[Dossier] Mobilité : les filières électrique et hydrogène à l’offensive

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Quelle solution énergétique gagnera la bataille de la mobilité propre ? Alors que le projet de loi d’orientation sur les mobilités (LOM) sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 14 mai, les filières électromobilité et hydrogène espèrent toutes deux tirer leur épingle du jeu. Pionnière, la première peut déjà afficher un bilan avec près de 40 000 véhicules électriques immatriculés en France en 2018 selon l’Avere, et 25 880 points de charge publics au 31 mars 2019 d’après Gireve. Cela reste très modeste en termes de part de marché (moins de 2% des immatriculations), mais les expérimentations se multiplient et les investisseurs s’intéressent sérieusement au secteur. En témoigne l’offensive du fonds Meridiam qui, après avoir racheté l’intégrateur et exploitant néerlandais de bornes de recharge Allego, a annoncé récemment son intention d’investir aux côtés de GreenYellow pour déployer des stations de recharge pour véhicules électriques sur 80 sites du groupe Casino.

Les filières automobile et énergie apprennent à travailler ensemble et testent le Vehicule-to-Grid (V2G). Renault a ainsi lancé les premières expérimentations à grande échelle sur la charge bidirectionnelle en courant alternatif des véhicules électriques aux Pays-Bas en partenariat avec le gestionnaire de réseau Elaad. Le pari n’est pas encore gagné car les contraintes sont nombreuses : techniques avec le problème de l’interopérabilité entre les véhicules (convertisseurs) et les bornes bidirectionnelles, réglementaires (statut de la batterie, fiscalité…) mais aussi économiques car le business model n’est pas encore trouvé.

Nombreux projets pour l’hydrogène

Plus récente, la filière hydrogène n’a pas de bilan à afficher mais les projets se multiplient depuis l’annonce en juin 2018 d’un plan hydrogène par Nicolas Hulot, alors ministre de la Transition écologique et solidaire. En Auvergne-Rhône-Alpes, l’ambitieux projet Zero Emission Valley (ZEV) a franchi un stade important début avril avec la signature d’un protocole de financement. Le développeur EnR Akuo Energy se lance sur ce marché au sein d’un consortium réunissant aussi JC Decaux, les Galeries Lafayette et la start-up Atawey. Un projet qui fait partie des 11 sélectionnés par l’Ademe dans le cadre de son appel à projets “Ecosystèmes de mobilité hydrogène”. Les projets sont nombreux mais reste à préciser les financements publics, toujours aussi flous.

Les énergéticiens français EDF et Engie avancent sur ce marché, même si d’autres se montrent plus prudents à l’image de l’espagnol Iberdrola. “C’est une technologie intéressante mais qui aura besoin de plusieurs années, sans doute 10-15 ans, avant d’être rentable”, affirmait ainsi Raquel Blanco Collado, directrice Smart Solutions, lors du forum “Energy for Smart Mobility”, les 14 et 15 mars à Marseille. Reste aussi à verdir l’hydrogène qui aujourd’hui provient à 95% du gaz naturel.

Les deux filières de l’électromobilité et de l’hydrogène ne sont donc qu’au début d’un long chemin. Potentiellement concurrentes, elles pourraient se révéler complémentaires, selon les usages et les territoires.

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