20 femmes championnes de la transition énergétique en 2021

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La remise des prix aux lauréates

Pour sa 4e édition, le Prix des femmes des énergies renouvelables devient en 2021 le Prix des femmes de la transition énergétique pour suivre l’évolution des marchés. Organisé par Andera Partners et GreenUnivers, il met en avant 20 championnes des EnR mais aussi de l’hydrogène, de la rénovation énergétique ou encore de la mobilité durable, sélectionnées par le jury parmi 75 candidatures sur la base de leurs actions et accomplissements au cours de l’année écoulée. Leurs parcours attestent des carrières aux multiples facettes dans l’univers – encore très masculin – de la transition énergétique. Elles se répartissent en cinq catégories, avec pour chacune d’entre elles, une lauréate et des nominées : secteur privé, innovation, finance, associations et secteur public. Sans oublier un « coup de cœur » du jury !

Le jury : Guy Auger, Associé d’Andera Infra; Jean-Louis Bal, Président du Syndicat des énergies renouvelables; Jens Bicking, Président d’Elatos; Pascale Courcelle, Directrice du Financement immobilier énergie environnement de Bpifrance; Hélène Demaegdt, Présidente de Synergie Solaire; Patricia Laurent, Directrice de la rédaction de GreenUnivers; David Marchal, Directeur exécutif adjoint de l’expertise et des programmes de l’Ademe; Sylvie Perrin, Avocate associée du cabinet De Gaulle Fleurance & Associés et Présidente de La Plateforme Verte; Nicolas Wolff, Président de France Energie Eolienne & Vice-Président et Directeur général Europe de Boralex.

Secteur privé

Valérie Bouillon-Delporte, Madame mobilité hydrogène

Elle a rejoint le secteur automobile il y a 24 ans et ne l’a plus quitté. Aujourd’hui, Valérie Bouillon-Delporte compte relever le défi posé aux transports par la transition écologique car « la mobilité, les gens en ont besoin. Ils ne se déplacent pas juste par plaisir », défend-elle. Sa solution tient en une formule : H2, formule chimique de l’hydrogène. Autour de cet élément, il reste à développer une nouvelle filière de mobilité. C’est l’objectif que Valérie Bouillon Delporte, 55 ans, s’est fixé.

Directrice de l’écosystème hydrogène de Michelin, elle est par ailleurs 1ère vice-présidente de l’association France Hydrogène et membre du conseil d’administration de l’Avere-France. Elle préside aussi l’association Hydrogen Europe. Cette diplômée d’écoles de commerce – Kedge Business School et Essec – a débuté sa carrière dans la grande consommation et le luxe, avant de bifurquer vers l’automobile en 1997 à des postes alliant stratégie et marketing. « J’ai toujours travaillé sur des technologies dont l’objectif était d’améliorer la sécurité des véhicules ou leur impact sur l’environnement. »

Tenneco, Delphi, Inergy… Son parcours lui offrait déjà une bonne connaissance des équipementiers quand elle a rejoint Michelin en 2010. D’abord pour travailler sur le moteur-roue électrique, puis sur l’hydrogène à partir de 2013. A l’époque, Michelin envisageait d’entrer au capital du spécialiste des piles à combustible Symbio. Le dossier lui a été confié. L’investissement a eu lieu et « je suis devenue chez Michelin la sparring partner des dirigeants de Symbio », se souvient-elle. « Mon rôle était de trouver les leviers pour aider Symbio à se développer. » Elle a notamment œuvré au lancement du projet Zero emission valley (ZEV) de réseau de stations hydrogène en Auvergne-Rhône-Alpes.

La directrice de l’écosystème hydrogène de Michelin est devenue l’ambassadrice, en France et en Europe, de l’H2

Aujourd’hui, la mobilité hydrogène est très soutenue par l’Etat. Valérie Bouillon-Delporte a même reçu début 2021 la légion d’honneur sur la quote-part du ministère de l’Economie, « une superbe reconnaissance du rôle que peut jouer l’hydrogène dans l’activité économique ». Plus que jamais, elle veut animer la filière pour la faire changer d’échelle. Tout en soutenant le rôle des femmes dans cet essor. Depuis 2008, elle est en effet membre de l’association Wave qui incite les femmes à faire carrière dans l’automobile.

Thomas Blosseville

Alexandra Sombsthay

Dir. relations extérieures Europe-International
Akuo Energy

Bien que française, cette diplômée en sciences politiques et droit international débute au ministère belge de l’Energie avant de rejoindre en 2006 la Commission européenne à Pékin où elle initie l’Euro-China Clean Energy Center. Retour ensuite à Bruxelles au sein de la DG Energie. Elle enchaîne avec la Fondation Solar Impulse et accompagne Akuo Energy, qu’elle finit par intégrer. Alexandra Sombsthay se passionne pour l’H2 vert, poussant le projet de logistique urbaine Last Mile d’Akuo tout en bataillant à Bruxelles pour promouvoir cette technologie. Elle est aussi cofondatrice de la fondation Be Planet.

Cécile Magherini

Directrice nouvelles énergies
CNR

Avec deux casquettes, directrice des nouvelles énergies chez CNR et présidente exécutive de Vensolair (ex-Vol V-ER), Cécile Magherini a sous sa gestion plusieurs centaines de MW d’électricité provenant d’énergies renouvelables. Férue de running, de voyages en famille et de cinéma, cette quadra a effectué la majeure partie de sa carrière chez CNR où elle est entrée dès 2002, après trois ans chez EDF. Elle grimpe les échelons pendant 14 ans jusqu’à parvenir à son poste actuel, et prend la tête de Vensolair en 2019, après son rachat par CNR.

Ella Étienne-Denoy

Directrice générale GreenSoluce

Le parcours d’Ella Étienne-Denoy est hybride, à l’image de GreenSoluce, un cabinet de conseil mêlant les solutions numériques à la transition énergétique et environnementale. Elle connaît trois langues, et bénéficie d’une double-culture française et australienne. En avril 2020, elle est élue administratrice de la Smart Buildings Alliance pour les Smart Cities. Elle est aussi vice-présidente du pôle « Smart City » de l’association de plus de 600 membres. Convaincue que transition énergétique et transition numérique vont de pair, elle est aussi administratrice du fonds de dotation à impact positif MAJ.

Innovation

Florence Lambert, la scientifique devient industrielle

La scientifique passe de l’autre côté du miroir. Patronne pendant huit ans et deux mandats du CEA Liten*, ce laboratoire de mille chercheurs sur la transition énergétique, Florence Lambert pilote depuis le début du mois une start-up. Chargée d’inventer des électrolyseurs à haut rendement, Genvia porte les espoirs de Schlumberger et du CEA, ses deux co-actionnaires. Ses bientôt trente collaborateurs veulent proposer dès l’année prochaine un outil performant pour la production d’hydrogène décarbonée à bas coût.

Ayant passé sa vie dans les laboratoires de recherche, la docteure en électrochimie de l’université de Grenoble pourrait se sentir loin de ses bases. D’ailleurs, c’est un peu ce qu’elle souhaite. Le travail avec les ingénieurs de l’oil & gas, qui découvrent l’univers des renouvelables, n’est pas pour lui déplaire : « mes nouveaux collègues débordent de motivation », se réjouit-elle.

Mais son dépaysement n’est pas si fort. Florence Lambert cultive un esprit pratique et le goût des carrefours. « Au CEA Liten, j’ai toujours encouragé la rencontre entre la recherche et l’industrie, dans le solaire, les batteries, l’hydrogène ». Concrètement, cela se traduit par des lignes de fabrication pilotes inspirées des pratiques de la microélectronique. « A l’Ines**, l’un des départements du CEA Liten, quand nous annonçons un nouveau rendement, des milliers de cellules sont déjà sorties pour le prouver », illustre-t-elle.

À la tête du CEA Liten, elle s’est mobilisée pour la reconquête industrielle dans le solaire

Ce réalisme a un revers : le regret de constater que malgré tout, aucune grande usine photovoltaïque ou de batteries n’est sortie des travaux des chercheurs français. Pas encore veut croire cette fonceuse, à la manœuvre en 2020 pour pousser l’usine mosellane de l’industriel photovoltaïque REC et valoriser les découvertes du CEA dans l’hétérojonction. « J’espère que la traversée du désert des années 2010 est finie. L’automatisation et les nouvelles technologies obligent le monde entier, Asie comprise, à refaire ses usines. Le haut rendement solaire redonne sa chance à l’Europe ».

Une autre occasion en or serait à saisir dans l’hydrogène. Le CEA Liten a mis au point une prometteuse technologie d’électrolyse à vapeur, réversible, avec quarante brevets au compteur. Genvia en est la réponse industrielle. Dans ce rôle de chef d’entreprise, Florence Lambert va devoir apprendre à mener vite et de concert les réglages techniques, le cadencement industriel et le marketing. La militante de la reconquête industrielle doit maintenant la faire advenir.

Jean-Philippe Pié

*Laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles
*Institut national de l’énergie solaire

Marion Arles

Manager Innovation & Nouveaux Services
Gireve

Marion Arles travaille d’abord près de 13 années dans le conseil pour des acteurs du secteur de l’énergie entre autres, sur des projets innovants liés aux enjeux de transition énergétique. Forte d’un diplôme d’ingénieure télécom ParisTech, elle rejoint en 2018 le Groupement pour l’Itinérance des Recharges Électriques de Véhicules (Gireve), qui veut rendre transparent et ouvert l’accès à la recharge électrique. Marion Arles y prend en charge l’animation de projets d’innovation et de développements de nouveaux services et modèles d’affaires. Ses activités couvrent notamment le domaine du Smart Charge, à l’intersection de la mobilité et de l’énergie.

Csilla Kohalmi-Monfils

Directrice de l’innovation
Engie Fab


Csilla Kohalmi-Monfils est diplômée de l’Université polytechnique et économique de Budapest et de l’Insead de Fontainebleau. Elle fait ses armes dans plusieurs entreprises du secteur de l’énergie en Hongrie, où elle occupe des postes à responsabilités. En 2011, elle intègre Engie en tant que directrice des projets stratégiques à Budapest, puis vice-présidente de la direction de la stratégie, des nouvelles entreprises et du numérique (pôle Asie-Pacifique) avant de prendre la tête des écosystèmes d’innovation d’Engie. Ce nouveau rôle sur mesure, créé il y a une vingtaine de mois, fait se rencontrer les écosystèmes d’innovation internes et externes du groupe au niveau mondial.

Mélissa Kaestler

Directrice générale
A+ energies

Née à Castries (Hérault), Mélissa Kaestler passe plusieurs années de sa vie en Chine et en Thaïlande. Diplômée de l’IUT de Béziers et titulaire d’une licence de chinois, elle revient en France pour y fonder, avec son mari Damien Teissier, le groupe A+ Energies. Le concept : proposer aux particuliers d’avoir leur autonomie énergétique grâce à des panneaux solaires, des ballons thermodynamiques ou encore des pompes à chaleur. À l’époque de la création de l’entreprise, en 2011, le secteur de l’autoconsommation est encore naissant ; mais cela n’empêche pas le jeune couple de faire croître son groupe, qui cumule aujourd’hui plus de 156 personnes, 15 agences et 5 filiales.

Finance

Anne Guérin, la banquière s’engage pour le climat

Si elle n’est pas une militante de longue date de la cause climatique, la directrice exécutive en charge du financement et du réseau de Bpifrance en a fait son cheval de bataille depuis 2019. « L’activité économique ne peut pas être l’ennemie du climat. Si les entreprises ne prennent pas ce virage, elles rencontreront des difficultés dans la poursuite de leurs activités et leur croissance. Il faut qu’elles se réveillent », martèle Anne Guérin. Forte de cette conviction, elle a porté aux côtés de Pascal Lagarde, le directeur de la stratégie, le plan climat de la banque publique d’investissement adopté en 2020. Un plan lancé avec la Banque des territoires, chaque institution mettant 20 Mds€ sur la période 2021-2024 pour accélérer la transition écologique et énergétique des entreprises françaises.

Anne Guérin veille aujourd’hui à sa bonne exécution par les 1 200 collaborateurs du réseau. Une étape stratégique comme les apprécie cette dirigeante pragmatique qui a commencé sa carrière en 1991, à sa sortie de l’ESCP Europe, comme chargée d’affaires à la Banque du développement des PME. « Nos équipes s’emparent de ce sujet avec enthousiasme, il y a un vrai engouement », se réjouit-elle.

Pour convaincre les dirigeants de PME de faire leur transition, Bpifrance a concocté une palette d’outils, de diagnostics aux prêts verts en passant par la création d’une communauté d’entrepreneurs engagés pour le climat et symbolisée par un coq vert. « Nous avons démarré en juillet dernier, nous en sommes aujourd’hui à 300 dont 50 éclaireurs qui prennent la parole devant leurs pairs, témoignent de leurs actions, de leurs difficultés », poursuit Anne Guérin.

La directrice du réseau de Bpifrance veut pousser les PME à faire leur transition

Et pour promouvoir la valeur de l’exemple, elle prépare une journée de restitution, le 6 avril, pour présenter en version phygitale l’offre de solutions et faire témoigner les dirigeants déjà en transition. « En trois mois, 200 sociétés ont engagé leur transition à nos côtés, nous voulons rapidement passer à 1 000. Nous portons une vision inclusive, nous allons les chercher pour les faire évoluer. Les chefs d’entreprise ont de multiples dossiers à gérer, l’environnement n’est pas toujours perçu comme une priorité ».

Portée par la cause climatique sur le plan professionnel, Anne Guérin a réfléchi sur sa propre empreinte carbone et affirme être devenue plus attentive aux gestes du quotidien. Si elle prenait déjà le métro pour rejoindre son bureau, elle privilégie désormais le train pour les visites sur le terrain. « Il faut œuvrer maintenant pour les générations futures », insiste celle qui promeut aussi la mixité dans ses équipes pour favoriser l’intelligence collective et cognitive.

Patricia Laurent

Céline Lauverjat

Dir. adjointe des fonds transition énergétique
Mirova

Diplômée en économie et gestion de l’environnement, Céline Lauverjat a démarré sa carrière dans le conseil avant de bifurquer dans le financement des EnR. Après plusieurs postes à la Caisse des Dépôts, elle rejoint Mirova en 2015 comme directrice d’investissement senior avant d’être promue, quatre ans plus tard, adjointe au directeur des fonds transition énergétique et responsable de la gestion des actifs (5 GW de capacité en Europe). 2020 a été une année particulièrement chargée pour cette battante : elle a été responsable de la construction de 535 MW éoliens dans le nord de l’Espagne et a suivi un autre gros chantier éolien en Pologne.

Sylvie Chaussin

Directrice
Crédit Mutuel Capital Privé


Cette diplômée de l’EM Lyon est une « pro » du financement des infrastructures, un secteur qui la passionne « pour sa résilience et sa capacité d’innovation ». Après avoir débuté à la Société Générale, elle rejoint l’équipe financement de projets du CIC en 2006. Des EnR aux transports en passant par les écoles, elle intervient sur de multiples financements structurés. Fin 2019, elle est nommée directrice au sein de la société de gestion Crédit Mutuel Capital Privé dont elle lance le premier fonds equity dédié aux infras, Siloe Infrastructures, doté de 500 M€ pour investir notamment dans des projets de transition énergétique dans les territoires.

Maud Minoustchin

Directrice de participations
IDIA Capital Investissement

Maud Minoustchin fait son entrée dans le secteur de la transition énergétique chez Engie, à la R&D puis à la Direction du développement durable. Elle rejoint en 2015 le fonds d’impact investing de la Fondation Grameen Crédit Agricole pour financer le développement de solutions renouvelables offgrid en Afrique, en Asie et en Haïti. À 39 ans, elle est à l’origine de l’activité d’investissements dans la transition énergétique d’IDIA Capital Investissement (filiale du Crédit Agricole), chez qui elle travaille depuis 2017. Cela permet la création, en 2019, du fonds CA Transitions pour accompagner les PME/ETI dans le secteur.

Associations

Marie-Noëlle Reboulet, la solidarité à toute épreuve

« Notre cause, c’est la solidarité climatique. » Aujourd’hui présidente de l’ONG Geres, Marie-Noëlle Reboulet a toujours été guidée par un leitmotiv : « Être utile pendant le temps que l’on passe sur Terre ». Tadjikistan, Maroc, Cambodge… A la tête d’une ONG regroupant 150 personnes à travers le monde, elle a forcément dû faire preuve d’une grande capacité d’adaptation en 2020 pour mener – malgré la crise sanitaire – les projets engagés dans l’accès à l’eau et à l’électricité ou dans l’efficacité énergétique. « Mais l’année s’est finalement avérée moins difficile que nous le pressentions », souffle-t-elle.

« Affronter les difficultés fait partie du métier », relativise à 61 ans celle qui préside le Geres depuis 2017, mais qui travaille dans la solidarité internationale depuis une quarantaine d’années, tantôt comme bénévole, tantôt comme salariée. En ce début 2021, l’actualité rattrape à nouveau l’activité du Geres. L’ONG est présente au Myanmar (ex-Birmanie), frappée par la contestation populaire après la reprise en main du pouvoir par les militaires. Le Geres mène aussi des projets au Mali et en Afghanistan. « On parle beaucoup du Covid-19, mais les difficultés tiennent souvent à des questions de sécurité. D’où l’importance de s’appuyer sur des équipes locales fortes. » A l’écouter, ce qui ferait trembler nombre d’Occidentaux appartient presque, pour elle, à la banalité du quotidien.

La présidente de l’ONG Geres a dû faire preuve d’une grande capacité d’adaptation face à la crise sanitaire

Marie-Noëlle Reboulet a débuté sa carrière dans un bureau d’études – Espace Éolien Développement – qui participait notamment à un programme éolien en Afrique. Elle a aussi participé à la création et piloté la fondation d’entreprise de l’ex-Poweo, dont l’objectif était de favoriser l’accès à l’énergie. Toujours motivée par le besoin de solidarité, elle a vu la situation s’améliorer au fil des années, quoique de façon variable d’un continent à l’autre. Mais l’enjeu reste d’ampleur. « Le changement climatique nous fait clairement sentir que tous les humains sont sur le même bateau. Ce qui est basique pour les uns devrait l’être pour tous », clame celle qui, par exemple, s’étrangle de voir des femmes s’abîmer la santé en cuisinant avec des moyens rudimentaires ou en transportant de l’eau sur la tête.

Thomas Blosseville

Valérie Anne Lencznar

Déléguée générale
Think Smartgrids

Nommée déléguée générale de Think Smartgrids après avoir contribué à sa création en 2015, Valérie Anne Lencznar a fait croître l’association de 50 membres à 100 aujourd’hui, des grands groupes aux start-up en passant par des universitaires. Cette diplômée en communication du Celsa et titulaire d’un MBA de HEC a su convaincre les acteurs de la filière des réseaux électriques intelligents de s’unir pour grandir, en France et à l’international. Une mission pour laquelle elle met à profit sa parfaite connaissance de l’énergie, acquise notamment chez EDF et RTE. Valérie Anne Lencznar s’investit aussi dans un réseau de femmes business angels européen.

Alexandra Battle

Coordinatrice
Sol Solidaire

La tête dans les étoiles. Après un début de carrière en tant que responsable des affaires institutionnelles France de l’opérateur européen de satellites de télécommunications Eutelsat, Alexandra Batlle, en 2017, vers le solaire, et devient chargée de développement du bureau d’études Tecsol. Elle coordonne l’association Sol Solidaire, qui mobilise des fonds pour réduire la facture d’électricité des habitants de logements sociaux grâce au photovoltaïque. Elle a aussi accompagné le lancement d’Agorasun, filiale de Tecsol, et anime le groupe de travail dédié à l’autoconsommation de « la Plateforme verte ».

Secteur public

Marie-Guite Dufay joint le geste à la parole

« La politique est l‘art de transformer la société pour mieux y vivre. La transition énergétique est à cet égard absolument prioritaire », affirme Marie-Guite Dufay, présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté. Membre du parti socialiste, elle a ainsi soutenu l’année dernière lors des élections municipales l’écologiste Anne Vignot, devenue maire de Besançon. Une ville où siège aussi l’exécutif régional.

Elue depuis 2008, Marie-Guite Dufay y pilote une politique volontariste en faveur de l’environnement : « en dix ans, la consommation d’énergies renouvelables est passée de 10% à 22% » se réjouit-elle, insistant aussi sur l’éco conditionnalité des mesures en faveur des bâtiments, les efforts de rénovation thermique et la participation à l’émergence d’une “vraie filière dans l’hydrogène renouvelable”. D’ailleurs, le 5 mars, la présidente a signé une commande de trois trains à hydrogène auprès d’Alstom, pour 51,9 M€. Les premiers essais sont annoncés en 2023 entre les gares d’Auxerre et de Laroche-Migennes (Yonne). Une première !

La Présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté a fait adopter un plan de relance largement fléché vers l’écologie

Cet investissement s’inscrit dans le plan de relance de l’économie régionale décidé en 2020 et tout aussi inédit. Sa particularité ? Sur 435 M€ de financements 100% régionaux, 237 M€ sont fléchés vers l’écologie. Plus de la moitié. La région prévoit par exemple d’augmenter la participation au capital des sociétés d’économie mixtes EnR locales, de créer un fonds régional pour la transition énergétique et d’investir 22 M€ dans le solaire. Mais les moyens les plus lourds sont affectés au verdissement des transports (80 M€), en particulier en soutenant le ferroviaire régional et à la rénovation énergétique des bâtiments, pour 69 M€. « Cela traduit une belle ambition, commente Marie-Guite Dufay, mais implique aussi une grande responsabilité ».

Jean-Philippe Pié

Sabine François

Dir. Transition Energétique, Ecologique et Environnement
Région Grand-Est



Passionnée d’océan, Sabine François s’est tournée vers le développement durable dès le début de sa carrière. Elle rejoint d’abord la mairie de Montigny-les-Metz (Moselle) au poste d’adjointe au développement durable, où elle lance l’Agenda 21, dont les 57 actions appliquent le développement durable à plusieurs domaines. Elle prend ensuite les rênes de l’Ademe Lorraine, puis Grand-Est, avant d’atterrir à la Région Grand-Est en tant que directrice de la transition énergétique, écologique et de l’environnement. Désormais, Sabine François s’attache à investiguer les sujets liés à la biodiversité et à l’eau pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique.

Nathalie Loch

Cheffe de projet Hydrogène
AER Bourgogne-Franche-Comté


Développer l’hydrogène est un engagement personnel pour la nouvelle déléguée régionale France Hydrogène de Bourgogne-Franche-Comté. Docteure-ingénieure ENSMM, Nathalie Loch promeut cette énergie aux investisseurs potentiels, aux partenaires et aux entreprises de la région depuis ses débuts à l’Agence économique régionale de Bourgogne-Franche-Comté ; son travail sur la filière automobile s’élargit aux nouvelles solutions de mobilité et à l’hydrogène dès 2008. Une ambition concrétisée par le vote, en 2019, d’une feuille de route votée à la quasi-unanimité par la Région pour accompagner les projets de développement de l’hydrogène.

Laurence Maillard-Méhaignerie

Députée LREM
Ille-et-Vilaine

C’est assez récemment, après son entrée dans la majorité parlementaire, que Laurence Maillart-Méhaignerie s’est penchée sur les sujets liés à la transition énergétique. Présidente de la Commission de l’aménagement du territoire et du développement durable de l’Assemblée nationale depuis octobre 2020, la députée La République En Marche d’Ille-et-Vilaine s’est vue dotée d’une nouvelle responsabilité, à la tête de la Commission spéciale sur la nouvelle loi « Climat et résilience ». Au sein du groupe LREM, la dirigeante de l’agence éditoriale Mediaverbe a été responsable du projet de loi « Egalim » (anti-gaspillage pour une économie circulaire), puis rapporteure au sein de l’hémicycle.

Coup de cœur du jury

Anne-Lise Deloron-Rocard, la rénovation énergétique à 360°

Voilà plus de dix ans qu’Anne-Lise Deloron-Rocard cherche à lever les freins à la rénovation énergétique des bâtiments en France. D’abord au Plan bâtiment durable qu’elle intègre dès sa création en tant que chargée de mission, avant de rapidement en devenir directrice adjointe. A cette époque, cette diplômée en sciences-politique et droit inaugure aussi le premier cursus de l’Institut Palladio des hautes études sur l’immobilier et la cité. Une année de formation de haute volée concentrée en fin de semaine et grignotant sur le week-end, lors de laquelle se succèdent des intervenants du public et du privé.

Après une décennie au Plan Bâtiment durable, Anne-Lise Deloron-Rocard est nommée à l’été 2019 coordinatrice interministérielle en charge de la rénovation énergétique des bâtiments. Un poste clé créé pour mieux articuler la politique publique en la matière, à l’occasion d’un remaniement qui place Emmanuelle Wargon comme l’unique référente gouvernementale, alors qu’elle partageait auparavant le domaine avec Julien de Normandie, ancien ministre du logement. Un double-portage politique qui constituait un frein avec deux administrations qui pouvaient se neutraliser, voire se percuter.

La mission d’Anne-Lise Deloron-Rocard ? Réconcilier les différentes agences et administrations qui traitent des questions de rénovation énergétique. Un défi immense car les parties-prenantes sont nombreuses et les projets complexes, mais qui lui donne une vision à 360° de la rénovation énergétique en France. Pas un ministère n’échappe à sa thématique, et la coordinatrice se démène pour apporter de la clarté sur les mécanismes de soutien et de financement. Son rôle consiste aussi à unifier le récit de la rénovation énergétique voulue par les pouvoirs publics. A l’instar de son récent tour de France des Dreal et DDT pour expliquer, mais aussi faire remonter les retours pratiques du terrain et ne pas s’arrêter à la rédaction des décrets. Se confronter aux parcours utilisateurs pour assurer ce qu’elle appelle le « dernier kilomètre ».

Elle coordonne la rénovation énergétique des bâtiments, l’un des grands chantiers du gouvernement, au niveau interministériel

Elle salue le travail de la Convention citoyenne pour le climat qui a permis de faire davantage parler de l’enjeu de la rénovation, malgré la note sévère (3,4/10 sur la partie « Se Loger ») attribuée par les citoyens tirés au sort au gouvernement en clôture des travaux. Anne-Lise Deloron-Rocard préfère voir le verre à moitié-plein : les 192 000 dossiers déposés en 2020 pour MaPrimeRénov’, la fixation d’un seuil énergétique pour les logements indécents ou encore l’interdiction de mise à la location des passoires thermiques en 2028.

Romain Chicheportiche
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