[Dossier EMR] L’énergie houlomotrice délaissée par les grands acteurs français [3/3]

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(Crédit : GEPS Techno)
(Crédit : GEPS Techno)

La ville de Biarritz accueille la quatrième édition de la convention Seanergy, dans la foulée des troisièmes Assises des énergies marines renouvelables (EMR) organisées par le Syndicat des énergies renouvelables (SER). A cette occasion, GreenUnivers publie une version actualisée du dossier Énergies marines renouvelables de son Panorama des cleantech en France, publié le 7 avril 2016 en partenariat avec EY. Après un premier volet consacré au soutien fort de l’Etat et des territoires, puis un focus sur l’énergie hydrolienne, ce dernier opus est consacré à l’énergie houlomotrice.

A l’échelle mondiale, l’énergie des vagues et de la houle représente un potentiel de production important, estimé à 29 500 TWh/an, par l’Ocean Energy Systems1. En France, l’Ademe évalue à 40 TWh/an, la capacité exploitable mais le nombre des acteurs français prêts à dompter cette énergie s’est fortement réduit ces deux dernières années avec au moins trois grandes défections.

DCNS a décidé de mettre le houlomoteur de côté pour se concentrer sur l’hydrolien, l’ETM et l’éolien flottant. Le groupe continue néanmoins d’accompagner le finlandais Fortum dans le développement d’un démonstrateur houlomoteur de 1,5 MW, Wattmor, en baie d’Audierne, reposant sur la technologie WaveRoller. La phase exploratoire est toujours en cours.

Le projet Houles Australes, développé avec EDF EN au large de l’île n’a pas repris après le coup d’arrêt brutal de fin 2013 lorsque le prototype houlomoteur CETO (2 MW), issu de la technologie de l’australien Carnegie Wave Energy2, a été emporté par le cyclone tropical Bejisa.

Enfin, Alstom a interrompu en 2014 ses investissements dans le houlomoteur et revendu les 40% qu’il détenait depuis 2011 dans le britannique AWS Ocean EnergyRenewables.

Geps Techno, l’un des rares à persévérer

Créée en 2011 à Saint-Nazaire par trois ingénieurs de STX France, l’entreprise conçoit et développe des technologies de production d’électricité à partir de l’énergie de la houle.

Deux applications sont commercialisées depuis 2015 : la solution « OCTOPUSEA » permettant d’alimenter en énergie houlomotrice les plateformes d’essais, bouées scientifiques et industrielles et la solution « GSIRE » permettant de récupérer l’énergie du roulis des navires et de diminuer ainsi leur consommation de carburant.

Geps Techno travaille par ailleurs sur une plateforme flottante de 50-60 MW baptisée MLiner et combinant les énergies éolienne, hydrolienne, houlomotrice et solaire. Les premiers essais en mer sont prévus en 2017 sur le site d’essais du Sem-Rev. D’ici là, un projet intermédiaire, lauréat de l’appel à projets Piave de Bpifrance, doit permettre de tester une plateforme autonome intégrant une production d’énergie de 100 kW à partir des stabilisateurs et un système hybride de stockage de 600 kWh.

La société de Saint-Nazaire a engrangé les premières commandes pour ses applications houlomotrices en 2015. Le chantier naval de Socarenam à Boulogne-sur-Mer lui a commandé deux stabilisateurs GSire pour des patrouilleurs légers et l’Ifremer a opté pour une bouée de mesure autonome (livrée en mai 2015). L’entreprise a généré 200 K€ de chiffre d’affaires en 2015 et prévoit de passer à 1,5 M€ en 2016. Parallèlement, elle indique être sur le point de boucler une levée de fonds de 1 M€.

Toujours aussi peu d’élus dans l’ETM

DCNS travaille depuis 2012 à La Réunion où il a installé un prototype d’énergie thermique des mers (ETM) à terre, à échelle réduite, sur le site de l’Université de Saint-Pierre. Associé à Akuo Energy, le groupe vise la mise en service au large de la Martinique d’une centrale pilote de 16 MW à l’horizon 2018. Nemo (New energy for Martinique and overseas) soutenu par le programme européen NER3003 à hauteur de 72 millions d’euros, représente un investissement global de 300 millions d’euros. En revanche, les deux partenaires ont abandonné un autre projet, à terre, baptisé Nautilus (5,7 MW). « Les conditions n’étaient pas réunies pour permettre de développer une solution économiquement viable », indique DCNS.

1An International Vision for Ocean Energy, OES, octobre 2011.

2Développée depuis plus de dix ans par l’australien Carnegie, la bouée houlomotrice CETO a retenu l’attention de EDF EN, qui détient aujourd’hui le droit d’utilisation exclusif de la technologie dans l’hémisphère nord et à La Réunion.

3Le fonds démonstrateur européen NER300 finance des projets « bas carbone » grâce à l’argent issu de la vente des permis d’émission de CO2. En juillet 2014, le deuxième appel à projets, d’une enveloppe d’un milliard d’euros, a permis la sélection de 19 projets dans 12 pays, dont celui de DCNS et Akuo.

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