Dossier chimie verte (1) : La nature au service de la chimie du futur

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Club bio-plastiques / Passion Céréales

(Article modifié le 4 mai*)

L’Etat à la manoeuvre, les industriels en ordre de bataille, les sociétés de R&D en plein bouillonnement… Pas de doute, le marché de la chimie du végétal sort de l’ombre. Depuis quelques mois, la filière française se structure concrètement autour de plusieurs pôles régionaux : Champagne-Ardenne, Picardie, Languedoc-Roussillon ou encore Nord-Pas-de-Calais. Plus l’heure du pétrole cher se remet à sonner, plus la chimie verte émerge comme la solution alternative à la pétrochimie.

GreenUnivers décrypte les clés de ce marché émergent dans une série d’articles, à suivre sur notre site durant les prochaines semaines : la stratégie des groupes industriels, le modèle économique des start-up françaises et européennes, la dimension territoriale de la filière…

Plusieurs générations technologiques

La chimie du végétal est sur la piste de décollage, indiquait notre Panorama 2012 des cleantech en France, publié en janvier dernier. Depuis, les signes continuent de se multiplier. La nature recèle de nombreuses propriétés chimiques à valoriser : la pomme de terre ou le blé aujourd’hui, la paille, le miscanthus ou le bois demain, et les micro-algues après-demain.

Deux opérations symboliques sont à signaler le mois dernier. D’abord l’alliance industrielle de la start-up CIMV et du groupe d’ingénierie Technip dans le domaine de la deuxième génération technologique, tournée vers la biomasse non alimentaire. Ensuite du côté de la troisième génération formée par les micro-algues, la conclusion d’un accord technologique entre le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et la start-up Fermentalg.

L’Etat stratège arme la filière

Parallèlement, l’Etat porte un intérêt croissant aux chimies du futur (chimie du végétal et pétrochimie propre et durable). La France a lancé ces derniers mois quatre projets de clusters de référence mondiale sur cette thématique : Greenstars tourné vers les bioalgues (Languedoc-Roussillon), Ifmas sur la chimie du végétal (Nord-Pas-de-Calais), Pivert sur l’agronomie, la chimie et la biotechnologie (Picardie) et Indeed sur la chimie et les économies d’énergie (Rhône-Alpes).

Ces centres technologiques et pré-industriels public-privé sont labellisés IEED – Instituts d’excellence pour les énergies décarbonées. À eux quatre, ils vont catalyser un investissement de 656 millions d’euros sur dix ans, dont 24% d’argent public (158,1 M€). À l’image du succès des pôles de compétitivité depuis 2005 – comme le pôle Industrie et Agro-Ressources (IAR) – les IEED pourraient rapidement devenir des outils structurants. La filière française de la chimie verte est aujourd’hui armée pour appréhender son avenir.

Grandes et petites entreprises, un écosystème à bâtir

Plus de 20 entreprises, engagées dans ces IEED sur la chimie verte, y croient dont quelques références : GDF Suez, Rhodia, Arkema, Roquette, Sofiprotéol ou encore Total. Si les grands acteurs économiques sont prêts à participer à la création de cette filière d’innovation, trois challenges restent à surmonter : passer de la R&D à l’industrie, créer des passerelles entre plusieurs filières (ressource biomasse, agro-industrie, chimie, plasturgie, énergie…) et enfin trouver les modèles économiques (partenariats bilatéraux, écologie industrielle, bioraffinerie…).

Les start-up et autres petites entreprises innovantes auront un rôle primordial. Derrières des pourvoyeuses de technologies comme Deinove, Global Bioenergies ou Metabolic Explorer se cache une ribambelle de PME sur tous les maillons de la chaîne de valeur : Vegeplast, Yokozuna Technologies (Biobag), Biomiscanthus France Holding, BT3 Technologies… Fin avril dernier, les sociétés Biolie et Innobat ont reçu un prix de l’innovation au salon champenois Siñal, sur les valorisations non alimentaires des agro-ressources. Futuramat et Mexcamov avaient été les lauréats 2011 de ce prix.

Un marché à plusieurs inconnues

À la clé, les débouchés sont gigantesques : les bioplastiques (emballages, sacs, produits à usage unique, automobile…), la nutrition, l’hygiène et les cosmétiques, l’éco-construction, l’énergie… Sur les bioplastiques, l’un des premiers marchés à court terme, la production mondiale doit passer de 733 Ktpa (kilotonnes par an) en 2010 à 1.603 Ktpa en 2013, selon une étude de janvier dernier d’Alcimed et de l’Ademe (**). Les taux de croissance sur ce segment vont se concentrer dans trois zones, Europe, Asie et Amérique du Nord, cette dernière région concentrant plus de la moitié de la croissance en volume.

Plusieurs aiguillons attisent le marché : l’augmentation du prix du pétrole, la pression réglementaire, la demande des industries traditionnelles… C’est d’ailleurs du côté des industriels que les choses s’accélèrent ces derniers mois. Avec leur expérience, leurs outils productifs, leurs moyens financiers, leur force de frappe commerciale, ils représentent le levier indispensable au décollage du marché. Un sujet traité dans le prochain article de notre dossier sur la chimie verte.

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(*) Modification des lauréats 2011 et 2012 du Prix de l’innovation du Salon Siñal

(**) « Usage des résines biosourcées, quels développements en France, dans l’Union Européenne et dans le monde ? » Janv. 2011 Alcimed-Ademe

 

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