Observatoire des start-up des cleantech : quels contrats pour les jeunes sociétés ?

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Dernier volet de notre enquête sur l’actualité des sociétés de l’Observatoire des start-up françaises des cleantech six mois après sa création : si la crise provoque des faillites, notamment dans le secteur solaire, et rend les levées de fonds particulièrement difficiles, les jeunes pousses se battent pour décrocher des contrats de recherche et commerciaux. Et les résultats sont là : notre recensement révèle des accords prometteurs, notamment celui signé par Innoveox, une entreprise spécialisée dans les unités de traitement des déchets industriels liquides, au Qatar, qui pourrait déboucher sur un marché de 200 M€.

En matière de R&D, plusieurs start-up ont décroché des fonds grâce aux appels à manifestations d’intérêt réalisés dans le cadre des Investissements d’avenir ou ont intégré l’un des premiers Instituts d’excellence sur les énergies décarbonées (IEED), ces plates-formes richement dotées qui doivent devenir des clusters de référence mondiale d’ici à dix ans. Un bol d’air pour des entreprises dont la R&D est très capitalistique.

Voici une liste (non exhaustive) de contrats emblématiques décrochés par des start-up ces six derniers mois, secteur par secteur :

Traitement des déchets

Innoveox, spécialiste girondin des unités de traitement des déchets industriels liquides dangereux, a signé en décembre 2011 un contrat de développement commercial d’une valeur potentielle de 200 M€ avec la société personnelle de l’un des membres de la famille royale du Qatar. La société espère produire et installer 72 machines à l’horizon 2017, ce qui rend indispensable une nouvelle levée de fonds de 10 à 15 millions d’euros d’ici à la fin de l’année, a expliqué Jean-Christophe Lépine, PDG d’Innoveox, à GreenUnivers.

Chimie verte

L’IEED GreenStars, dédié à la fabrication de produits, notamment de biocarburants, à partir d’algues, réunit cinq start-up de notre Observatoire : Microphyt, Algaestream, Algenics, Algu’Innov et Fermentalg. Un budget de 160 M€ sur 10 ans est prévu, dont près de 20 % d’aides publiques, pour cet IEED. Pour rappel, le secteur de la chimie verte et des biocarburants est le grand gagnant des IEED avec 4 instituts sur 9, pour un total de 656 M€ d’investissements.

Efficacité énergétique

La start-up de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Avob, qui développe des logiciels contre le gaspillage énergétique des ordinateurs, a signé en décembre 2011 un accord  avec l’un de plus grands groupes informatiques européens, SCC, pour la distribution de certaines de ses solutions en France. En janvier, Avob a aussi décroché un contrat auprès du groupe de protection sociale Réunica pour équiper son parc informatique de 3 680 postes. Le contrat a été précédé par une période de test qui a permis d’effecteur des économies de l’ordre de 160 000 euros et de 160 tonnes de CO2 par an, selon la société.

Biomasse

Connue surtout dans le solaire, Solarezo parie aussi sur la biomasse avec sa filiale Sylvador, producteur de biocombustibles et développeur de centrales. Elle a signé fin mars  un contrat avec CHO-Power, filiale d’Europlasma, pour l’approvisionnement de 15.000 tonnes de plaquettes forestières par an pour sa centrale de 12 MW de Morcenx, dans les Landes. Le site doit entrer en service dans les prochains mois.

Solaire

Parmi les quatorze projets technologiques soutenus par l’Etat dans le cadre des Investissements d’avenir, qui représentent globalement plus de 270 M€ d’investissements , plusieurs start-up sont présentes. Sur le photovoltaïque à concentration, le projet de la société parisienne Heliotrop, HCPV1024Soleils, a su convaincre et, sur la filière en couches minces, Nexcis, implantée dans les Bouches-du-Rhône, et Solsia, à Paris, ont aussi tiré leur épingle du jeu.

Exosun, implantée à Martillac (Gironde), a achevé début avril la construction de la plus grande centrale photovoltaïque équipée de trackers de France pour La Compagnie du Vent, filiale de GDF Suez. Implantée en Haute-Corse, elle a une puissance installée de 3,8 MW. Exosun a aussi reçu le soutien de l’Ademe dans le cadre de l’appel à manifestations d’intérêt pour un projet solaire thermodynamique porté par Schneider-Electric, Microsol.

Infrastructures d’énergie (smart grid)

Le projet de réseau électrique intelligent IssyGrid, situé à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), est piloté par un consortium regroupant dix entreprises majeures, contribuant équitablement sur un plan financier, dont Bouygues est le chef d’orchestre. Parmi les autres partenaires, deux start-up : Ijenko (plateforme de gestion énergétique, domotique), dont le fonds Bouygues Telecom Initiatives est l’un des actionnaires et Embix (pilotage énergétique des éco-quartiers), une co-entreprise créée en 2011 entre Bouygues Immobilier, ETDE et Alstom.

Services

Filiale de CDC Climat, Metnext, société parisienne qui analyse des données sur l’impact de la météo sur la consommation, signe un partenariat avec Carrefour pour lui fournir chaque semaine, et pour chaque hypermarché, des indicateurs sur les ventes réalisées pour les rayons alimentaires, très sensibles aux données météo. A terme, Metnext analysera aussi des rayons non-alimentaires. Ces indicateurs seront intégrés au système de prévisions des ventes de Carrefour pour optimiser les processus logistiques et réduire les ruptures en magasin.

Stockage énergétique

SymbioFCell trouve un partenaire de taille avec le géant allemand Siemens qui lui permettra d’installer la première unité de production à grande échelle pour ses piles à combustible sur le pôle technologique et industriel du groupe allemand à Grenoble (Isère). Siemens pourrait aussi ouvrir la porte d’entrée du très prometteur marché d’outre-Rhin à la start-up savoyarde.

Transports

Induct, société de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) qui compte le soutien du fonds luxembourgois de capital risque Mangrove Capital Partners, multiplie les contrats pour son véhicule électrique et intelligent, le Cybergo. Selon le Journal de l’éco de France Info, parmi ses premiers clients se trouvent l’hôpital du Mans à partir de septembre prochain et l’aéroport de Francfort à partir de l’été. Et son véhicule devrait commencer des essais au parc de Dysneyworld en Floride, en mai. Induct doit démarrer sa production industrielle en juin et prévoit de passer d’une quarantaine de salariés à une centaine d’ici à la fin de l’année.

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