expert, il existe cependant “beaucoup d’espoir autour du programme de la gauche”. François Hollande veut notamment rénover le bâtiment en 20 ans, au rythme de 600 000 immeubles par an. Il veut mettre en place une loi sur l’eau et une contribution écologique aux frontières de l’Union européenne (*). Mais l’expert reconnait que les marges de manœuvre du socialiste sont faibles. Et pour cause, puisque son projet nécessite l’apport d’importants capitaux, qu’il aura du mal à trouver en temps de crise.

Enfin, pour les entreprises cotées, un retour de la gauche pourrait être délicate pour les activités historiques d’EDF et GDF Suez. Pour Nicolas Rochon, les entreprises productrices d’énergies vertes, en revanche, pourraient tirer des bénéfices d’un changement de pouvoir.

Nicolas Sarkozy ne promet pas mieux que le Grenelle

Le président sortant, quant à lui, s’appuie sur son bilan comme seul programme. Les objectifs du Grenelle de l’environnement, signé en 2007, constituent une feuille de route jusqu’en 2020. Pour y arriver, Nicolas Sarkozy a engagé une transformation du bâtiment qui concentre 40% de la consommation énergétique nationale. Le président se félicite de la mise au point d’une taxe carbone suspendue à un engagement identique en Europe et souhaite diminuer la consommation d’eau de 20% en 2020 (*).

Pour Nicolas Rochon, le gouvernement est en retard pour atteindre les 23% d’EnR d’ici 2020, et ne propose pas de grands changements ou d’accélération, seulement une “petite avancée”. “Pour l’instant, il existe un axe avec le Grenelle de Sarkozy”, explique l’expert. Par exemple, la baisse tous les trimestres des tarifs d’achat du solaire et l’appel d’offres éolien offshore de 3 GW. Ces mesures sont favorables à l’évolution du mix énergétique par rapport aux recommandations européennes.

Une campagne à comparer à celle de 2007

Il y a 5 ans, l’engouement pour l’environnement était bien plus important qu’aujourd’hui. A l’époque, une hausse de la demande énergétique avait encouragé la mise en place d’une politique ambitieuse autour du Pacte écologique de Nicolas Hulot.

Aujourd’hui, avec un contexte économique très dégradé, on observe un « rétropédalage important par rapport au Grenelle », constate Nicolas Rochon. Le green n’est plus qu’une opportunité pour créer de l’emploi en France. C’est ce que montrent les résultats de l’appel d’offres éolien offshore qui a couronné EDF EN et Alstom. “L’Etat accorde des subventions à l’emploi déguisées” souligne Nicolas Rochon.

Coté solaire, le secteur est dans le mou. Les panneaux français moins performants et trop chers ont incité le gouvernement a baissé les subventions au photovoltaïque pour se repositionner sur l’éolien offshore et la biomasse. Pour Nicolas Rochon, “c’est une politique beaucoup moins ambitieuse qu’il y a 5 ans, mais elle a le mérite d’être claire. Et elle n’est pas hors sujet par rapport aux géants américains et asiatiques”.

Globalement, l’expert estime qu’il ne faut pas envisager pour l’instant de “grande révolution dans la transition énergétique”. Simplement espérer que le prochain président mette en place “un cadre réglementaire sur le long terme qui ne changera pas tous les 6 mois”.

(*) : selon une interview accordée au site Actu Environnement, le 17 avril 2012.

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