20 femmes championnes de la transition énergétique en 2024

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(c) – Jacopo Landi


Les membres du jury

Guy Auger,Andera Partners
Monique Agier, Caisse des Dépôts
Jean-Louis Bal, Syndicat des Énergies Renouvelables
Jens Bicking, Elatos
Philippe Boucly, Président France Hydrogène
Pascale Courcelle, Bpifrance
David Marchal, Ademe
Patricia Laurent, GreenUnivers
Sylvie Perrin, De Gaulle Fleurance-La Plateforme Verte
Pas moins de 119 dossiers, dont la moitié parvenue via l’appel à candidatures, ont été examinés par le jury pour ce 7e Prix des Femmes de la transition énergétique, organisé par Andera Partners et GreenUnivers. Soit 38% de plus qu’en 2022 ! Un signe de la montée en puissance de la place des femmes dans la transition énergétique.

Le jury a distingué 20 femmes, dont 8 lauréates : Ondine Suavet (MyLight150) dans la catégorie Secteur privé, Lucrèce Rouget (ministère de la Justice) pour le Secteur public, Karine Vernier (EIT InnoEnergy France) dans la Finance, Elodie Bondi (Qualisteo) pour l’Innovation et Priska Sarraméa (Synergie renouvelable) pour les Associations. Le coup de coeur du jury est attribué à un trio : Julie Archambeaud, Béatrice Delpech et Catherine El Alouni, d’Enercoop.

Les principaux critères de sélection ? Les actions et accomplissements de ces femmes au service de la transition énergétique en 2023.

Secteur privé

Ondine Suavet, pionnière à succès dans l’autoconsommation photovoltaïque

Cofondatrice et directrice générale de MyLight150

Le pari fait il y a dix ans par Ondine Suavet et son frère Virgile dans l’autoconsommation solaire se révèle payant. Leur entreprise lyonnaise MyLight150, pionnière avec la marque MyLight Systems dans un marché resté longtemps émergent en France mais aujourd’hui en plein boom, a collecté 100 M€ en novembre dernier auprès d’investisseurs. Elle compte quintupler d’ici 2030 un chiffre d’affaires lui aussi aux environs de 100 M€. « En 2014, nous nous sommes demandés, mon frère et moi, à quel besoin fondamental pouvait répondre la technologie solaire. La réponse a été : produire de l’électricité pour soi, avec le défi de consommer à ce moment-là », se souvient la cheffe d’entreprise. Elle vient alors de terminer un MBA à l’Insead, après son diplôme d’ingénieure chimiste. Auquel s’ajoutent une thèse sur les panneaux solaires à couches minces dirigée par Daniel Lincot, chercheur au CNRS, puis des séjours professionnels au Japon, en Californie et en Allemagne.
Science, écologie, entrepreneuriat
Le frère et la sœur sont par ailleurs familiers de l’entrepreneuriat : leur père a créé en 1990 la société savoyarde Systherm, dans les pompes à chaleur et les travaux thermiques. Et depuis plus longtemps, le tandem profite d’une culture familiale scientifique et écologiste, influencée par un oncle – Claude Bourguignon – ingénieur agronome et militant anti-pesticides, spécialiste avec sa femme de l’étude des sols agricoles dégradés, mais aussi par une mère votant René Dumont en 1974 et instaurant des menus bio pour tout le monde… sans compter deux arrières grand-pères membres de l’Académie de Médecine. Ce cocktail n’est sans doute pas pour rien dans le concept sophistiqué d’autoconsommation de MyLight. Il consiste à produire de l’électricité photovoltaïque, à la stocker en concevant notamment une batterie virtuelle via la communauté des clients et à piloter les appareils domestiques consommateurs grâce à des algorithmes mis au point par les ingénieurs de l’entreprise, le tout en tenant compte des prix de l’électricité sur le réseau.
Métiers encore peu féminins
Cette équation compliquée a mis du temps à convaincre mais profite désormais d’un marché devenu porteur. « Nous commençons à nous amuser, après des années très difficiles », formule Ondine Suavet. Elle doit néanmoins gérer d’autres problèmes, par exemple tenter d’y voir clair dans le chaos des prix de panneaux solaires achetés en gros volumes. Mais aussi, comme d’autres entreprises technologiques, recruter massivement les profils adéquats. Employeur de 260 personnes, MyLight150 prévoit d’en embaucher encore 60 rapidement. En la matière, Ondine Suavet doit se résigner : le personnel de son entreprise n’est féminin qu’à hauteur de 30% et cette proportion ne lui semble pas près de changer : « les femmes de formation scientifique ou technique manquent depuis longtemps et cela ne s’arrange pas, alors que nos métiers sont maintenant en tension. »

Jean-Philippe Pié

Les nominées

Laurence Borie-Bancel

PDG Compagnie Nationale du Rhône Du gaz au solaire en passant par l’éolien, Laurence Borie-Bancel connaît toutes les énergies. Son diplôme de l’Institut National de Polytechnique de Toulouse en poche, elle entre chez Engie (à l’époque Gaz de France) où elle effectue toute sa carrière. Elle occupe notamment des fonctions de direction au sein de la Compagnie du Vent et d’Elengy, avant d’être nommée en 2021 présidente du Directoire de CNR. Elle y pousse les feux sur le solaire, l’hydrogène ou encore l’énergie osmotique.

Roxanne Bozzarelli

Cofondatrice et directrice générale Dev’EnR Cofondatrice de ce développeur d’EnR de Béziers en 2019, elle récolte en 2023 les fruits de quatre ans de travail : premières mises en service de centrales photovoltaïques, un pipe de projets annoncé à 700 MW, une levée de fonds… A la tête de plus de 40 collaborateurs, cette ancienne de Quadran a aussi lancé une offre d’autoconsommation collective BtoB. Associée de Time for the Planet, elle s’engage pour défendre les valeurs environnementales et humaines.

Cindy Demichel

PDG Celsius Energy Une fondatrice multi-carte. Cindy Demichel a co-fondé Celsius Energy en 2019 pour rendre la géothermie plus accessible dans les bâtiments après une douzaine d’années chez SLB (ex-Schlumberger). Mais elle ne s’arrête pas là. Elle a aussi suivi un programme pour les fondatrices d’entreprises de Station F, le Female Founders Fellowship, est active au sein du collectif France Géoénergie et membre de l’institut français pour la performance du bâtiment.

Maria Pardo Saleme

Directrice financière Lhyfe Technologie et finance : cette double compétence caractérise le parcours de Maria Pardo Saleme, ingénieure de l’Ensta qui a effectué une grande partie de sa carrière chez BNP Paribas. Depuis deux ans chez Lhyfe, la directrice financière y retrouve ses deux domaines de prédilection. Le développeur et producteur d’hydrogène renouvelable se montre innovant et conjugue les financements pour lancer ses nombreux projets.

Acteurs publics

Lucrèce Rouget, pilote énergétique de la Justice

Cheffe du bureau de la stratégie et de la politique immobilière du ministère de la Justice

Les chiffres sont éloquents : 1600 sites réunissant chacun 10 à 15, voire 20 bâtiments. Soit un total de six millions de mètres carrés de surface plancher. Le ministère de la Justice possède, selon l’indicateur retenu, le 3e ou 4e parc immobilier de l’État : des tribunaux mais aussi, par exemple, des centres pénitenciers. Et ce, sans compter « un nombre de logements importants », détaille Lucrèce Rouget. A la tête d’une équipe de 10 personnes, la cheffe du bureau de la stratégie et de la politique immobilière du ministère pilote les actions de performance énergétique de cet impressionnant patrimoine. Ingénieure diplômée de l’Ecole nationale des travaux publics de l’État (ENTPE), Lucrèce Rouget a suivi un parcours marqué dès le début par l’écologie et la problématique énergétique. Durant ses études, elle a été formée à la performance thermique des enveloppes de bâtiments. Elle a surtout été membre d’une association étudiante militant pour limiter le gaspillage énergétique. Notamment pour que les ordinateurs de l’école soient éteints la nuit.
L’enjeu du décret tertiaire
« Cette expérience m’a définitivement sensibilisé aux actions de sobriété énergétique », se rappelle-t-elle 27 ans plus tard après un parcours dans l’administration aussi bien nationale (ministère de l’Equipement) que local (cheffe de service voirie à Besançon). En 2006, Lucrèce Rouget a pris un congé parental de trois ans. Cette mère de trois enfants s’est ensuite replongée dans les enjeux réglementaires et les domaines d’intervention public à la Dreal de Franche-Comté. Ce n’est qu’en 2018 qu’elle rejoint le ministère de la Justice. Dans la foulée, en 2019, paraissait le fameux « décret tertiaire ». Celle qui se définie comme une adepte de « l’écologie pratique », également amatrice de marche et de jardinage, a été nommée en 2022 coordinatrice énergie au ministère de la Justice. L’enjeu ? Ni plus ni moins que d’intégrer dans les diverses directions une politique de réduction des consommations d’énergie et des émissions de gaz à effet de serre.
Une année de consolidation
Pour elle, 2023 aura été « une année de consolidation » des démarches entreprises. Avec notamment la désignation de gestionnaires d’énergie dans chaque direction. Son équipe aura aussi largement travaillé à l’amélioration de la qualité des données de mesure. A ce jour, les trois-quarts des bâtiments du ministère sont équipés d’un outil de suivi fourni par la société Deepki. Pour en arriver là, Lucrèce Rouget aura quotidiennement cherché à porter l’enjeu de la performance énergétique. « Parfois le cadre peut ne pas s’y prêter. Mais par petites touches, on peut avancer. Avec persévérance. »

Thomas Blosseville

Les nominées

Bénédicte Genthon

Directrice adjointe service bioéconomie et énergies renouvelables Ademe Bénédicte Genthon a un emploi du temps serré. Directrice adjointe du service bioéconomie et énergies renouvelables de l’agence de la transition écologique, cette X-Ponts pilote le Fonds chaleur, en plein développement avec une enveloppe de 520 M€ en 2023 et 800 M€ en 2024. Avant de rejoindre l’Ademe en 2019, elle a occupé différentes fonctions dans le secteur public, notamment à l’Autorité de Sûreté Nucléaire.

Fanny Lacroix

Vice-présidente Association des Maires Ruraux de France Avec la récente loi Aper, les maires se retrouvent au coeur du déploiement des énergies renouvelables dans les territoires. Fanny Lacroix, vice-présidente de l’association des maires ruraux de France où elle dirige la commission de la transition écologique, se prépare à relever le défi. Cette trentenaire est maire (MoDem) de Châtel-en-Triève, dans l’Isère, et vice-présidente de la communauté de communes du Trièves.

Finance

Karine Vernier, force motrice pour l’innovation

Directrice générale de EIT InnoEnergy France

« Fédérer des compétences, des initiatives et de l’ambition dans le domaine de la transition énergétique au niveau européen » : c’est ainsi que Karine Vernier résume son rôle à la tête de la branche tricolore de l’accélérateur EIT InnoEnergy. Directrice générale France depuis trois ans, elle s’emploie à favoriser le passage des innovations à l’usine. D’une part en épaulant des jeunes pousses européennes de la deeptech dans les domaines des batteries, du photovoltaïque et de l’hydrogène. D’autre part, en oeuvrant au lancement de gigafactories comme celle de Holosolis, qui vise à produire des panneaux photovoltaïques, de GravitHy, qui décarbone l’acier, ou de Fertighy, qui ambitionne de fabriquer de l’engrais avec l’hydrogène vert comme composant clé.
Une levée de fonds
Sous sa houlette, EIT InnoEnergy a franchi de nouvelles étapes, au-delà de l’accompagnement des quelque 200 start-up financées. Avec en particulier une récente levée de 140 M€, pour renforcer les capacités d’investissement. Karine Vernier entend aussi « créer des ponts », dit-elle, avec l’outre-Atlantique, où un bureau de l’EIT InnoEnergy a été ouvert.
Le tout en prenant à cœur le soutien à la formation, que ce soit à travers le développement de masters ou de partenariats comme celui que l’institution a noué avec l’Etat français pour lancer des formations professionnelles dans la chaîne industrielle des batteries. Karine Vernier en est convaincue : « On n’apprend pas assez l’énergie aux jeunes ni aux plus anciens. Or l’énergie est le carburant de toute notre société ! », insiste cette docteure en mathématiques appliquées à l’économie (université de Strasbourg) et auteure des « Mathématiques éco-responsables », un ouvrage destiné au collège qui lie exercices mathématiques et écologie.
Un enthousiasme à toute épreuve
Autant d’expertises que Karine Vernier a peaufinées dans ses fonctions précédentes. Au démarrage, au sein de Gaz de France, où elle a cheminé jusqu’au poste de directrice de cabinet à la présidence de la branche services du groupe. Puis, en tant que présidente de GNVert, où elle pilotait le lancement de la mobilité durable. D’autres fonctions ont suivi, avant la responsabilité du programme « Energie et économie circulaire » au Secrétariat général pour l’investissement auprès du Premier ministre. « En lien avec les grandes orientations de ce qui est devenu France 2030 et les opérateurs de l’Etat, nous avons lancé des appels à projets, soutenu des entreprises innovantes, investi en equity, et défini la première stratégie hydrogène de l’Etat », rappelle Karine Vernier.
Si elle sait traduire l’innovation en business, Karine Vernier a aussi une autre corde à son arc : un enthousiasme à toute épreuve. Et de porter un message d’optimisme. « Aujourd’hui, il existe un grand nombre de solutions permettant de disposer d’énergie qui n’émet pas de CO2 », avance celle qui a reçu le titre de Chevalier de la Légion d’honneur.

Natasha Laporte

Les nominées

Maud Caillaux

PDG Green-Got – Qui n’a pas déjà vu un de ses posts sur LinkedIn ? Cette bourguignonne a fait de la banque son cheval de bataille. Classée dans le Forbes 30 under 30 en 2021, elle a co-créé Green-Got en 2020 après un passage chez Capgemini et au CIC. Sa promesse ? Décarboner l’argent des particuliers. La néo-banque annonce plus de 327 M€ de transactions réalisées et des investissements dans des projets de restauration de l’environnement et d’EnR.

Elise Erbs

Directrice financière et directrice des systèmes d’information Electra Avec une levée de fonds record de 304 M€ finalisée en début d’année, Electra s’impose comme l’une des start-up les plus dynamiques sur le marché de la recharge rapide de véhicules électriques. A la tête de la direction financière depuis 2021, Elise Erbs a piloté ce tour de table. Cette titulaire d’un master de l’Edhec a travaillé auparavant chez Weinberg Capital Partners. Depuis plus de dix ans, elle se passionne pour les sujets liés au développement durable, à l’immobilier et à l’énergie.

Innovation

Élodie Bondi, l’entreprenariat dans les gènes

Directrice générale de Qualisteo

L’innovation pour fil conducteur : tel pourrait être le leitmotiv d’Élodie Bondi. « Ce qui est intéressant, c’est d’anticiper assez vite les besoins du marché pour y répondre à temps », estime cette dirigeante depuis dix ans de l’entreprise Qualisteo, spécialisée dans l’analyse et l’optimisation des consommations électriques. Mais innover constitue aussi « un vrai défi », prévient-elle, car il ne s’agit pas d’arriver sur le marché trop en avance.
A 41 ans, cette mère de deux enfants le confesse : son activité professionnelle occupe une grande part de son agenda. Le reste est consacré à sa famille. Pour autant, cette passionnée de montagne le reconnaît aussi : l’entrepreneuriat est pour elle une affaire de filiation. Son père dirigeait une chaudronnerie industrielle, notamment positionnée sur les équipements pour les incinérateurs. Depuis sa plus tendre enfance, Élodie Bondi a grandi baignée par les enjeux auxquels est confronté tout dirigeant de PME.
Conserver le leadership
Sa société Qualisteo a confirmé en 2023 son essor, avec une levée de fonds de 5 M€ pour financer son développement commercial à l’international, mais aussi son offre technologique. Sur ce point l’objectif est de « conserver un leadership à la fois hardware et software, c’est la base pour Qualisteo ». A l’écouter, on pourrait imaginer Élodie Bondi issue d’une école d’ingénieurs. Mais non : elle est titulaire d’un Master en droit international de l’université d’Aix-Marseille complété d’un Master en management stratégique de l’Edhec Business School. Munie de ce bagage initial juridique et commercial, elle a suivi l’exemple de son père entrepreneur et participé à la création de Sophia Antipolis Energie Développement. Ce spécialiste du solaire l’aura occupée six ans avant le rachat de l’entreprise par l’industriel Viessmann.
Nouveau système de mesure multi-fluides
C’est ensuite que démarre pour elle l’aventure Qualisteo, société qui continuera en 2024 à être marquée par le sceau de l’innovation. Cette entreprise niçoise doit lancer cette année un nouveau système de mesure multi-fluides, capable de suivre sur les sites industriels diverses consommations : eau, gaz, vapeur, électricité, fioul ou encore air comprimé. « De façon encore plus modulaire, rapide, intelligente et compétitive », assure celle qui est aussi devenue en 2023 coprésidente de la « French Tech Côte d’Azur ». Son but dans cette organisation destinée à accompagner l’innovation ? Transmettre son expérience. « Dans mon parcours de créatrice d’entreprises, je suis passée par toutes les étapes, tous les types de financement, toutes les difficultés possibles… » Un parcours déjà récompensé en 2023, sur suggestion du ministère de la Transition énergétique, de la médaille de l’Ordre du Mérite.

Thomas Blosseville

Les nominées

Anaïs Bach

Cofondatrice et PDG Humingbirds – Titulaire d’un diplôme de l’Ecole Centrale de Nantes, elle a travaillé près de 15 ans chez TotalEnergies, notamment en Nouvelle-Calédonie dont elle est originaire. Passionnée par la préservation des écosytèmes, elle cofonde Hummingbirds en 2022 aux côtés de Damien Ricordeau, fondateur de la société de conseil Finergreen. Elle y oeuvre au développement du marché volontaire du carbone dans une démarche qui se veut efficace et respectueuse de l’environnement.

Sandra Magnin

Cofondatrice et dirigeante Selfee – Juriste de formation, Sandra Magnin est une passionnée de l’énergie. Elle démarre sa carrière à l’Ademe avant de rejoindre la Commission de régulation de l’énergie, puis de se lancer dans l’entrepreneuriat, dans le négoce de l’électricité d’origine renouvelable. En 2017, elle cofonde Selfee, fournisseur, agrégateur et premier opérateur d’équilibre local. La société réalise des opérations d’autoconsommation d’électricité verte et locale pour les bâtiments publics des collectivités.

Associations

Priska Sarraméa, engagée pour une filière exemplaire

Déléguée générale du fonds de dotation Synergie Renouvelable

“Dans le luxe, j’essayais de faire rêver, là je cherche à inspirer”, commente Priska Sarraméa, déléguée générale de Synergie Renouvelable depuis 2019, à propos des activités du fonds de dotation caritatif de la filière. Auparavant directrice marketing pour des marques du luxe et de parfumerie, dont Gucci, l’ambition de travailler pour l’outil solidaire de la filière l’a séduite. Le but de Synergie Renouvelable est de financer les projets d’amélioration des conditions de vie et de développement économique dans les pays en voie de développement, via les renouvelables.

Du luxe à l’énergie ? Habituée au monde des chefs d’entreprises, Priska Sarraméa a su reprendre le flambeau d’Hélène Demaegdt, à l’origine du fonds il y a treize ans, tout en imprimant sa marque. Elle anime aujourd’hui la communauté des 210 entreprises de la filière EnR impliquées dans les projets de Synergie Renouvelable. Elle est à l’initiative de la mise en place de la Charte Synergie permettant de récolter des fonds sur les deals et de la création du “Comité 2.0” qui réunit des chefs d’entreprise au sein de la fondation. En 2023, le fonds a levé 900 000 € contre 500 000 € l’année précédente. Quant au dîner annuel des EnR qu’elle organise, il a rassemblé 400 participants en novembre dernier à Paris, un record ! La dynamique quinqua vise désormais une collecte de 1 M€ par an pour pouvoir financer plus de projets solidaires, à l’étranger mais aussi désormais en France.
Femme de conviction
Pour atteindre ces objectifs, cette femme engagée puise dans ses différentes expériences, tout en reconnaissant se montrer moins impulsive et plus diplomate qu’à ses débuts. “J’ai toujours été militante mais pas au sens associatif. Je refusais les tests sur les animaux dans la cosmétique par exemple”. Après un tour du monde en 2006, elle a quitté Paris pour poser ses valises à Marseille. Tout s’enchaîne alors : elle crée sa propre marque de parfum bio, avant de devenir consultante en marketing puis d’ouvrir une agence de communication dont le but est d’accompagner des marques avec des “valeurs”. Vient alors la bascule : “Après avoir beaucoup aidé les dirigeants à fabriquer de l’argent, j’ai voulu les pousser à s’engager”, sourit la marseillaise d’adoption.

Rejoindre les énergies renouvelables, c’était aussi garder le cap de ses convictions. Après avoir contribué à la prise de confiance des femmes à travers la parfumerie, Priska Sarraméa travaille aujourd’hui sur les besoins les plus primaires. Quelque 160 projets ont été soutenus depuis les débuts de la Fondation dans 36 pays. Elle est déterminée à “créer une filière exemplaire” et refuse le plaidoyer. A la recherche du concret et misant sur le collectif, la déléguée générale pilote l’association avec ferveur. “On a ça dans les tripes”, dit-elle, pour évoquer la motivation de son équipe, composée d’une douzaine de personnes dont dix bénévoles. S’il travaille souvent dans l’ombre, le fonds se retrouve de plus en plus dans la lumière. “Nous commençons à recevoir des appels et des propositions de dons spontanés. Les entreprises s’emparent du sujet !”, se réjouit-elle.

Pauline Guibert

Les nominées

Marion Lettry

Déléguée générale Fedene – Cette diplômée de l’Université de technologie de Compiègne vient d’être nommée déléguée générale de la Fedene en décembre 2023. Les énergies renouvelables et les fédérations professionnelles, elle connaît ! Après 14 ans au Syndicat des énergies renouvelables puis un passage au Crédit Agricole, elle intègre en 2021 le syndicat mixte Sipperec, comme directrice des EnR puis de la transition énergétique. Marion Lettry conjugue expertise technique et maîtrise du lobbying.

Christelle Werquin

Déléguée générale France Hydrogène Dans une année 2023 marquée par un certain attentisme, Christelle Werquin n’a pas chômé pour défendre les intérêts de la filière hydrogène auprès des pouvoirs publics français et européens. Pas de quoi décourager cette battante. Spécialiste des affaires publiques, cette diplômée de l’Université Libre de Bruxelles et de SciencePo Lille, a rejoint France Hydrogène en 2016 et a contribué à la montée en puissance de l’association.

Coup de coeur du jury

Chez Enercoop, un trio met à l’honneur la coopération

Une candidature multiple, une première pour le prix des femmes de la transition énergétique de GreenUnivers et Andera Partners, pour refléter l’esprit qui anime depuis toujours le fournisseur Enercoop. Celui de la co-construction et de la responsabilité partagée, que portent les trois lauréates : la directrice générale Catherine El Alouni, la directrice générale adjointe Béatrice Delpech et la directrice du pôle énergie, Julie Archambeaud.

“Nous avons des parcours assez différents mais très complémentaires”, souligne Catherine El Alouni. Elle est arrivée chez Enercoop en 2022 après avoir exercé plusieurs métiers, travaillant dans les fusions et acquisitions ou dans le développement d’une chaîne hôtelière, mais toujours en gardant une activité associative en parallèle. Elle a été notamment directrice du WWF France et déléguée générale des Restos du Coeur.

Béatrice Delpech, juriste de formation, arrive directement du monde associatif. Elle est passée par la direction de l’UFC Que Choisir et a été déléguée générale du Mouvement associatif avant d’arriver chez Enercoop en 2022, pour continuer à travailler sur un sujet “d’utilité sociale”, insiste-t-elle.
Une année compliquée
Cette année a été particulièrement compliquée pour le fournisseur, historiquement sceptique sur le nucléaire, mais qui a dû recourir au mécanisme Arenh. Une décision prise toujours collégialement. “Affronter la crise, c’est quelque chose de collectif et expliquer comment on l’affronte se fait en équipe aussi”, explique Julie Archambeaud, la seule des trois avec une longue expérience dans l’énergie, notamment chez EDF. “Le temps de la co-construction peut sembler plus long qu’ailleurs, mais ça nous fait gagner en termes de légitimation de la décision quand elle est prise et aussi dans sa mise en oeuvre”, explique Catherine El Alouni.

Enercoop s’efforce de démontrer, avec succès, qu’une approche coopérative peut exister même dans un marché très concurrentiel. “Nous cherchons à faire du commerce équitable de l’énergie, nous sommes sur un bien essentiel”, résume Catherine El Alouni. En 2023, Enercoop a poursuivi ses efforts pour contribuer au développement des énergies renouvelables, notamment avec la signature de contrats de gré à gré, et a obtenu le statut de responsable d’équilibre. “Nous avons une centaine de projets dans le territoire, à différents stades d’avancement”, détaille Béatrice Delpech. Le trio a du pain sur la planche.

Jacopo Landi
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