[Exclusif] Baromètre 2018 du crowdfunding EnR : un record de 38 M€ collectés

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Les grandes tendances

  • L’année 2018 confirme la très forte croissance du financement participatif des énergies renouvelables : 38,71 M€ collectés en 2018 (+89%)
  • Ces montants, essentiellement sous forme de dette, ont permis en partie de financer la construction de 1 131 MW EnR
  • L’énergie solaire capte près des deux tiers (65%) des montants prêtés par les citoyens
  • Le taux de rentabilité moyen net du financement participatif des EnR
    pour les citoyens s’élève à 4,94%

GreenUnivers publie sa troisième édition du Baromètre du financement participatif (crowdfunding) des énergies renouvelables (EnR) en France. Elaborée en collaboration avec Financement Participatif France (FPF), cette étude compile, agrège et traite toutes les opérations EnR et efficacité énergétique réalisées par les plateformes de crowdfunding chaque année. Voici les principaux enseignements de 2018 :

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Un taux de croissance de rêve

Avec pas moins de 38,71 M€ collectés en 2018, le financement participatif des EnR en France affiche une belle progression (+89%) par rapport aux 20,5 M€ levés en 2017, et aux 11,5 M€ de 2016. Un taux de croissance de l’activité qui laisserait rêveur n’importe quel secteur, et qui s’explique notamment par l’émergence récente de ce type de financement dans les EnR. La multiplication des projets se traduit donc logiquement pas des taux de croissance élevés.

« La confirmation de cette tendance est évidemment très positive. Elle s’explique notamment par le fait que les énergies renouvelables trouvent un écho favorable auprès des citoyens. Ce sont des financements qui ont un impact réel et visible et un retour sur investissement peu risqué. Le rendement de ces investissements est par ailleurs très intéressant au regard des courtes durées d’engagement », se félicite Stéphanie Savel, présidente de Financement Participatif France (FPF).

La rentabilité des projets oscille selon leur nature. La palme revient aux opérations d’efficacité énergétique qui affiche un taux de rentabilité moyen de 6,5% contre seulement 4% pour les projets hydroélectriques. « Ces derniers rapportent moins mais suscitent énormément d’intérêt de la part des citoyens », confirme Olivier Houdaille, directeur général de la plateforme Lumo. La rentabilité moyenne, tous projets confondus, s’élève à 4,94%.

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Le solaire brille

Cet opus 2018 confirme la montée en puissance des projets solaires dans le financement participatif des énergies renouvelables. Ils pèsent à eux seuls deux tiers des financements (64%) et des projets (67%), alors qu’en 2016, ils ne représentaient « que » 53% des projets et seulement 37% des financements.

De son côté, l’éolien continue sa chute : plus que 21% des montants collectés en 2018, contre 50% en 2016 et 45% en 2017. Une perte de vitesse qui peut s’expliquer par les difficultés que rencontre la filière en France (autorité environnementale, AO désertés), par des montages financiers plus compliqués à mettre en œuvre mais aussi à l’effet appel d’offres. « En septembre 2017, un certain nombre de projets solaires CRE4 avaient pris du retard et ont été finalement bouclés début 2018. Cela induit sans doute une surreprésentation des projets solaires en 2018 », nuance Olivier Houdaille.

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A noter l’entrée remarquée des projets de réseaux de chaleur qui arrivent à la troisième place en termes de montants collectés. Une bonne performance qui s’explique sans doute par le caractère très capitalistique de ces infrastructures, mais pas seulement. « Nous avons été agréablement surpris de l’intérêt des citoyens pour financer les deux projets de réseaux de chaleur que nous avons bouclés l’année dernière. A Rouen, 85% des contributions ont été apportées par les habitants de la métropole. C’est une participation locale record », se félicite Laure Verhaeghe, directrice générale de Lendosphère.

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Un cadre réglementaire favorable

Si le financement participatif ne pèse aujourd’hui qu’une goutte d’eau dans le financement des EnR (en moyenne 4,45% du coût total du projet, à l’exception des toitures solaires 25%), la réglementation évolue en faveur du crowdfunding. La loi Pacte, adoptée définitivement par le Parlement la semaine dernière, a acté le relèvement du plafond du financement participatif qui passe de 2,5 M€ à 8 M€ par projet sur 12 mois consécutifs. « C’est une très bonne nouvelle car nous avons frôlé le plafond réglementaire à plusieurs reprises l’année dernière. Accessoirement, le relèvement du plafond devrait améliorer le financement participatif des projets éoliens terrestres », indique Laure Verhaeghe.

Même son de cloche pour la présidente de FPF : « La loi Pacte a été positive car elle renforce l’idée de donner du sens à l’épargne. Les gestionnaires d’épargne collective doivent désormais proposer au moins un fonds labellisé Transition énergétique ou Investissement sociale et solidaire (ISR) ». Avec quelques réserves tout de même : « il existe toujours cette problématique de maille locale qui ne permet pas aux Français du nord de financer les parcs solaires au sud. Nous proposons également de rendre le label Financement participatif pour la croissance verte éligible aux produits d’assurances-vie. Nous travaillerons en 2019 pour être entendu sur ce point », conclut Stéphanie Savel.

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Un point sur la méthodologie

Cette étude a été réalisée durant le mois de mars 2019 sur la base des informations fournies librement par les plateformes de financement participatif. Sur les 17 plateformes interrogées, 8 ont déclaré avoir financé un ou plusieurs projets en lien avec la transition énergétique : Akuocoop, Collecticity, Feedelios, Enerfip, Lendopolis, Lendosphère, Tudigo, Wiseed (par ordre alphabétique).

Etude réalisée par Romain Chicheportiche
Iconographies : Floréane Marinier

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