Directeurs du développement durable : moins de communication, plus de concret

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Une nouvelle génération de directeurs du développement durable plus engagée sur l’opérationnel arrive aux commandes, explique Michel Rios, fondateur du cabinet conseil RSE Paradigm21. Il vient de réaliser une étude qualitative (*) auprès d’une quarantaine de grandes entreprises françaises et internationales.

 

GU : Comment évolue le profil des directeurs du développement durable ?

Dans les années 90, on ne recensait que quelques pionniers dans des groupes comme Air Liquide ou ST Microelectronics, centrés sur la qualité, l’environnement, la prévention ou la sécurité. La première génération de directeurs du développement durable est née avec la loi NRE de 2001, qui imposait de nouvelles contraintes aux entreprises cotées, dont la publication d’un rapport annuel social et environnemental. Elle était composée à 75% de personnes dotées d’une forte crédibilité dans leur métier et d’une parfaite connaissance de l’entreprise, souvent proches du PDG. Depuis trois ans, une deuxième génération prend la relève, avec deux types de profils : soit des personnes internes à l’entreprise avec une grande légitimité, soit des experts recrutés à l’extérieur et ne connaissant donc pas forcément l’activité.

 

GU : Où se situent-ils dans l’organigramme ?

Ils sont rarement rattachés au PDG. La majorité d’entre eux sont rattachés à un dirigeant de niveau N-1, ils reportent à l’un des membres de la direction générale, au secrétaire général ou à la direction de la stratégie.

 

GU : Quelles sont les nouvelles missions de la fonction ?

Au départ, le rôle consistait surtout à communiquer vis-à-vis des parties prenantes. Aujourd’hui, on est plus dans le concret : les responsables du développement durable doivent engager des actions sur le terrain avec des engagements quantitatifs pour faire évoluer les pratiques en matière d’environnement ou de responsabilité sociale et sociétale. Cela se reflète dans l’organisation. Au niveau corporate, la direction du développement durable est une équipe très restreinte, moins de quatre collaborateurs en moyenne. Mais elle s‘appuie sur les équipes développement durable des entités opérationnelles, des filiales. Ces nouvelles structures décentralisées ont parfois des effectifs supérieurs aux équipes centrales, avec leurs propres budgets et leurs propres réseaux de correspondants. En parallèle à cet engagement opérationnel, le développement durable s’intègre de plus en plus dans la stratégie globale et l’élaboration de nouvelles offres. Beaucoup d’entreprises vont devoir réviser leur business model face aux enjeux du réchauffement climatique et de la raréfaction des ressources. Les directions développement durable participent en première ligne à la redéfinition de la stratégie en fonction de ces nouveaux enjeux.

(Propos recueillis par PL)

 

(*) : étude réalisée entre mai et juillet 2008 auprès d’une quarantaine d’entreprises intégrant la responsabilité sociale et environnementale dans leur stratégie de développement.

 (Photo : DR)

 

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