Sans surprise, le rapport « Energies 2050 » plaide pour le maintien du nucléaire

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Si l’Allemagne fait le pari de sortir du nucléaire et si le Royaume-Uni garde le nucléaire mais tout en jouant la carte de l’éolien offshore, pour la France, l’avenir de l’énergie passe définitivement par le nucléaire, les énergies renouvelables n’étant pas prêtes d’être compétitives. Sans grande surprise, c’est ce que soutient le rapport “Energies 2050”, remis par une commission d’experts ce matin à Eric Besson, ministre de l’Industrie et de l’Energie.

Dirigée par le professeur Jacques Percebois et Claude Mandil, ancien directeur exécutif de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), cette commission, qui se présente comme “ni pro ni anti-nucléaire, mais anti-gaspillage”, a étudié pendant quatre mois plusieurs scénarios possibles pour la politique énergétique française d’ici à 2050. Et au final, le prolongement des centrales nucléaires est la solution préconisée, devant la réduction ou la sortie du nucléaire. Les experts ont pris en compte plusieurs critères : les coûts de production (les parcs nucléaires existants seront équipés pour prolonger leur durée de fonctionnement), les émissions de CO2 (la réduction ou sortie du nucléaire obligerait à utiliser des énergies fossiles), les emplois et la sécurité d’approvisionnement.

Réduire la dépendance au pétrole

« La transition énergétique, c’est la réduction de notre dépendance au pétrole, ce n’est pas la réduction du nucléaire », a aussitôt commenté le ministre. Considérant le nucléaire comme une énergie propre, il plaide pour le maintien du parc actuel. Parce que “l’énergie nucléaire revient moins cher” quels que soient les scénarios envisagés, selon la commission qui s’appuie sur des chiffres de la Cour des Comptes*. Pour le même MWh produit entre 33 et 49 euros par le nucléaire, “l’énergie produite à partir de l’éolien terrestre se situe à 80 euros, l’éolien en mer un peu en-dessous de 200 euros, et le photovoltaïque entre 210 et 400 euros », rappelle le rapport.

En cas de sortie progressive du nucléaire (remplacé à 50% par du renouvelable et du thermique fossile), le coût complet de production de l’électricité en 2030 serait de 69 à 79 euros par MWh (selon les hypothèses de prix retenues du gaz et du nucléaire). Dans le cas d’une sortie totale du nucléaire avec un important recours aux énergies renouvelables, les experts chiffrent le coût de production entre 92 et 102 euros par MWh.

Et Eric Besson enfonce le clou sur un autre “défaut” des énergies renouvelables : « elles sont intermittentes : lors des records de consommation électrique de la semaine passée, moins de 2% de nos capacités de production éolienne et photovoltaïque ont été mobilisables », a-t-il indiqué lors de la remise du rapport.

Le renouvelable en complément du nucléaire

Le rapport “Energies 2050” recommande pourtant d’engager des efforts de recherche publique pour soutenir les entreprises innovantes dans les énergies renouvelables et le stockage, capables de s’attaquer au marché mondial.

Pour le ministre, « les énergies renouvelables doivent continuer à être développées en complément de l’énergie nucléaire, sans les opposer ». Et de rappeler qu’en cinq ans, le gouvernement a engagé 3,35 milliards d’euros pour le développement des énergies renouvelables et 1 milliard d’euros pour les véhicules du futur. Il se félicite en conséquence d’avoir multiplié par quatre la production d’énergie éolienne installée en France et par 200 la puissance photovoltaïque, sur cette même période.

(*) Rapport de la Cour des comptes sur les coûts de la filière électronucléaire remis le 31 janvier 2012, consultable en ligne (pdf).

 

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