Guy Auger,Andera Partners
Monique Agier, Caisse des Dépôts
Jean-Louis Bal, Syndicat des Énergies Renouvelables
Jens Bicking, Elatos
Philippe Boucly, Président France Hydrogène
Pascale Courcelle, Bpifrance
David Marchal, Ademe
Patricia Laurent, GreenUnivers
Sylvie Perrin, De Gaulle Fleurance-La Plateforme Verte
Le jury a distingué 20 femmes, dont 8 lauréates : Ondine Suavet (MyLight150) dans la catégorie Secteur privé, Lucrèce Rouget (ministère de la Justice) pour le Secteur public, Karine Vernier (EIT InnoEnergy France) dans la Finance, Elodie Bondi (Qualisteo) pour l’Innovation et Priska Sarraméa (Synergie renouvelable) pour les Associations. Le coup de coeur du jury est attribué à un trio : Julie Archambeaud, Béatrice Delpech et Catherine El Alouni, d’Enercoop.
Les principaux critères de sélection ? Les actions et accomplissements de ces femmes au service de la transition énergétique en 2023.
Secteur privé
Ondine Suavet, pionnière à succès dans l’autoconsommation photovoltaïque
Cofondatrice et directrice générale de MyLight150
Le pari fait il y a dix ans par Ondine Suavet et son frère Virgile dans l’autoconsommation solaire se révèle payant. Leur entreprise lyonnaise MyLight150, pionnière avec la marque MyLight Systems dans un marché resté longtemps émergent en France mais aujourd’hui en plein boom, a collecté 100 M€ en novembre dernier auprès d’investisseurs. Elle compte quintupler d’ici 2030 un chiffre d’affaires lui aussi aux environs de 100 M€. « En 2014, nous nous sommes demandés, mon frère et moi, à quel besoin fondamental pouvait répondre la technologie solaire. La réponse a été : produire de l’électricité pour soi, avec le défi de consommer à ce moment-là », se souvient la cheffe d’entreprise. Elle vient alors de terminer un MBA à l’Insead, après son diplôme d’ingénieure chimiste. Auquel s’ajoutent une thèse sur les panneaux solaires à couches minces dirigée par Daniel Lincot, chercheur au CNRS, puis des séjours professionnels au Japon, en Californie et en Allemagne.Jean-Philippe Pié
Les nominées |
Laurence Borie-BancelPDG Compagnie Nationale du Rhône – Du gaz au solaire en passant par l’éolien, Laurence Borie-Bancel connaît toutes les énergies. Son diplôme de l’Institut National de Polytechnique de Toulouse en poche, elle entre chez Engie (à l’époque Gaz de France) où elle effectue toute sa carrière. Elle occupe notamment des fonctions de direction au sein de la Compagnie du Vent et d’Elengy, avant d’être nommée en 2021 présidente du Directoire de CNR. Elle y pousse les feux sur le solaire, l’hydrogène ou encore l’énergie osmotique. |
Roxanne BozzarelliCofondatrice et directrice générale Dev’EnR – Cofondatrice de ce développeur d’EnR de Béziers en 2019, elle récolte en 2023 les fruits de quatre ans de travail : premières mises en service de centrales photovoltaïques, un pipe de projets annoncé à 700 MW, une levée de fonds… A la tête de plus de 40 collaborateurs, cette ancienne de Quadran a aussi lancé une offre d’autoconsommation collective BtoB. Associée de Time for the Planet, elle s’engage pour défendre les valeurs environnementales et humaines. |
Cindy DemichelPDG Celsius Energy – Une fondatrice multi-carte. Cindy Demichel a co-fondé Celsius Energy en 2019 pour rendre la géothermie plus accessible dans les bâtiments après une douzaine d’années chez SLB (ex-Schlumberger). Mais elle ne s’arrête pas là. Elle a aussi suivi un programme pour les fondatrices d’entreprises de Station F, le Female Founders Fellowship, est active au sein du collectif France Géoénergie et membre de l’institut français pour la performance du bâtiment. |
Maria Pardo SalemeDirectrice financière Lhyfe – Technologie et finance : cette double compétence caractérise le parcours de Maria Pardo Saleme, ingénieure de l’Ensta qui a effectué une grande partie de sa carrière chez BNP Paribas. Depuis deux ans chez Lhyfe, la directrice financière y retrouve ses deux domaines de prédilection. Le développeur et producteur d’hydrogène renouvelable se montre innovant et conjugue les financements pour lancer ses nombreux projets. |
Acteurs publics
Lucrèce Rouget, pilote énergétique de la Justice
Cheffe du bureau de la stratégie et de la politique immobilière du ministère de la Justice
Les chiffres sont éloquents : 1600 sites réunissant chacun 10 à 15, voire 20 bâtiments. Soit un total de six millions de mètres carrés de surface plancher. Le ministère de la Justice possède, selon l’indicateur retenu, le 3e ou 4e parc immobilier de l’État : des tribunaux mais aussi, par exemple, des centres pénitenciers. Et ce, sans compter « un nombre de logements importants », détaille Lucrèce Rouget. A la tête d’une équipe de 10 personnes, la cheffe du bureau de la stratégie et de la politique immobilière du ministère pilote les actions de performance énergétique de cet impressionnant patrimoine. Ingénieure diplômée de l’Ecole nationale des travaux publics de l’État (ENTPE), Lucrèce Rouget a suivi un parcours marqué dès le début par l’écologie et la problématique énergétique. Durant ses études, elle a été formée à la performance thermique des enveloppes de bâtiments. Elle a surtout été membre d’une association étudiante militant pour limiter le gaspillage énergétique. Notamment pour que les ordinateurs de l’école soient éteints la nuit.Thomas Blosseville
Les nominées |
Bénédicte Genthon
Directrice adjointe service bioéconomie et énergies renouvelables Ademe – Bénédicte Genthon a un emploi du temps serré. Directrice adjointe du service bioéconomie et énergies renouvelables de l’agence de la transition écologique, cette X-Ponts pilote le Fonds chaleur, en plein développement avec une enveloppe de 520 M€ en 2023 et 800 M€ en 2024. Avant de rejoindre l’Ademe en 2019, elle a occupé différentes fonctions dans le secteur public, notamment à l’Autorité de Sûreté Nucléaire. |
Fanny Lacroix
Vice-présidente Association des Maires Ruraux de France – Avec la récente loi Aper, les maires se retrouvent au coeur du déploiement des énergies renouvelables dans les territoires. Fanny Lacroix, vice-présidente de l’association des maires ruraux de France où elle dirige la commission de la transition écologique, se prépare à relever le défi. Cette trentenaire est maire (MoDem) de Châtel-en-Triève, dans l’Isère, et vice-présidente de la communauté de communes du Trièves. |
Finance
Karine Vernier, force motrice pour l’innovation
Directrice générale de EIT InnoEnergy France
« Fédérer des compétences, des initiatives et de l’ambition dans le domaine de la transition énergétique au niveau européen » : c’est ainsi que Karine Vernier résume son rôle à la tête de la branche tricolore de l’accélérateur EIT InnoEnergy. Directrice générale France depuis trois ans, elle s’emploie à favoriser le passage des innovations à l’usine. D’une part en épaulant des jeunes pousses européennes de la deeptech dans les domaines des batteries, du photovoltaïque et de l’hydrogène. D’autre part, en oeuvrant au lancement de gigafactories comme celle de Holosolis, qui vise à produire des panneaux photovoltaïques, de GravitHy, qui décarbone l’acier, ou de Fertighy, qui ambitionne de fabriquer de l’engrais avec l’hydrogène vert comme composant clé.Le tout en prenant à cœur le soutien à la formation, que ce soit à travers le développement de masters ou de partenariats comme celui que l’institution a noué avec l’Etat français pour lancer des formations professionnelles dans la chaîne industrielle des batteries. Karine Vernier en est convaincue : « On n’apprend pas assez l’énergie aux jeunes ni aux plus anciens. Or l’énergie est le carburant de toute notre société ! », insiste cette docteure en mathématiques appliquées à l’économie (université de Strasbourg) et auteure des « Mathématiques éco-responsables », un ouvrage destiné au collège qui lie exercices mathématiques et écologie.
Si elle sait traduire l’innovation en business, Karine Vernier a aussi une autre corde à son arc : un enthousiasme à toute épreuve. Et de porter un message d’optimisme. « Aujourd’hui, il existe un grand nombre de solutions permettant de disposer d’énergie qui n’émet pas de CO2 », avance celle qui a reçu le titre de Chevalier de la Légion d’honneur.
Natasha Laporte
Les nominées |
Maud Caillaux
PDG Green-Got – Qui n’a pas déjà vu un de ses posts sur LinkedIn ? Cette bourguignonne a fait de la banque son cheval de bataille. Classée dans le Forbes 30 under 30 en 2021, elle a co-créé Green-Got en 2020 après un passage chez Capgemini et au CIC. Sa promesse ? Décarboner l’argent des particuliers. La néo-banque annonce plus de 327 M€ de transactions réalisées et des investissements dans des projets de restauration de l’environnement et d’EnR. |
Elise Erbs
Directrice financière et directrice des systèmes d’information Electra – Avec une levée de fonds record de 304 M€ finalisée en début d’année, Electra s’impose comme l’une des start-up les plus dynamiques sur le marché de la recharge rapide de véhicules électriques. A la tête de la direction financière depuis 2021, Elise Erbs a piloté ce tour de table. Cette titulaire d’un master de l’Edhec a travaillé auparavant chez Weinberg Capital Partners. Depuis plus de dix ans, elle se passionne pour les sujets liés au développement durable, à l’immobilier et à l’énergie. |
Innovation
Élodie Bondi, l’entreprenariat dans les gènes
Directrice générale de Qualisteo
L’innovation pour fil conducteur : tel pourrait être le leitmotiv d’Élodie Bondi. « Ce qui est intéressant, c’est d’anticiper assez vite les besoins du marché pour y répondre à temps », estime cette dirigeante depuis dix ans de l’entreprise Qualisteo, spécialisée dans l’analyse et l’optimisation des consommations électriques. Mais innover constitue aussi « un vrai défi », prévient-elle, car il ne s’agit pas d’arriver sur le marché trop en avance.A 41 ans, cette mère de deux enfants le confesse : son activité professionnelle occupe une grande part de son agenda. Le reste est consacré à sa famille. Pour autant, cette passionnée de montagne le reconnaît aussi : l’entrepreneuriat est pour elle une affaire de filiation. Son père dirigeait une chaudronnerie industrielle, notamment positionnée sur les équipements pour les incinérateurs. Depuis sa plus tendre enfance, Élodie Bondi a grandi baignée par les enjeux auxquels est confronté tout dirigeant de PME.
Thomas Blosseville
Les nominées |
Anaïs Bach
Cofondatrice et PDG Humingbirds – Titulaire d’un diplôme de l’Ecole Centrale de Nantes, elle a travaillé près de 15 ans chez TotalEnergies, notamment en Nouvelle-Calédonie dont elle est originaire. Passionnée par la préservation des écosytèmes, elle cofonde Hummingbirds en 2022 aux côtés de Damien Ricordeau, fondateur de la société de conseil Finergreen. Elle y oeuvre au développement du marché volontaire du carbone dans une démarche qui se veut efficace et respectueuse de l’environnement. |
Sandra Magnin
Cofondatrice et dirigeante Selfee – Juriste de formation, Sandra Magnin est une passionnée de l’énergie. Elle démarre sa carrière à l’Ademe avant de rejoindre la Commission de régulation de l’énergie, puis de se lancer dans l’entrepreneuriat, dans le négoce de l’électricité d’origine renouvelable. En 2017, elle cofonde Selfee, fournisseur, agrégateur et premier opérateur d’équilibre local. La société réalise des opérations d’autoconsommation d’électricité verte et locale pour les bâtiments publics des collectivités. |
Associations
Priska Sarraméa, engagée pour une filière exemplaire
Déléguée générale du fonds de dotation Synergie Renouvelable
“Dans le luxe, j’essayais de faire rêver, là je cherche à inspirer”, commente Priska Sarraméa, déléguée générale de Synergie Renouvelable depuis 2019, à propos des activités du fonds de dotation caritatif de la filière. Auparavant directrice marketing pour des marques du luxe et de parfumerie, dont Gucci, l’ambition de travailler pour l’outil solidaire de la filière l’a séduite. Le but de Synergie Renouvelable est de financer les projets d’amélioration des conditions de vie et de développement économique dans les pays en voie de développement, via les renouvelables.Du luxe à l’énergie ? Habituée au monde des chefs d’entreprises, Priska Sarraméa a su reprendre le flambeau d’Hélène Demaegdt, à l’origine du fonds il y a treize ans, tout en imprimant sa marque. Elle anime aujourd’hui la communauté des 210 entreprises de la filière EnR impliquées dans les projets de Synergie Renouvelable. Elle est à l’initiative de la mise en place de la Charte Synergie permettant de récolter des fonds sur les deals et de la création du “Comité 2.0” qui réunit des chefs d’entreprise au sein de la fondation. En 2023, le fonds a levé 900 000 € contre 500 000 € l’année précédente. Quant au dîner annuel des EnR qu’elle organise, il a rassemblé 400 participants en novembre dernier à Paris, un record ! La dynamique quinqua vise désormais une collecte de 1 M€ par an pour pouvoir financer plus de projets solidaires, à l’étranger mais aussi désormais en France.
Rejoindre les énergies renouvelables, c’était aussi garder le cap de ses convictions. Après avoir contribué à la prise de confiance des femmes à travers la parfumerie, Priska Sarraméa travaille aujourd’hui sur les besoins les plus primaires. Quelque 160 projets ont été soutenus depuis les débuts de la Fondation dans 36 pays. Elle est déterminée à “créer une filière exemplaire” et refuse le plaidoyer. A la recherche du concret et misant sur le collectif, la déléguée générale pilote l’association avec ferveur. “On a ça dans les tripes”, dit-elle, pour évoquer la motivation de son équipe, composée d’une douzaine de personnes dont dix bénévoles. S’il travaille souvent dans l’ombre, le fonds se retrouve de plus en plus dans la lumière. “Nous commençons à recevoir des appels et des propositions de dons spontanés. Les entreprises s’emparent du sujet !”, se réjouit-elle.
Pauline Guibert
Les nominées |
Marion Lettry
Déléguée générale Fedene – Cette diplômée de l’Université de technologie de Compiègne vient d’être nommée déléguée générale de la Fedene en décembre 2023. Les énergies renouvelables et les fédérations professionnelles, elle connaît ! Après 14 ans au Syndicat des énergies renouvelables puis un passage au Crédit Agricole, elle intègre en 2021 le syndicat mixte Sipperec, comme directrice des EnR puis de la transition énergétique. Marion Lettry conjugue expertise technique et maîtrise du lobbying. |
Christelle Werquin
Déléguée générale France Hydrogène – Dans une année 2023 marquée par un certain attentisme, Christelle Werquin n’a pas chômé pour défendre les intérêts de la filière hydrogène auprès des pouvoirs publics français et européens. Pas de quoi décourager cette battante. Spécialiste des affaires publiques, cette diplômée de l’Université Libre de Bruxelles et de SciencePo Lille, a rejoint France Hydrogène en 2016 et a contribué à la montée en puissance de l’association. |
Coup de coeur du jury
Chez Enercoop, un trio met à l’honneur la coopération
Une candidature multiple, une première pour le prix des femmes de la transition énergétique de GreenUnivers et Andera Partners, pour refléter l’esprit qui anime depuis toujours le fournisseur Enercoop. Celui de la co-construction et de la responsabilité partagée, que portent les trois lauréates : la directrice générale Catherine El Alouni, la directrice générale adjointe Béatrice Delpech et la directrice du pôle énergie, Julie Archambeaud.“Nous avons des parcours assez différents mais très complémentaires”, souligne Catherine El Alouni. Elle est arrivée chez Enercoop en 2022 après avoir exercé plusieurs métiers, travaillant dans les fusions et acquisitions ou dans le développement d’une chaîne hôtelière, mais toujours en gardant une activité associative en parallèle. Elle a été notamment directrice du WWF France et déléguée générale des Restos du Coeur.
Béatrice Delpech, juriste de formation, arrive directement du monde associatif. Elle est passée par la direction de l’UFC Que Choisir et a été déléguée générale du Mouvement associatif avant d’arriver chez Enercoop en 2022, pour continuer à travailler sur un sujet “d’utilité sociale”, insiste-t-elle.
Enercoop s’efforce de démontrer, avec succès, qu’une approche coopérative peut exister même dans un marché très concurrentiel. “Nous cherchons à faire du commerce équitable de l’énergie, nous sommes sur un bien essentiel”, résume Catherine El Alouni. En 2023, Enercoop a poursuivi ses efforts pour contribuer au développement des énergies renouvelables, notamment avec la signature de contrats de gré à gré, et a obtenu le statut de responsable d’équilibre. “Nous avons une centaine de projets dans le territoire, à différents stades d’avancement”, détaille Béatrice Delpech. Le trio a du pain sur la planche.
Jacopo Landi