La Caisse des Dépôts monte en puissance dans les énergies renouvelables

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L’institution investit 50 millions d’euros par an dans la filière. “Nous cherchons à éviter les effets de bulle”, explique Eric Lecomte, directeur du département Energie et Environnement à la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), qui vient d’annoncer deux investissements, dans Valeco et Voltalia Guyane. “Nous ne cherchons ni à accumuler les capacités de production ni une rentabilité de court terme avec des effets de levier excessifs”.  

GU : Quels sont les objectifs de la CDC sur le marché des énergies renouvelables ?

Le développement durable est l’une des priorités de notre plan stratégique Elan 2020. Il compte trois axes : la finance carbone, la biodiversité et les énergies renouvelables. Nos actions s’inscrivent dans le cadre de la politique publique visant 20% d’énergies renouvelables en France en 2020. Notre objectif est de contribuer, par nos investissements, au développement des filières françaises : nous voulons participer à la réalisation de 5% des nouvelles capacités installées dans les énergies renouvelables d’ici à 2010, soit 500 MW, et 10% d’ici à 2020. Nous visons un mix énergétique qui tient compte des priorités des pouvoirs publics : 50% d’éolien, environ 20 % de biomasse et 20 %de solaire, le reste étant dédié à l’hydraulique et à la géothermie.  

GU : De quel budget disposez-vous ?

Nous avons investi 30 millions d’euros en 2007, 50 millions en 2008 et nos objectifs nécessiteront des montants similaires en 2009 et 2010. Depuis 2006, nous avons pris des participations minoritaires – de 20 à 49 % du capital – dans 23 sociétés françaises. Rien que cette année, nous aurons réalisé une douzaine d’investissements, dont Fertigaz, spécialisée dans la méthanisation des déchets organiques, Laudun Energy, qui exploite une centrale photovoltaïque sur la toiture d’un immeuble logistique dans le Gard, et récemment Valeco et Voltalia Guyane, deux entreprises qui développent des projets dans plusieurs filières.  

GU : Comment sélectionnez-vous les dossiers ?

Le premier objectif est de réaliser des projets locaux de production d’énergie. Nous cherchons à mettre en place des partenariats avec des PME capables de développer et exploiter des centrales. Nous ne visons pas des très gros projets, gourmands en capitaux comme en financements bancaires et très lourds sur le plan des autorisations administratives, mais plutôt des projets décentralisés, sur l’ensemble du territoire. Nous sommes dans la logique d’action de la CDC : participer au développement d’une nouvelle filière, montrer que les projets sont viables et les accompagner sur le long terme, une vingtaine d’années le plus souvent.

Nos interventions cherchent à éviter les effets de “bulle” : les investissements de la Caisse des Dépôts ne visent ni à accumuler des capacités de production et à les consolider afin de constituer un nouvel opérateur énergétique, ni à rechercher des rentabilités de court terme avec des effets de levier excessifs comme d’autres acteurs.

Parmi nos critères, il faut ajouter qu’il n’entre pas dans notre rôle d’investisseur territorial de faire des paris technologiques : les entreprises dans lesquelles nous investissons utilisent des technologies qui ont fait leurs preuves. Enfin, nos directions régionales veillent à ce que les projets soient bien portés par les collectivités territoriales, afin de rechercher l’acceptation des habitants et d’éviter les conflits.  

GU : Quelle rentabilité visez-vous ?

Dans le modèle économique que nous retenons, les investissements sont réalisés avec un objectif de rentabilité qui s’appuie strictement sur les résultats d’exploitation pour la durée des tarifs d’achat fixés par l’Etat. Cela ne permet pas d’envisager les perspectives de rentabilité très élevées que l’on entend parfois évoquer pour l’éolien ou le solaire. Nous sommes attentifs à cette approche pragmatique d’exploitation d’installations industrielles sur le long terme, qui nous parait essentielle dans le secteur de l’énergie.

(Propos recueillis par PL)

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