A Paris-Saclay, une chaleur renouvelable futuriste mais paradoxale

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(Crédit : EPAPS)

Reportage à Paris-Saclay (Essonne)* –
Peut-on à la fois artificialiser des centaines d’hectares de riches terres agricoles et construire de façon exemplaire ? Sur le plateau de Saclay (Essonne), la contradiction est totale. Malgré la forte opposition d’associations locales et environnementales, l’Etablissement public d’aménagement éponyme (EPAPS) va faire sortir de terre plusieurs millions de mètres carrés. Ils matérialiseront une ville-campus, pôle scientifique et technologique composé des meilleures écoles et centres de recherche français (Polytechnique, ENS ex-Cachan, université Paris-Sud, Agro-Paritech, Centrale-Supelec, CNRS, CEA, R&D d’EDF…), fréquentés par pas moins de 70 000 étudiants. L’ensemble s’étendra sur 1 500 hectares. Et pourtant, Paris-Saclay se veut un « éco-territoire » au plan énergétique et une vitrine de ce qui se fait de mieux en la matière et en milieu urbain.

La chaleur de 4e génération

A la ZAC du Moulon, entre les communes d’Orsay, Gif-sur-Yvette et Saint-Aubin, 800 000 m2 sont déjà en construction. Pour les chauffer et les climatiser, l‘EPAPS a concéà Idex et Egis la réalisation et l’exploitation d’un réseau de chaleur de « 4e génération ». Ce qui signifie qu’à la différence des réseaux actuels, la chaleur sera fournie par plusieurs sources d’énergie. Renouvelables, comme la géothermie et le solaire thermique. Fatales, telle la chaleur récupérée dans les serveurs informatiques des centres de recherche. Et quand même fossile, avec une centrale à gaz pour assurer lors des périodes de pointe.

Last but not least, ce réseau de 14 km, déjà bien avancé, desservira 55 bâtiments peu énergivores, tous labellisés Effinergie + apparemment. « Les consommateurs deviennent aussi des producteurs d’énergie. Conséquence : le réseau doit aussi permettre d’échanger des calories entre les bâtiments, et bien entendu, des données. Les sous-stations du réseau sont aussi des interfaces intelligentes entre le réseau et les bâtiments », explique Guillaume Planchot, directeur du développement des réseaux de chaleur et de froid d’Idex.

Le forage du troisième puits de géothermie, Zac du Moulon, Paris-Saclay (Crédit : J-P Pié)

Le projet modulable s’appuie quand même sur une production géothermique majeure, en l’occurrence deux doublets forés entre 650 et 770 mètres jusqu’à la nappe de l’Albien, autour de 30 C°. Le troisième forage, tout près de l’Ecole Polytechnique, en est à mi-profondeur, le tout devant être prêt en début d’année prochaine. La chaleur acheminée, qui est donc de température moyenne, sera augmentée par 16 grosses pompes à chaleur (PAC) réparties sur le parcours. Elle fourniront aussi du froid pour la climatisation. Et elles auront besoin d’électricité, qui ne sera pas d’origine renouvelable. Pas plus que la centrale à gaz, bien entendu. Du coup, le bilan énergétique du projet ressort à 65% d’énergie non fossile. Ce qui n’est pas très éloigné, tout bien considéré, des bilans affichés par les réseaux de chaleur de la génération précédente.

Montée en puissance de la production décentralisée

Alors, où est le progrès ? Il est à venir, répond Guillaume Planchot, car les 35% restants sont appelés à diminuer, mais dans une proportion inconnue. Tout dépendra du comportement des bâtiments et de leurs occupants, de la production solaire réelle, de l’importance du stockage (ballons d’eau chaude, batteries des véhicules électriques…), des capacités d’effacement, des calories vraiment récupérées dans les datacenters. Sans compter d‘éventuelles sources additionnelles comme la méthanisation des déchets.

Personne ne sait aujourd’hui quelle réserve d’énergie sera réellement disponible et comment elle devra être distribuée selon les usages et la météo. On peut même imaginer que le réseau de chaleur, socle du système et dans lequel 51,7 M sont investis, se révèle un jour surdimensionné. La résolution des équations est confiée au ...

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