RepowerEU : le retour de la souveraineté énergétique en Europe ? [Dossier]

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La Présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, lors de la présentation du plan – (c) EC Audiovisual Service

GreenUnivers clôt sa série de sept dossiers sur les thèmes essentiels de la rentrée. Aujourd’hui, RepowerEU (7/7).

Se passer en un temps record des importations d’hydrocarbures russes tout en confortant la transition énergétique de l’Union européenne vers les énergies décarbonées, telle est l’ambition du plan RepowerEU, présenté par la Commission européenne en mai dernier. Pour y parvenir, l’Union européenne mise d’une part sur la diversification de ses approvisionnements gaziers, dont la Russie représentait 40% avant le début de la guerre en Ukraine, et sur l’accélération des dynamiques en matière d’énergies renouvelables (EnR) et d’efficacité énergétique d’autre part.

L’objectif EnR dans le mix énergétique a ainsi été relevé de 40% à 45% d’ici 2030, avec une large place accordée à l’énergie solaire. Bruxelles souhaite voir 600 GWc de capacité installée d’ici 2030 notamment au travers d’une obligation légale progressive d’installer des panneaux solaires sur les nouveaux bâtiments publics et commerciaux et sur les nouveaux bâtiments résidentiels. Pour éviter de substituer une dépendance à une autre, la Commission européenne précise que ce déploiement massif devra s’accompagner d’une reconquête de l’industrie photovoltaïque, aujourd’hui quasi intégralement contrôlée par la Chine.

Le plan prévoit un doublement du rythme de déploiement des pompes à chaleur et des mesures visant à intégrer l’énergie géothermique et solaire thermique dans des systèmes de chauffage urbains et collectifs modernisés. De manière générale, les énergies renouvelables bénéficient désormais d’un statut d’intérêt public supérieur, conduisant à réduire ou limiter les procédures administratives et les contraintes environnementales qui freinaient jusqu’à présent leur développement. Les délais ne devront désormais plus excéder 12 mois. 

Face à l’envolée des prix de l’énergie et des risques de pénurie, RepowerEU comporte un volet “efficacité énergétique”. La Commission propose de renforcer les mesures à long terme en relevant de 9% à 13% l’objectif contraignant en la matière initialement inscrit dans le paquet Fit for 55.  

Pour les usages du gaz difficilement substituables, RepowerEU préconise un développement accru de la production de biogaz. Pour le biométhane, Bruxelles vise une production de 35 Mds m3 dans l’UE d’ici 2030. L’hydrogène aura également un rôle à jouer : 10 Mt devront être produites dans l’Union et 10 autres importées au même horizon temporel.

Estimé lors de sa présentation à 210 Mds€, réévalué hier à 300 Mds€ par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, ce plan représente un effort financier considérable. Son financement pose question, car seuls 20 Mds€ doivent provenir de la vente de quotas supplémentaires de CO2. Le solde doit théoriquement être supporté par les Etats-membres, à un moment où l’envolée des prix de l’énergie menace leur économie.

   

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