La force tranquille de Neoen

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neoenDans le paysage des nouveaux acteurs des énergies renouvelables, Neoen détonne. La jeune filiale spécialisée dans les énergies renouvelables de Direct Energie, officiellement créée en 2008, vient de lever 20 millions d’euros auprès du groupe Louis Dreyfus et du fonds Crédit Agricole Private Equity, Direct Energie restant « significativement » majoritaire. Et elle compte bien devenir le challenger des deux géants que sont EDF Energies Nouvelles et GDF Suez avec un objectif de production de 2 TWh en 2014 en France, de quoi alimenter en électricité près de 1 million de Français (300 000 foyers).

Mais si l’ambition est forte, la prudence reste de mise pour son directeur général Xavier Barbaro. « Tous nos projets n’aboutiront pas. La réglementation est complexe et c’est très bien, car il ne faut pas faire n’importe quoi. Regardez la situation en Espagne dans le solaire : le pays est allé trop vite et trop loin, et il y a aujourd’hui un retour de bâton, indique cet X-Ponts venu du groupe Louis Dreyfus. Nous voulons faire un travail propre, de fond et nous inscrire dans la durée. Nous ne sommes pas là pour revendre des projets dans quelques mois». Face à ses concurrents, l’entreprise veut jouer sur une taille moyenne pour séduire des clients : elle se présente comme plus solide que les petits acteurs du marché et plus souple que les grands.

Globalement, Neoen vise un parc de 800 MW en 2014 et compte investir près de 25 millions d’euros d’ici à la fin du premier trimestre 2010. L’entreprise va aussi accroître son effectif, de 25 salariés actuellement à 35 d’ici à la fin de l’année. Elle réalise aujourd’hui 3 millions de chiffre d’affaires et espère être à l’équilibre dès 2010. « Cela dépendra de notre stratégie : nous voulons rester majoritaire dans nos centrales, mais nous pouvons en céder des parts », observe le directeur général. Pour l’instant, Neoen ne prévoit pas de développement international, préférant creuser son sillon en France où, grâce à sa maison mère notamment, elle dispose d’appuis solides.

Neoen possède pour l’instant un tout petit portefeuille constitué de deux parcs éoliens de 16 MW en exploitation dans l’Aveyron et s’apprête à mettre en service en septembre une toiture photovoltaïque de 1 000 m2 pour une puissance de près de 200 KW sur une usine chimique en Normandie.

Dans l’éolien, la société vise un portefeuille de 150 MW en interne d’ici à 2012-2013, et autant par croissance externe. « Nous regardons différents projets qui ont des difficultés de financement et peuvent représenter de belles opportunités », précise Xavier Barbaro. La mise en place des schémas régionaux pour les énergies renouvelables et les inquiétudes sur l’avenir de la taxe professionnelle ralentissent actuellement les décisions. Mais la société regarde aussi du côté offshore : « il y a une forte barrière à l’entrée, tant technique que financière, mais nous travaillons sur des projets de parcs de petite taille, d’une vingtaine d’éoliennes pour une puissance installée d’environ 100 MW, qui seront plus faciles à faire accepter aux collectivités et aux  pêcheurs ». Neoen a identifié sept projets et espère pouvoir en monter un à l’horizon 2013. Elle regarde aussi du côté des énergies marines, que le Grenelle de la mer veut promouvoir.

Dans le solaire, Neoen annonce un portefeuille de 200 MW, « dont près de la moitié n’iront pas à terme », précise Xavier Barbaro qui table sur 150 MW d’ici à 2012. 60% devraient venir de centrales au sol, le reste de toitures photovoltaïques. La société mettra en service deux toitures PV dans les prochains mois, l’une vers Montpellier et l’autre vers Nîmes, toutes deux d’une puissance d’environ 200 KW.

Neoen veut enfin être présente dans la biomasse et la méthanisation. Elle va déposer une première demande d’autorisation pour une centrale de 500 KW dans le Morbihan. L’objectif est de posséder environ 20 MW dans ce secteur en 2013.

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