Barack Obama réélu : le monde des cleantech se rassure, mais…

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Barack Obama

C’est probablement un ouf de soulagement qu’ont poussé les acteurs de l’économie verte à l’annonce de la réélection de Barack Obama. Le monde des cleantech voit s’éloigner avec une certaine satisfaction le programme du républicain Mitt Romney, qui faisait la part belle aux énergies fossiles et était empreint de scepticisme sur le front climatique. La victoire de Barack Obama devrait marquer une continuité avec la politique environnementale engagée aux États-Unis depuis 2009 : le programme démocrate prévoit à nouveau un soutien aux énergies propres, notamment renouvelables, une politique en faveur de l’efficacité énergétique et des technologies propres, la promotion d’une économie bas carbone et une prise en compte du changement climatique. Et pour confirmer sa détermination, Barack Obama a réaffirmé sa préoccupation face au réchauffement de la planète dans son discours de victoire. Son deuxième – et dernier – mandat commencera le 20 janvier prochain.

Brin d’optimisme

L’industrie des cleantech fait face à de nombreux challenges dans le monde, les filières solaires et éoliennes vacillent, la voiture électrique ne décolle pas forcément comme espéré et la crise économique mondiale limite toute politique nationale ambitieuse en faveur d’une économie faiblement émettrice de CO2. La victoire d’Obama n’annonce en rien une révolution verte et le déclin d’une économie carburant au pétrole et gaspillant les ressources de la planète. Mais la vision environnementale du président démocrate incite à plus d’optimisme que la vision du candidat républicain Mitt Romney.

Avec Obama, les acteurs américains de l’économie verte – à l’image des industriels de l’éolien engagés dans un bras de fer sur la pérennisation des crédits d’impôts – peuvent se rassurer : la transition lente vers une société un peu plus soutenable ne devrait pas être stoppée. Les autres économies mondiales en profiteront naturellement. Obama va avoir l’occasion de défendre ses “green jobs” et de tenter de transformer l’essai après les subventions historiques versées aux cleantech ces quatre dernières années. Subventions qui lui ont d’ailleurs été souvent reprochées avec les faillites de Solyndra ou plus récemment du fabricant de batteries pour véhicules électriques A123 Systems.

Le plus dur commence

Mais le plus dur commence désormais pour Obama. Pour preuve, les États-Unis n’ont pas fait preuve d’un grand enthousiasme à la conférence des Nations-Unies sur le développement durable Rio+20, en juin dernier au Brésil. Obama a également ouvert le chantier américain du gaz de schiste. Et il a fallu l’ouragan Sandy pour que la question du réchauffement climatique fasse enfin son entrée dans la campagne présidentielle. Englué dans une crise économique sans précédent depuis 1929, Barack Obama ne pense pas environnement en se rasant tous les matins.

Le monde des cleantech voulu par Obama va désormais faire face à deux grands défis. Le gouvernement fédéral américain va d’abord devoir faire (très rapidement) face au mur budgétaire ou “Fiscal cliff“. Si aucun accord politique n’est trouvé d’ici le 1er janvier 2013, des coupes drastiques seront effectués dans le budget fédéral, parallèlement à la fin de certaines exonérations fiscales. Comme en Europe, les États-Unis vont donc devoir réduire leur déficit excessif. Les marges de manœuvre financières devraient drastiquement se réduire. Or l’économie verte a encore besoin de subventions et du soutien de la puissance publique.

Le green business à la croisée des chemins ?

Deuxième défi, celui de la paralysie du système politique à Washington qui va probablement se confirmer. Si les Américains ont réélu le démocrate Barack Obama à la présidence, ils ont aussi renouvelé une partie du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants (les deux chambres qui forment le Congrès). D’après les premiers résultats, si le Sénat garde sa couleur démocrate, la Chambre des représentants reste, elle, à majorité républicaine (comme depuis 2010). Cette situation – sorte de “cohabitation” à l’américaine – bloque le système institutionnel américain depuis des mois. Cela devrait donc continuer. Pas sur que le parti Républicain valide les yeux fermés la politique énergétique d’Obama dans les prochains mois.

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