Dossier EMR : l’énergie thermique des mers progresse [3/3]

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ETMPrêts à prendre la vague des énergies marines, les acteurs français du secteur sont réunis à Nantes pour les Assises des énergies marines renouvelables, organisées par le Syndicat des énergies renouvelables, et Thetis, la convention internationale des énergies marines renouvelables.

A cette occasion, GreenUnivers publie une version mise à jour du dossier Énergies marines renouvelables (EMR) de son Panorama des cleantech en France, publié le 2 avril 2015 en partenariat avec EY. Après l’énergie hydrolienne, la plus avancée, et l’énergie houlomotrice, plus émergente, ce troisième et dernier volet se consacre à la moins mature des énergies marines, l’énergie thermique des mers (ETM).

Une technologie complexe

L’ETM permet de produire de l’électricité en exploitant une différence de température d’au moins 20°C entre les eaux de surface et les eaux profondes de l’océan. Concentré dans les zones intertropicales, le potentiel de production n’en est pas moins élevé : 44 000 TWh/an selon l’Ocean Energy Systems, dont une grande partie dans les territoires ultra-marins français. L’ETM présente l’avantage d’être non intermittente. En revanche, sa mise en œuvre nécessite des compétences d’ingénierie système et des capacités industrielles qui limitent le nombre d’acteurs. Aujourd’hui, le français DCNS et l’américain Lockheed Martin sont quasi seuls sur le secteur. Depuis peu, le producteur d’énergies renouvelables indépendant Akuo Energy se positionne également, au côté de DCNS.

Selon France Énergies Marines, le coût de la technologie tourne aujourd’hui autour de 20 millions d’euros par mégawatt installé, induisant des coûts de production de 500 €/MWh, un chiffre élevé mais déjà inférieur aux coûts marginaux d’exploitation des centrales thermiques dans les îles non interconnectées du Pacifique. Une réduction des coûts par apprentissage et effet d’échelle permettant d’atteindre le seuil de 10 millions d’euros par mégawatt installé rendrait cette énergie compétitive sur un très large secteur intertropical.

Les projets de DCNS

Un prototype terrestre à La Réunion : DCNS travaille avec la région et l’université sur des travaux de recherche. Le groupe a ainsi installé en 2012 un prototype ETM à terre, à échelle réduite, sur le site de l’université de Saint-Pierre.

Nemo récompensé par le NER300 à la Martinique : l’industriel est également associé à la région Martinique depuis 2008. Son projet de centrale pilote a reçu le soutien du programme européen NER300, à hauteur de 72 millions d’euros. Anciennement ETM Martinique, le projet a été rebaptisé Nemo (New energy for Martinique and overseas) et reconfiguré pour accueillir Akuo Energy, qui en est devenu le pilote. Les deux partenaires visent la mise en service de Nemo (16 MW) à l’horizon 2018. Le projet représente un investissement global de 300 millions d’euros.

Parallèlement, les deux entreprises prévoient la construction, dès cette année, de Nautilus : un projet à terre de 5,7 MW présenté comme complémentaire de Nemo. Cette centrale doit permettre de coupler à la production d’électricité des solutions de climatisation, de production d’eau douce ou d’aquaculture, en valorisant l’eau froide des profondeurs. Elle représentera un investissement d’environ 150 millions d’euros.

L’offensive remarquée d’Akuo Energy

Après avoir fait ses preuves à terre (avec 349 MW de projets en opération), le producteur indépendant d’énergies renouvelables s’est distingué en mer en 2014. Akuo Energy veut répondre aux problématiques énergétiques des environnements insulaires, où la progression des énergies renouvelables ne peut se faire au détriment de la stabilité des réseaux, souvent fragiles. Le groupe espère faire ses armes en France avant de partir à l’export.

Comme pour les autres énergies, Akuo Energy s’est associé à des industriels expérimentés pour la technologie tandis qu’il développe, finance puis exploite les projets. Dans l’hydrolien, il n’a pas été sélectionné à l’AMI pour les fermes pilotes où il faisait équipe avec Alstom. Les deux partenaires n’ont pas cessé les discussions pour autant et Akuo Energy prospecte désormais aux Caraïbes, en Asie du Sud-Est et dans le grand Pacifique.

Dans l’énergie thermique des mers, où il est associé de DCNS depuis 2012, le groupe a remporté ses premiers succès à la Martinique en 2014. Il avance aussi à l’international. Début 2015, il a signé en Indonésie un protocole d’accord avec l’opérateur public local Pertamina pour le développement de 560 MW d’énergies renouvelables, dont 200 MW d’ETM à partir de 2018. Akuo a également conclu un MOU aux Philippines avec deux acteurs locaux, le développeur Bell Pirie Power et PNOC Renewables Corporation, pour un projet de 10 MW.

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