GDF Suez à l’offensive dans les énergies renouvelables

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Déjà leader dans l’éolien terrestre en France, GDF Suez avance aussi dans l’offshore avec le projet des Deux Côtes de sa filiale La Compagnie du Vent et passe à l’offensive dans le solaire : le groupe va construire l’une des plus puissantes centrales de France à Curbans, dans les Alpes de Haute-Provence, avec des panneaux fabriqués par le chinois Yingli. Henri Ducré, membre du comité exécutif en charge de la branche Energie France de GDF Suez, nous dévoile sa stratégie dans les énergies renouvelables et revient sur la réglementation et les  tarifs d’achat.

GreenUnivers : Que représentent aujourd’hui les énergies renouvelables dans votre production d’énergie en France ?

Nous avons un parc de production global de plus de 7 100 MW installés en France, à fin 2009. Les énergies renouvelables représentent plus de 60% : la plus grosse part revient à l’énergie hydraulique avec 3 720 MW devant l’éolien avec 602 MW, un domaine dans lequel nous sommes leader dans l’Hexagone. Le solaire est pour l’instant marginal. Nous avons investi dans des toitures photovoltaïques, par exemple sur une usine de la Compagnie nationale du Rhône, l’une de nos filiales, à Bollène, dans le Vaucluse, pour une puissance installée de 110 KWc ou encore sur un centre Leclerc à Albi, dans la Tarn. Et nous venons de lancer la construction de notre première centrale au sol, de 33 MW de puissance installée à Curbans, dans les Alpes de Haute-Provence, pour un investissement de 120 millions d’euros. Ce sera l’une des plus importantes centrales du pays. Nous avons aussi répondu à l’appel d’offres du gouvernement pour installer une centrale au sol par région avec plus de quinze projets déposés. En revanche, nous sommes moins présents dans la biomasse et le biogaz même si nous regardons les évolutions de ces marchés.

GU : Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années ?

Nous avons prévu d’investir 1 milliard d’euros dans la production d’énergie en France cette année, dont 50 à 60% dans les renouvelables, avec en priorité l’hydraulique. Nous visons une production globale d’énergie de 10 000 MW en 2013 en France. Dans l’éolien, l’objectif est de passer à 2 000 MW de puissance installée à l’horizon 2012-2013. Le solaire restera plus modeste, de l’ordre de 1% de notre production à cette échéance : nous avons aujourd’hui un portefeuille de 200 MW de projets. Notre objectif est de développer des centrales au sol, des toitures photovoltaïques pour nos clients et pour nos propres installations. Mais nous ne sommes pas dans une course à tout prix pour atteindre des objectifs : il faut identifier les meilleurs sites avec une bonne rentabilité des projets et qui soient bien acceptés par les collectivités, les riverains… Cela nécessite de prendre son temps.

GU : La baisse des tarifs du solaire va-t-elle freiner vos projets ?

Il est logique que la forte baisse du coût des panneaux soit répercutée dans les tarifs d’achat. Mais cette baisse n’est pas forcément une bonne nouvelle, surtout parce que nous avons besoin de visibilité : il faut une stabilité des règles pour calculer notre retour sur investissement. La rétroactivité prévue dans l’arrêté sur les tarifs ne donne pas confiance aux investisseurs. La France s’est fixé un objectif ambitieux de 23% d’énergies renouvelables en 2020 : je ne suis pas totalement certains que toutes les décisions prises favorisent cette ambition.

GU : les fabricants de panneaux chinois sont très offensifs sur tous les marchés, et notamment en France. Est-ce que vous travaillez avec eux ?

Pour Curbans, nous avons fait un appel d’offres et nous avons effectivement retenu Yingli. Je regrette qu’il n’y ait pas à l’heure actuelle de fabricants français compétitifs ou qui puissent fournir des volumes suffisants. Si on voulait faire le projet, nous n’avions pas le choix : il fallait serrer les coûts et donc opter pour un fournisseur chinois, dont les prix sont beaucoup plus bas avec un très bon niveau de qualité, ce qui est aussi un critère important pour nous.

GU : Beaucoup de projets apparaissent dans l’éolien offshore même si aucun n’a encore vu le jour. Que comptez-vous développer dans ce domaine ?

Nous sommes positionnés via notre filiale La Compagnie du Vent qui a développé le projet des Deux Côtes de 705 MW à 14 kms des côtes au large du Tréport. Mais c’est un chemin très long et difficile ! L’éolien offshore représente de gros risques sur le plan industriel : les coûts d’études sont très élevés, la rentabilité ne sera pas évidente à trouver. Il faudra des tiers investisseurs mais je ne suis pas certain qu’ils soient nombreux à s’y intéresser compte-tenu de l’importance des risques par rapport aux espoirs de rentabilité. La France a encore besoin de créer des conditions favorables, en termes de réglementation et de tarif, pour exploiter son potentiel maritime et développer des projets comme la Grande-Bretagne ou l’Allemagne qui avancent beaucoup plus rapidement que nous.

GU : Vous vous êtres développés dans l’éolien par croissance externe : quelle est aujourd’hui  votre stratégie ?

Nous avons acheté des sociétés qui avaient des portefeuilles de projets dans lesquels nous investissons. Nous possédons Maïa Eolis, La Compagnie du Vent, Eole Génération, Erelia et la CNR. Aujourd’hui, nous ne sommes pas, a priori, acheteurs aujourd’hui, sauf bien sûr, s’il y avait une opportunité à ne pas laisser passer.

Propos recueillis par P.L.

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