Taxe carbone : la France hésite, la Suède pousse

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carboneTaxe carbone ou pas ? Le suspense devrait se prolonger au moins quelques semaines en France mais en tout état de cause, cette taxe n’interviendrait pas avant 2011 selon Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Ecologie, qui présentait ce matin avec Christine Lagarde, ministre de l’Economie, un livre blanc sur le sujet. Les deux ministres ont aussi confirmé l’organisation d’une conférence d’experts sur la « contribution climat énergie » les 2 et 3 juillet, suivie d’une table ronde une semaine plus tard sous la direction de l’ancien Premier ministre Michel Rocard, afin de dégager un consensus.

L’idée consiste à taxer l’utilisation des énergies fossiles dans les transports, l’habitat… en fonction du niveau de CO2 émis. Cette nouvelle contribution frapperait les ménages comme les entreprises, mais elle serait compenser par une baisse d’autres prélèvements.

La mesure suscite une vive polémique. Du côté des partisans, on trouve l’écologiste Nicolas Hulot et des experts comme Nicholas Stern en Grande-Bretagne ou Jean-Charles Hourcade, directeur du Centre international de recherche sur l’environnement et le développement, en France. Pour ce dernier, cette taxe aurait deux grandes vertus : pousser les entreprises à accélérer sur la voie des technologies moins carbonées et inciter les citoyens à faire des choix plus économes en énergie en matière de logement ou de transports, par exemple.

Du côté des opposants, les représentants des entreprises sont parmi les plus en pointe. Un rapport de l’Institut de l’entreprise, association des grandes entreprises françaises, paru il y a un an, montrait les difficultés d’instaurer une telle taxe et le risque de frapper la compétitivité des entreprises concernées.

Les partisans de cette taxe sur les énergies en fonction du niveau de CO2 émis ont reçu hier un soutien venu de Suède. Alors que le pays succédera à la République tchèque à la présidence de l’Union européenne le 1er juillet prochain, son Premier ministre Fredrik Reinfeldt a indiqué qu’il allait recommander aux autres pays européens d’instaurer une taxe sur les émissions de CO2.

La Suède a introduit une taxe carbone dès 1991, et son Premier ministre estime que cette mesure s’est révélée très efficace. Elle rapporte entre 2,5 et 3 milliards d’euros par an.Trois autres pays européens ont une taxe carbone : la Finlande, la Slovénie et le Danemark. Dans tous ces pays, l’introduction de cette fiscalité verte a été compensée par une baisse des charges sociales ou/et de l’impôt sur le revenu pour ne pas pénaliser les entreprises et les ménages.

Le Premier ministre suédois a reconnu que la taxe ne serait guère populaire auprès des électeurs et des milieux d’affaires mais estime qu’elle est le moyen le plus efficace et le moins coûteux en cette période de crise pour conduire l’Europe vers une économie moins carbonée.

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