S’Tile fritte le silicium et vise une cellule solaire à moitié prix

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La start-up de Poitiers (Vienne) ambitionne de produire des plaquettes de silicium pour l’industrie photovoltaïque, par une technique de frittage de poudre de silicium, empruntée à l’industrie de la céramique. A terme, l’objectif est de fabriquer une cellule solaire dite « intégrée » ayant un rendement énergétique élevé, autour de 15 à 16%, avec un coût de production moitié moindre que les cellules au silicium classique.

L’amont de la filière industrielle photovoltaïque est une faiblesse française, peu de sociétés étant spécialisées sur la production de cellules solaires, indispensables à la fabrication de panneaux, à l’exception de Photowatt.

S’Tile veut à la fois fabriquer des cellules et réduire leur coût de production de moitié, tout en gardant un rendement énergétique élevé. “Le coût de la fabrication d’une plaquette de silicium est le goulet d’étranglement de la réduction du prix du photovoltaïque, à cause du coût du silicium de qualité solaire et de celui des opérations de lingotage et de sciage”, argumente le professeur Alain Straboni, fondateur et dirigeant de la société.

Issue de l’Université de Poitiers et du CNRS, cette société d’une dizaine de personnes, créée en 2007, a mis au point un process de fabrication en rupture avec les procédés actuels. Et elle  a développé un partenariat avec le Fraunhofer Institute of Solar Energy ISE, de Fribourg en Allemagne.

Levée de fonds en cours

La technique de frittage de S’Tile consiste à utiliser une poudre de silicium et à la chauffer afin de souder les grains entre eux jusqu’à former une plaquette de silicium. On obtient un substrat de silicium fritté peu onéreux par rapport à une plaquette de silicium classique obtenue par découpe de lingot de silicium.

” Ce substrat constitue ensuite l’électrode arrière de la cellule sur lequel on va déposer un film cristallin de silicium de 20 microns à partir duquel on va former la cellule photovoltaïque”, explique Alain Straboni. S’Tile vise un coût de production de près de 60% de moins par rapport aux plaquettes de silicium classique.

Grâce à cette structure à films minces sur substrat fritté, la société envisage de produire une cellule solaire intégrée. Le film supérieur est alors « rayé » au laser, pour obtenir plusieurs cellules séparées sur le substrat, mais connectées en série. Une solution diminuant les pertes de puissance du système final.

Avant d’en arriver là, S’Tile ambitionne de lancer un pilote de production de plaquettes de silicium fin 2011, et d’adresser ce produit aux fabricants de cellules afin de tester la technologie sur le marché pour démontrer sa compétitivité.

Une ligne de production de cellules intégrées doit ensuite être lancée en 2012, équivalent à 5 MW. Une production de 15 MW en 2013 est envisagée. Pour soutenir sa R&D, S’Tile est soutenue depuis 2007 par le fonds d’investissement Emertec, grâce à un apport de 1,2 million d’euros. Un deuxième tour de financement auprès de son investisseur historique est en cours.

Alexandre Simonnet

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