Les centrales à charbon américaines forcées de divulguer le coût du risque climatique

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Après le groupe Xcel Energy en août, c’est au tour du groupe d’énergie américain Dynegy de devoir divulguer à ses investisseurs une estimation des coûts liés à ses émissions de CO2 – impact financier d’un futur changement de réglementation, de plaintes en justice, de risques matériels, etc…

Comme pour Xcel, cette contrainte est le fruit d’une attaque du Procureur général de l’Etat de New York, Andrew Cuomo, qui a cité à comparaître, en 2007, cinq des principales compagnies d’énergie du pays, en exigeant de vérifier si les comptes des compagnies incluaient une analyse des risques créés par leurs émissions de CO2. Andrew Cuomo a utilisé le Martin Act de 1991, qui lui permet de passer au crible les comptes des entreprises, une technique qu’avait utilisée l’ancien procureur général puis gouverneur de New York, Eliot Sptizer, pour détecter les fraudes chez les géants de Wall Street.

Dans une déclaration effectuée aux côtés du prix Nobel Al Gore, Andrew Cuomo a expliqué avoir conclu un accord avec Dynegy pour publier ces estimations, en soulignant que les investisseurs ont le droit de connaître tous les risques auxquels font face les centrales à charbon en liaison avec le changement climatique, et souhaité que cette pratique s’étende aux autres groupes du secteur.

Dynegy, basé à Houston, est l’un des plus gros consommateurs de charbon aux Etats-Unis avec une production annuelle de plus de 18 Gigawatts et a investi dans plusieurs centrales à charbon en construction.

Comme pour Xcel, l’accord oblige Dynegy à analyser plusieurs risques financiers, actuels et futurs. D’abord, ceux liés à une évolution de la réglementation et de la fiscalité : un changement sur ce dossier à court terme est prévisible, le président élu, Barack Obama, souhaitant instaurer des permis d’émissions de CO2 mis aux enchères pour les entreprises, ce qui provoquera un coût nouveau pour ces dernières. Dynergy doit également évaluer l’impact de possibles plaintes en justice et d’éventuelles conséquences matérielles. Il doit aussi informer ses investisseurs de l’état actuel de ses émissions de C02, des émissions prévisibles de ses futures centrales et de sa stratégie pour réduire et compenser ses émissions. Enfin, le groupe doit dire si ses performances environnementales sont reflétées dans les rémunérations de ses dirigeants.

Déjà, fin août, dans un accord similaire, le procureur de l’état de New York a obtenu du groupe Xcel, le plus gros consommateur de charbon du pays, des engagements similaires, qui sont bien plus étendus que toutes les obligations volontaires remplies par quelques groupes jusqu’ici.

Xcel Energy est en train de construire une nouvelle centrale à charbon de 750 MW dans le Colorado. Les autres compagnies citées à comparaître par Cuomo sont AES Corporation, Dominion Resources et  Peabody Energy, mais le Procureur veut examiner encore d’autres entreprises.

Ces nouvelles contraintes pourraient accélérer la vague d’abandon de projets de centrales à charbon, constatée aux Etats-Unis depuis la mi-2007.

(Photo : DR)

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