Carbox enrôlée par Mobivia, pieuvre de l’éco-mobilité

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Carbox

Depuis que le groupe Norauto s’est rebaptisé Mobivia il y a deux ans, il investit tous azimuts dans des activités liées au véhicule électrique et à la mobilité alternative. Et cette stratégie, de plus en plus cohérente, vise à préparer son avenir à côté de ses activités d’entretien et de réparation de véhicules – les fameux centres auto. Son fonds de développement Via-ID prend une participation minoritaire dans la petite entreprise Carbox, fondée en 2008 et leader émergent de l’autopartage pour les entreprises.

Carbox met à disposition des entreprises une flotte de véhicules que les salariés pourront se partager. Aucun détail financier n’a été divulgué, mais cet investissement permet à Carbox de boucler sa troisième levée de fonds, après les 1 M€ déjà collectés. Les fondateurs gardent le contrôle de l’entreprise.

Les offensives de Mobivia donnent le tournis : Altermove (concept-store sur la mobilité urbaine), Buzzcar (autopartage entre particuliers), Green Cove (covoiturage), Izydrive (chauffeur à la carte), Moving Car (location de voitures sans permis), Green On (location-vente de deux roues électriques), Sinéo (lavage de véhicules sans eau) et maintenant Carbox (autopartage pour les entreprises). Dès 2010, Mobivia avait aussi pris les devants avec des véhicules électriques, mais le marché ne semble pas décoller.

Financement, soutien opérationnel, partenariats multiples

Que manque t-il désormais à la pieuvre Mobivia ? Un investissement dans l’autopartage grand public ? Une offensive sur les logiques de transports multimodaux ? Quoi qu’il en soit, la stratégie de son fonds Via Initiatives & Développement (Via-ID) sur “les nouveaux usages dans le secteur de la mobilité durable” est très cohérente. Minutieusement, le groupe met en place un écosystème de métiers reposant sur des petites entreprises innovantes complémentaires entre elles et avec le groupe Mobivia.

“Mobivia nous apporte un soutien financier, mais l’idée est également d’avoir un partenaire industriel robuste au niveau national, grâce à son réseau de centres-auto, sur lequel nous allons pouvoir nous appuyer pour la préparation et l’entretien des véhicules”, explique Alexandre Crosby, associé fondateur de Carbox. Et le dirigeant va plus loin en évoquant des passerelles de développement possible avec Buzzcar, dans l’autopartage de particuliers à particuliers (C2C), avec Sinéo, sur le nettoyage de véhicule, ou encore avec Green On, sur le vélopartage. “Nous pouvons avoir les mêmes clients. Des synergies technologiques et commerciales sont envisageables,” note-t-il.

Mobivia : la stratégie de la pieuvre

Mobivia est bien l’un des rares groupes français, si ce n’est le seul, à prendre le marché de la mobilité alternative dans sa toute sa globalité, avec sa notion d’alliances. Il commence à se construire un petit empire, avec la stratégie de la pieuvre.

Le groupe forme la tête et impulse l’énergie, et chaque sociétés soutenues (une “enseigne” pour Mobivia) représente un des bras de la pieuvre, avec une approche marché précise. Chaque bras reste indépendant dans son développement, mais se nourrit de la force de l’ensemble. Et un bras peut se muscler plus que les autres sans impact négatif sur l’équilibre de la pieuvre. Au final, la tête Mobivia s’enrichit sur la mobilité du futur (connaissance, expérience, technologie) et se construit un écosystème unique en son genre sur la “multi-modalité”.

Carbox, de son côté, se différencie par sa solution technologique propriétaire et son avance sur l’autopartage B2B. “En France, nous sommes clairement le leader d’un marché en naissance,” indique Alexandre Crosby. Son chiffre d’affaires décolle avec 1,4 M€ en 2011 et 3 M€ attendus en 2012, pour un effectif d’une quinzaine de personnes. Mais la société n’est pas encore rentable.

Carbox : décollage attendu

Carbox dispose d’une flotte de 350 véhicules (dont 10% d’électriques), et propose une offre d’autopartage, en libre-service et sur-mesure, à destination des entreprises et des collectivités. Elle leur fournit une flotte de voitures dédiées, et se rémunère sur la prestation de services. Carbox estime ce secteur français à environ 500 véhicules déployés aujourd’hui. Elle aurait donc les deux-tiers du marché.

Airbus, Société Générale, L’Oréal, Bosch, Danone ou encore Vinci lui font déjà confiance. Et dans la région de Grenoble, en partenariat avec le Conseil général de l’Isère, elle mène une expérimentation d’autopartage inter-entreprises plutôt unique en son genre (projet Lisa). L’approche de Carbox permet d’optimiser l’utilisation d’un véhicule et de réduire de 40 à 50% la taille de la flotte d’une entreprise ou d’une collectivité, indique Mobivia dans un communiqué. Au final, moins de charges de transport, moins d’essence consommée, moins de pollution.

D’ici à 2016, la flotte Carbox, détenue en propre, doit atteindre 10.000 véhicules, un volume très important que Mobivia devrait épauler techniquement et financièrement. D’ici fin 2012, ce seront 600 véhicules, puis un doublement tous les ans. Carbox envisage d’ailleurs de se lancer sur le marché européen (Allemagne, Belgique, Pays-Bas…).

Mettre des barrières à l’entrée du marché

A côté de l’effet taille, Carbox mise beaucoup sur la R&D et sa plateforme logicielle étudiée spécifiquement pour proposer une offre personnalisable aux entreprises. “C’est un métier différent de l’autopartage grand public, où les systèmes sont standardisés”, souligne Alexandre Crosby. Et sur le front de l’innovation, la PME a mis au point un système de “Crédit mobilité” en direction des directions de Ressources Humaines, pour remplacer la voiture de fonction par une équation autopartage et déplacements personnels (train, location de courte durée et taxi).

Quels sont ses concurrents ? “Les loueurs de voiture longue durée se doivent d’avoir une offre d’autopartage à destination des entreprises et des collectivités”, indique Alexandre Crosby. Mais il souligne un détail non négligeable : “Cette solution de mobilité cannibalise mécaniquement le marché de la location longue durée”. L’équilibre est donc compliqué.

D’autres acteurs de la mobilité pourraient s’intéresser au marché, comme Veolia Transport ou Keolis.

Lancée sur le marché avec une solution propriétaire, aidée par un puissant groupe national et complémentaire d’une myriade de partenaires dans l’écosytème Mobivia, Carbox met des barrières à l’entrée de son jeune marché en espérant le dominer sur le long terme.

Alexandre Simonnet

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