La flexibilité, instrument de souveraineté et nouveau marché [Dossier]

Print Friendly, PDF & Email
(c) Unsplash

GreenUnivers publie une série de sept dossiers sur les thèmes essentiels de la rentrée. Aujourd’hui, la flexibilité (4/7).

C’est un hiver tendu qui s’annonce pour l’approvisionnement électrique de la France. Des inquiétudes émergeaient déjà en 2020 et 2021, mais cette année la situation est vraiment exceptionnelle, comme dans toute l’Europe. La tempête qui s’annonce pousse à la mobilisation de tous les outils de flexibilité disponibles pour espérer maintenir l’équilibre du réseau et éviter les ruptures d’approvisionnement. Et compte-tenu du contexte géopolitique, chaque MW sécurisé renforce la souveraineté énergétique du pays.

Les marges de manœuvre dont dispose la France semblent dangereusement réduites, du fait de l’indisponibilité d’une bonne partie du parc nucléaire et des menaces qui pèsent sur l’approvisionnement en gaz. Même l’hydroélectricité n’apparaît plus aussi solide qu’espéré. Les grands énergéticiens tentent de rassurer, mais le gouvernement s’est donné des moyens forts pour réagir avec la loi sur le pouvoir d’achat. Des outils de production pourront être réquisitionnés et toutes les capacités d’effacement et de flexibilité doivent obligatoirement être mises à disposition.

Jugé peu intéressant par le passé, le marché de la flexibilité évolue. La PPE* actuelle fixe l’objectif de 4,5 GW de capacité d’effacement pour 2023. Il semble difficile à atteindre mais de plus en plus d’acteurs se manifestent dans le secteur. Et pour cause, sa rémunération a considérablement augmenté par rapport à 2020. Autre aspect à intégrer, l’évolution technologique qui ouvre la porte à de nouveaux entrants, notamment des sociétés du secteur des batteries. Leur poids dans le système reste marginal mais croît rapidement.

Le gouvernement mobilise aussi autour du thème de la sobriété énergétique, autre levier à activer. Même Emmanuel Macron s’en est saisi lors de son interview du 14 juillet, et une campagne de communication nationale doit démarrer en septembre. En attendant les recommandations qui sortiront des groupes de travail lancés par le ministère de la Transition énergétique au début de l’été, certains secteurs se sont déjà mobilisés, comme la grande distribution. Avec un mot d’ordre : optimiser la gestion de l’énergie dans les bâtiments industriels et tertiaires. Un sujet clé qui dynamise aussi le marché comme l’illustrent plusieurs levées de fonds. 

Le réseau électrique a déjà vécu des heures sombres par le passé, surtout à la pointe quand les températures ont chuté. Cela s’est traduit par des turbulences inouïes sur le marché. Aujourd’hui, la France n’est plus un pays exportateur d’électricité et, en cas de grand froid, il n’est pas certain que ses difficultés puissent être soulagées par des importations.

Les EnR jouent un double rôle dans cette équation. D’un côté, elles contribuent à l’approvisionnement du pays, de l’autre, elles pourraient cacher des gisements de flexibilité pas encore exploités. Les gestionnaires de réseaux multiplient les expérimentations.

*Programmation Pluriannuelle de l’Energie

Article précédentEconomies d’énergie tous azimuts en Allemagne et Espagne
Article suivantVite vu