En Ile-de-France, le grand désembouteillage

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visuel-eco-mobilite“L’éco-mobilité en Ile-de-France : les solutions” : tel sera le thème de la prochaine conférence d’Innov’Eco, dont GreenUnivers est partenaire, le 2 juin à la Cité de l’architecture et du patrimoine à Paris (renseignements ici). C’est le moment de faire le point sur la mutation des transports en Ile-de-France.

Le grand désembouteillage

Extension du Vélib’ à 30 communes de la petite couronne, prolongement des lignes de tramway et de métro, projet d’une rocade ferroviaire de 60 km en moyenne couronne, d’un service de voitures électriques en libre-service à Paris, d’un métro automatique de 130 km reliant les principaux centres de la région… Pas de doute, la révolution des transports en Ile-de-France est en marche. Objectif : développer les transports alternatifs pour fluidifier la circulation et réduire les émissions de CO2.

Il faut dire qu’il y a urgence. Les transports sont la première source d’émissions de CO2 dans la région. A Paris, ils génèrent plus de la moitié des émissions : 6,4 millions tonnes pour le transport des personnes (y compris l’aérien) et autant pour les marchandises, selon le bilan carbone de la ville. En plus des déplacements de ses 2,1 millions d’habitants, Paris doit gérer le flux des quelque 27 millions de touristes en visite chaque année.
Les axes routiers sont aussi envahis par les marchandises : près de 32 millions entrent ou sortent chaque année dans la ville, dont 90% par la route. Un vrai défi alors que la capitale veut réduire de 60% ses émissions de gaz à effet de serre dues à la circulation d’ici à 2020 !

La situation n’est guère plus brillante au niveau de la région : les déplacements de banlieue à banlieue, majoritaires depuis plusieurs années, sont en forte croissance et 81 % d’entre eux s’effectuent en voiture. Quant à la part de transport de marchandises dans la pollution automobile, elle représente, à certaines heures de la journée, 50% des émissions de particules et le quart de celles de CO2.

Les Franciliens prêts à laisser leur voiture

Pouvoirs publics et population, tout le monde est aujourd’hui conscient de la nécessité d’agir vite : 59% des Franciliens estiment que les transports seront le principal défi de l’Ile-de-France dans les dix prochaines années, un chiffre qui grimpe à 77% pour les seuls cadres, selon une étude de la Sofres pour l’Observatoire de la ville. Inquiets des conséquences de l’accroissement des transports sur l’environnement et sur leur santé, ils se déclarent prêts à revoir leurs modes de déplacement.
Ils plébiscitent le développement de réseaux de transports en commun et de moyens de transports « doux » ou alternatifs. Près de neuf Franciliens sur dix (88%) sont ainsi convaincus de l’efficacité de la création d’un métro automatisé autour de Paris reliant les lignes de métro, de RER, et de tramway sortant de la capitale. Et 86% souhaitent un renforcement de la capacité des RER et du Vélib’. La mise en place de voitures électriques en libre service est aussi souhaitée par près de huit personnes sur dix.
Les Franciliens semblent prêts à changer leurs habitudes, par exemple en faisant leurs courses près de chez eux (96%) ou en adoptant le ovoiturage pour aller travailler (72%). Plus des deux tiers seraient même d’accord acheter plus cher un véhicule moins polluant…
Ils ont de plus en plus de possibilités pour trouver des alternatives à la voiture. Pour les petits trajets, le vélo fait son grand retour. A Paris, le Vélib’, mis en place à l’été 2007, a déjà permis d’effectuer plus de 44 millions de trajets à ce jour. Il vient de franchir le périphérique et de s’implanter fin mars à Boulogne-Billancourt, prélude d’une extension à 29 autres communes de la petite couronne. Les villes plus éloignées ne sont pas en reste : l’agglomération de Cergy-Pontoise, qui compte 160 km de piste cyclable, vient d’inaugurer le Vélo2, son système de vélo en libre-service.

Pour encourager le développement des véhicules propres, les pouvoirs publics mettent aussi en place des incitations financières. Dernier exemple en date : à Paris, une subvention d’un montant maximum de 400 euros pour l’achat d’un scooter électrique neuf.

La capitale prépare aussi un dispositif de voitures électriques en libre service, Autolib‘, sur le modèle du Vélib’, pour 2010.

Les premiers résultats se font déjà sentir : à Paris, la circulation a baissé de près de 20% au cours des sept dernières années. Et en cinq ans, les émissions de CO2 liées à la circulation automobile ont diminué de 9%.

Une multitude de chantiers

Du côté des transports collectifs, le chantier est tout aussi vaste, sous l’égide du Syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF). Le contrat de projets Etat-Région pour 2007-2013 prévoit 5,5 milliards d’euros d’investissement pour l’Ile-de-France, dont 2,9 milliards consacrés aux transports et à l’amélioration de l’accessibilité.

Les tramways vont ainsi gagner du terrain. Le T1, mis en service fin 2003 entre Saint-Denis et Noisy-le-Sec, transporte déjà plus de 80 000 voyageurs par jour. En 2011, il sera prolongé de près de 5 km à l’ouest, jusqu’à Asnières-Genevilliers. Quant au T2, qui relie La Défense et Issy – Val de Seine, il est en cours d’extension vers le nord sur plus de 4 km jusqu’à Bezons.

Modernisation aussi du côté du train, avec la mise en service, fin 2009, par la SNCF du premier Francilien, un train sur mesure conçu par le groupe Bombardier. Objectif : remplacer, d’ici à 2015, plus de 20% des trains du réseau Transilien, soit 172 trains. Un chantier à 1,8 milliard d’euros, financé à parts égales par la SNCF et le STIF.

Aucun moyen de transport n’est oublié : des navettes fluviales ont été mises en service, à l’été 2008, entre la gare d’Austerlitz et l’école vétérinaire de Maisons-Alfort (Val de Marne).
Et pour relier les modes de transport, une dizaine de grands pôles intermodaux sont en chantier dans la région. De quoi faciliter les correspondances.

Beaucoup d’autres très gros projets sont envisagés par les pouvoirs publics. Parmi les plus importants, Arc Express, la rocade ferroviaire de 60 km en banlieue soutenue par la région, qui coûterait 6 à 10 milliards d’euros. Encore plus ambitieux, le métro automatique à grande capacité, préparé par le secrétariat d’Etat chargé du développement de la région capitale, dont les projets seront présentés le 29 avril. Conçu pour fluidifier le transport de banlieue à banlieue et relier les grands pôles économiques, les aéroports et les gares TGV, il pourrait transporter 40 000 personnes en heure de pointe sur une ligne de 130 kms. Son coût est, pour l’instant, évalué entre 15 et 20 milliards d’euros pour une construction étalée sur dix à douze ans.

Pour les marchandises aussi, le recours aux transports alternatifs, ferroviaire et fluvial, s’accentue. Même si ces pistes sont, là encore, très couteuses, elles ont un impact important pour l’environnement. Un convoi fluvial acheminant 5 000 tonnes de marchandises revient, par exemple, à 250 camions de 20 tonnes sur les routes. Avec une consommation de carburant cinq fois moindre que pour la route.

Pour les entreprises impliquées dans les transports, ces vastes chantiers ouvrent de formidables opportunités de marché. A côté des grands groupes et de leurs sous-traitants positionnés sur les très gros appels d’offres, des start up jouent la carte des transports en pariant sur des niches. Des offres de covoiturage (covoiturage.fr, 123envoiture.com…), de taxis « verts » (Verture…) ou encore de coursiers écologiques pour les entreprises (Lungta…) fleurissent.

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