Eolien offshore : le suédois Vattenfall vise le deuxième appel d’offres français

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Quelle place reste-t-il pour les énergéticiens étrangers sur le marché éolien offshore français face aux deux grands consortiums, menés respectivement par EDF Energies Nouvelles et GDF Suez ? Trop peu, selon l’entreprise publique suédoise Vattenfall, co-leader en Europe dans l’exploitation de fermes offshore. Mais le groupe ne jette pas l’éponge. Aujourd’hui, il emploie une vingtaine de personnes dans l’Hexagone avec une activité principale de vente d’énergie (350 millions d’euros de chiffre d’affaires). Mais Vattenfall veut devenir producteur d’énergie dans le pays à moyen terme. Une stratégie qui passe par l’hydroélectricité et l’éolien offshore. Très pragmatique face aux barrières à l’entrée pour participer au 1er round français de l’éolien en mer, Vattenfall compte bien participer au 2ème round, qui pourrait intervenir dès 2012.

Entretien avec Fréderic de Maneville, président de Vattenfall France.

GreenUnivers : Comment voyez-vous le premier appel d’offres pour le développement de 3.000 MW au large des côtes françaises ?

Jusqu’à récemment, la France n’était pas concernée par le marché éolien offshore en Europe. Ce n’est que début 2011 que la situation a évolué, avec l’annonce d’un appel à concurrence et la présentation de règles du jeu claires. Ainsi Vattenfall n’avait pas de développement particulier sur les côtes françaises. Aujourd’hui, nous connaissons la méthode souhaitée par le gouvernement français et Vattenfall a participé à la consultation ouverte sur le cahier des charges du 1er round. Mais le calendrier est tellement court que nous n’avons pas le temps de faire un travail de développement sérieux et de remettre un dossier en six mois. Dans ces conditions, Vattenfall ne peut pas faire d’offre sur une zone précise, avec un prix ferme de revente d’électricité. Nous espérons que le deuxième appel d’offres nous donnera plus de temps pour travailler.

GU : Avez-vous envisagé de vous associer avec des partenaires français pour former un consortium ?

Nous avons pensé à cette solution, mais les choses ont été très vite. EDF Énergies Nouvelles a très bien mené son jeu en s’associant rapidement à plusieurs développeurs ayant des projets avancés. Et GDF Suez avait des liens privilégiés et légitimes avec certaine de ses filiales et certains autres acteurs en France. Ils se sont positionnés favorablement par rapport aux cinq zones géographiques en jeu. La situation est ainsi, mais cela a fermé le marché à des groupes étrangers comme Vattenfall, qui ont une gestion du risque sérieuse, ce qui nécessite la coopération d’un développeur avancé.

Notre stratégie industrielle en France n’était pas vraiment mûre par ailleurs. Grâce au premier appel d’offres, la filière française va se structurer, et des fournisseurs locaux vont s’engager dans cette industrie. Nous pourrons nous appuyer sur ce tissu industriel de PME pour préparer le deuxième appel d’offres dans lequel nous nous lancerons certainement. Notre probable absence du 1er round français ne doit pas être considérée comme un désintérêt pour la France. Tout dépendra du profil des parcs qui seront ouverts au moment du 2ème round, mais Vattenfall se verrait bien exploiter au moins une ferme de 500 MW à moyen terme.

GU : Vattenfall exploite déjà plusieurs parcs éoliens offshore. Quels sont vos atouts ?

Le groupe est co-leader en Europe, avec une puissance de 700 MW en opération sur 8 parcs, dans 5 pays (le danois Dong Energy est l’autre leader européen, NDLR). Nous exploitons notamment la ferme britannique Thanet, d’une puissance de 300 MW, la plus grande du monde à ce jour. Ce projet a représenté un investissement de 1 milliard d’euros. Sur ce projet, le fournisseur danois Vestas a utilisé le port de Dunkerque en France comme plateforme d’assemblage des turbines. Vattenfall construit en ce moment la ferme Ormonde en mer d’Irlande, équipée de turbines REpower (150 MW, NDRL), et le parc allemand DanTysk, équipé par Siemens (400 MW, NDRL). Nous avons aussi investi dans Alpha Ventus, la première ferme allemande utilisée comme plateforme de démonstration.

Nous avons une grande expérience du secteur et travaillons avec plusieurs turbiniers. Nous sommes enfin engagés dans une co-entreprise avec Iberdrola Renovables pour développer une tranche de 7.200 MW au Royaume-Uni, dans le cadre du Round 3. Un grand projet pour lequel nous consultons plusieurs fournisseurs d’éoliennes, comme le français Areva. Vattenfall est un grand acteur de l’éolien offshore et nous voulons faire profiter la France de notre savoir-faire.

Propos recueillis par Alexandre Simonnet

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