Qui est Inovia, la start-up qui a séduit le géant chinois de l’énergie CGN ?

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C’est le buzz du jour dans la cleantosphere française : le géant chinois du nucléaire CGN se lance dans le solaire tricolore – via sa filiale parisienne CGN Europe Energy (CGN-EE)– et ses ambitions sont proprement démesurées : 1 GW en deux ans, 3 GW en cinq. Plus fou encore, le groupe public s’est alliée à une PME girondine de 23 salariés… GreenUnivers a posé trois questions à son dirigeant, Johnny Schlosmacher.

GreenUnivers : Qui est Inovia Concept Developpement (ICD), la « petite » société qui a tapé dans l’œil de CGN ?

jonnhyJohnny Schlosmacher : Officiellement, ICD est née cet été à Gradignan, près de Bordeaux, mais ses racines sont à Vénissieux où l’ex-maison mère est encore installée. Inovia Concept a été fondée en 2013 comme développeur de toitures solaires à la fois auprès d’investisseurs et de particuliers. Depuis cet été, Inovia Concept poursuit l’activité pour les particuliers de son côté tandis que ICD se concentre sur le développement de projets pour le compte d’investisseurs. Inovia Concept a été temporairement actionnaire à 25% d’ICD, mais nous avons racheté l’intégralité des parts en novembre afin d’être tout à fait indépendants.

Le contrat officialisé hier avec CGN-EE va changer notre activité : nous allons notamment acquérir des projets prêts à construire, ce que nous ne faisions pas auparavant. Enfin, nous allons nécessairement changer d’échelle. De 23 salariés – et 72 techniciens indépendants -, nous allons rapidement passer à 50. D’ici fin 2016, nous devrions compter 120 personnes à Gradignan, dont une quinzaine directement issue des équipes de CGN-EE.

GreenUnivers : Comment avez-vous séduit un groupe comme CGN-EE ?

Nous avons rencontré l’équipe de CGN-EE au salon Intersolar de Munich, en juin dernier. Ont suivi six mois d’audit, qui ont débouché mi-novembre sur la pré-signature d’un contrat à l’ambassade de Chine à Paris. Nous négocions également leur entrée à notre capital avec un investissement de 1,4-1,6 million d’euros d’ici le premier trimestre 2016. Nous avons mené parallèlement des négociations similaires avec une société allemande avant de préférer CGN-EE pour sa puissance financière quasi illimitée et parce que les relations sont très bonnes. Ils nous ont donc séduits autant que nous les avons séduits.

De prime abord, l’association d’un industriel au capital de 10 milliards d’euros avec une PME au capital de 10 000 euros peut paraître contre-intuitive. Mais en fait, les groupes et sociétés d’investissement étrangers ont plutôt intérêt à s’associer à des jeunes pousses comme nous. La première raison, toute simple, c’est que les grands développeurs de projets n’ont pas nécessairement besoin d’eux : ils ont des moyens financiers suffisants et/ou un accès facilité au crédit. L’autre raison, c’est que ces mêmes développeurs ont des attentes fortes quand ils revendent leurs projets. Dans notre cas, la marge sera de 5 à 7 points, seulement.

GreenUnivers : Le contrat porte sur l’installation d’un 1 GW en deux ans, soit 500 MW par an, alors que la France raccorde à peine 1 GW de solaire par an… Comment comptez-vous vous y prendre ?

Le marché solaire français se redresse et c’est d’ailleurs pour cela que CGN-EE s’y intéresse : les chinois estiment que le marché est mûr, qu’il n’a plus les incertitudes qui étaient liées au moratoire de 2010 sur les tarifs d’achat.

Nous avons déjà 1800 dossiers finalisés, représentant 136 MW à installer d’ici mars 2016 et nous bouclons actuellement 100-150 projets par mois (15-30 MW installés). L’idée est de passer rapidement à 300 projets par mois, sitôt que notre équipe sera suffisamment étoffée. Notre idée pour aller vite va être de tirer les prix fortement à la baisse, tout en respectant un seuil de rentabilité minimum.

Nous allons également racheter des projets prêts à construire, certains issus de CRE3, par exemple : des hangars, des toitures de bâtiments tertiaires, des serres, mais aussi des fermes au sol. CGN-EE a déjà réservé 96 millions d’euros pour financer les premiers projets et est prête à aller jusqu’à 1,6 milliard d’euros sur cinq ans.

Sur le mode opératoire, nous aurons en charge le développement, la maîtrise d’ouvrage et la maintenance des projets développés pendant vingt ans. CGN-EE intervient en tant qu’investisseur et intégrateur qui revend l’électricité à EDF.

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