La crise et le marché du carbone ont du bon

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Effet de la crise ou du marché du carbone, ou des deux combinés, les émissions de CO2 des industries lourdes et centrales d’énergie européennes ont diminué de 6% l’an dernier.

Les quelque 10.500 sites européens soumis au système des quotas de CO2 sont passés de 2,25 milliards de tonnes en 2007 à 2,11 milliards de tonnes en 2008, selon une étude du cabinet Point Carbon.

C’est la première fois que les émissions reculent depuis 2005, date de l’établissement du système des quotas de CO2 sur ces sites industriels.

Les émissions des usines de ciment, de verre et de pâte à papier ont notamment reculé de 9%.

Naturellement, cette diminution s’explique en partie par des usines qui tournent moins, à cause de la crise. En Espagne, l’un des pays les plus touchés par la récession, les émissions ont baissé de 12,9% à 142 millions de tonnes. Celles de la Grande-Bretagne ont diminué de 6,8%, à 254 millions de tonnes, et celles de l’Allemagne de 3,2% à 457 millions de tonnes.

A noter que les industries et centrales allemandes sont les plus polluantes d’Europe, avec 22% des émissions, suivies des britanniques avec 13%.

Le système européen du carbone alloue à chaque site industriel des quotas d’émissions de CO2 maximum annuels. S’il  dépasse ce plafond, le site doit compenser en rachetant des certificats (des permis de polluer) sur le marché du carbone.

Ces certificats sont vendus par des sites qui, eux, ont émis moins que leur quota alloué.

Ils peuvent aussi être vendus par les développeurs de projets qui réduisent les émissions de CO2, réalisés dans les pays en développement, comme par exemple l’installation d’éoliennes en Chine.

Le but est de promouvoir ce type de projets et aussi d’inciter les entreprises à émettre moins.

Mais le prix du carbone sur le marché naissant où s’échangent ces certificats a chuté à son plus niveau depuis 18 mois, car beaucoup des plus gros émetteurs ont massivement ralenti leur activité à cause de la crise. Ils sont pour l’instant bien en-dessous de leur plafond, sans plus aucun besoin de racheter des certificats carbone.

Pour l’instant, le prix du carbone s’établit à environ 12,15 euros par tonne. Mais il augmenté de 2% depuis ces annonces.

Les analystes n’attendent pas de vraie remontée des prix avant 2010. C’est une chance pour des groupes comme la compagnie d’énergie allemande RWE ou le géant de l’acier ArcelorMittal, aux sites très polluants.

Selon la Commission européenne, une bonne partie de la baisse résulte de l’effet vertueux du marché du carbone, qui a poussé les entreprises à adopter des technologies plus propres.

Notamment, selon des analystes, les groupes d’énergie britanniques, qui ont utilisé davantage de gaz et moins de charbon.

L’Union européenne a un objectif de réduction de 20% de ses émissions de gaz à effet de serre en 2020. Les Etats-Unis n’ont pas adopté d’objectif fédéral, mais un projet de loi déposé cette semaine par les parlementaires Henry A. Waxman de Californie et Edward J. Markey du Massachusetts propose un système de réduction, qui, selon le Commissaire européen à l’Environnement, Stavros Dimas, n’aboutirait cependant qu’à une diminution des émissions américains de 5 à 6%. Bien trop peu pour freiner le réchauffement climatique à seulement 2 degrés.

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