KIC InnoEnergy bichonne 120 entrepreneurs de l’énergie verte

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Plus de 100 start-up européennes de l’énergie verte se sont retrouvées les 21 et 22 octobre à Berlin pour l’événement “The Business Booster” de KIC InnoEnergy, dont GreenUnivers était partenaire. Elles font partie du programme d’accélération monté par cette communauté européenne de connaissance et d’innovation, fondée en 2010 par l’Institut européen d’innovation et de technologie. Entretien avec Diego Pavia, CEO, et Elena Bou, directrice de l’innovation, sur ce modèle unique de soutien aux jeunes pousses.

GreenUnivers : Quel est le bilan de vos cinq premières années d’existence en matière d’accompagnement des start-up ?

Diego Pavia (crédit : KIC InnoEnergy)
Diego Pavia (crédit : KIC InnoEnergy)

Diego Pavia : Nous avons reçu plus de 200 start-up dans toute l’Europe et nous en avons retenu 120 qui suivent notre programme d’accélération. La sélection se fait très en amont, aux premières étapes du projet, sur quatre fondamentaux : la technologie ou le service, l’équipe, le marché et le financement. Parmi les sociétés accompagnées, 55 génèrent déjà des revenus, pour un montant cumulé annuel de 10 M€. Elles ont en parallèle levé 20 M€ de fonds publics et privés, que ce soient des subventions, des investissements en capital… Nous avons nous-mêmes investi 10 M€ dans ces entreprises. Le domaine le plus représenté est celui du smart building, dans lequel nous incluons les smart grids et le stockage, devant les énergies renouvelables.

GU : Que leur apportez-vous ?

DP : Nous leur offrons une palette de services pour muscler leurs business plans, construire leurs équipes, trouver des financements auprès de VC, d’industriels… En échange, nous prenons une participation à leur capital, de 10 à 20%. C’est très important car cela nous implique complètement à leurs côtés. Par ailleurs, elles bénéficient de notre réseau. Nous sommes présents dans huit pays : nous pouvons aider une start-up française à tester un prototype en Allemagne, trouver un partenaire industriel en Espagne, chercher des prospects aux Pays-Bas… Cette implantation européenne unique est un atout extraordinaire. Au-delà, nous permettons aux entrepreneurs sélectionnés d’intégrer une communauté extrêmement riche et cosmopolite : ils se rencontrent, travaillent ensemble…

Elena Bou (crédit : KIC InnoEnergy)
Elena Bou (crédit : KIC InnoEnergy)

EB : Cette notion de communauté est très importante. L’idée, c’est que chacun a quelque chose à apporter aux autres : nous faisons appel aux entrepreneurs pour témoigner dans le cadre de nos programmes d’éducation, par exemple. C’est un échange permanent, ils font partie d’une famille. Et même quand nous céderons nos participations, les sociétés resteront membres de la communauté.

GU : Vous voyez passer beaucoup d’innovations en termes de technologies et de business models; quelles sont celles qui vont le plus impacter le marché de l’énergie, selon vous ?

DP : J’en citerai trois. D’abord le stockage, encore émergent mais qui va révolutionner le secteur dans les prochaines années. Nous accompagnons une quinzaine de start-up qui travaillent dans ce domaine. Ensuite, l’énergie distribuée, au plus près des consommateurs. Et enfin les citoyens eux-mêmes : ils vont apprendre à s’approprier l’énergie comme ils l’ont fait avec les télécoms. Aujourd’hui, tout le monde sait combien lui coûte son téléphone portable, mais personne ne connaît le coût de son énergie. Nous faisons beaucoup de pédagogie sur ce sujet : cela prendra sans doute une génération, mais les pratiques changeront. Et cela va bousculer tous les acteurs du marché, et notamment les grands énergéticiens.

GU : Est-ce que vous constatez des différences dans le profil des entrepreneurs selon les pays ?

EB : Nous ne raisonnons pas vraiment en termes de pays, car nous nous inscrivons dans une perspective européenne mais il existe bien sûr des spécificités. Par exemple, les Français ont souvent des projets très technologiques, marqués par une culture d’ingénieur. Ils peuvent être aussi très smart sur les business models innovants. Mais ils ont du mal à parler ouvertement de leurs projets, ils sont très méfiants, et du coup, il peut être plus compliqué de les aider, notamment dans la recherche de fonds qui nécessite de mettre beaucoup d’informations sur la table. Les entrepreneurs d’autres pays sont beaucoup moins frileux.

GU : Quelles sont vos priorités pour les prochaines années ?

EB : Aujourd’hui, nous avons construit un programme pour aider les sociétés à démarrer, le “KIC InnoEnergy Highway” qui les soutient de l’idée jusqu’aux premiers clients. Le challenge maintenant, c’est de les épauler dans l’étape suivante de l’industrialisation et de la commercialisation à plus grande échelle : nous avons lancé récemment un programme pour les faire grandir, “Boostway” qui va monter en puissance dans les prochains mois.

Repère : “Quels nouveaux investisseurs pour les cleantech ?” – Octobre 2015

 

 

 

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