Une centrale solaire à 400 milliards d’euros au Sahara pour alimenter l’Europe ?

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desert-saharaLe soleil du Sahara pourrait dans quelques décennies alimenter l’Europe en électricité grâce à une gigantesque centrale solaire à concentration (CSP) construite en plein désert. Ce projet, souvent évoqué et parfois qualifié de pure utopie, vient de connaître un sérieux coup de pouce venu d’Allemagne. Une vingtaine de groupes d’Outre-Rhin, dont Siemens, RWE, Munich Re et Deutsche Bank, se sont regroupés dans un consortium pour faire avancer le dossier, selon la presse allemande.

Le concept est séduisant : l’énergie solaire reçue dans les déserts du monde entier en seulement six heures correspond aux besoins en électricité des habitants de la planète pour toute une année, d’après des experts. L’idée consiste à installer, sur plusieurs milliers de km2 dans le Sahara, d’immenses miroirs paraboliques produisant de la vapeur d’eau transformée en électricité par une turbine. Cette centrale pourrait couvrir 15% des besoins en électricité de l’Europe en 2050.

Cela représente évidemment un coût très élevé puisqu’il faudrait non seulement construire la centrale mais aussi les réseaux permettant d’acheminer l’électricité en Europe. L’addition totale pourrait s’élever à 395 milliards d’euros, selon une étude réalisée par le German Aerospace center, dont 45 milliards pour les réseaux.

Ce montant n’a pas effrayé les quelque vingt entreprises allemandes qui veulent lancer officiellement le projet le 13 juillet prochain, à Munich. Compte-tenu de l’ampleur du dossier, elles espèrent attirer d’autres groupes et misent sur un soutien des gouvernements européens pour prendre des initiatives concrètes d’ici deux à trois ans.

Ce projet est ardemment soutenu par la fondation Desertec, dont les experts de notre forum ont parlé récemment et qui est constitué d’un réseau international de scientifiques et de responsables politiques. La fondation souhaite que ce gigantesque projet profite aux pays d’Afrique du Nord et du Proche-Orient concernés via notamment des commandes passées à des entreprises locales. Le projet pourrait évidemment trouver sa place dans le cadre du Plan solaire méditerranéen de l’Union pour la Méditerranée, lancé en juillet 2008 mais qui reste encore très flou.

La technologie du solaire à concentration (CSP) est aujourd’hui en plein essor. Si la capacité installée est encore modeste à 450 MW selon l’Association européenne d’électricité solaire thermique (Estela), de nombreux projets sont en train d’émerger, notamment dans le sud-ouest des Etats-Unis et en Espagne, les deux plus gros marchés actuels. Et les estimations tablent sur un potentiel de 70 GW en 2020 dans le monde.

Greenpeace soutient ce projet, qui permettrait de fermer des centrales thermiques et nucléaires, selon l’ONG. Mais le dossier a aussi ses opposants, qui redoutent une trop forte vulnérabilité de la centrale aux catastrophes naturelles et au terrorisme.

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