Le marché solaire français est mort, mais les tarifs baissent toujours

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L’heure est grave pour la filière solaire photovoltaïque : déjà bridé depuis plusieurs trimestres, le marché des installations de moins de 100 kW sur des bâtiments est officiellement mort, ou presque. Et pourtant, les tarifs d’achat enchaînent leur quatrième baisse trimestrielle depuis la réforme de mars 2011 : moins 4,5 % pour les centrales sur le résidentiel et moins 9,5 % sur les autres bâtiments. Des baisses identiques aux deux précédents trimestres.

La rémunération du kWh produit est désormais comprise, pour le trimestre en cours, entre 19,34 c€ et 37,06 c€, contre 21,37 à 38,80 c€ au premier trimestre. Des baisses qui interviennent alors qu’un projet d’arrêté vise à bonifier de 10% les installations équipées de panneaux européens.

150 MW par trimestre, pas plus

Entre janvier et fin mars dernier, le segment de moins de 100 kW a enregistré 140 MW de nouvelles demandes de raccordement, réparties sur plus de 11.000 installations. Un rythme quasi-identique aux niveaux de 154 MW et 130 MW observés respectivement sur les deux derniers trimestres de 2011. (Prendre connaissance du Bilan trimestriel des volumes du marché inférieur à 100 kW – PDF).

Les statistiques solaires répertoriées par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) donne aujourd’hui assez de recul pour constater que le marché français est infime chaque trimestre. Et même si le volume cumulé croît un peu sur un an, cela reste dérisoire. Ce segment de marché n’a plus aucune dynamique et offre peu de perspectives (graphiques ci-dessous) à l’heure actuelle.

Le secteur n’arrive plus à dépasser les 150 MW environ d’installations par trimestre. Un seuil qui découle directement du dispositif réglementaire remanié de mars 2011, avec un système de tarifs dégressifs tous les trimestres. (Prendre connaissance de la Grille tarifaire du marché inférieur à 100 kW – PDF).

Un marché sans dynamique

Le marché français quasi mort contraste une nouvelle fois avec la vigueur du marché allemand. Outre-Rhin, malgré un secteur industriel tétanisé, le marché photovoltaïque au 1er trimestre 2012 a enregistré 1.800 MW de puissance. Un rush certes catalysé par l’annonce d’une nouvelle baisse de près de 30% des tarifs d’achat dès avril.

Sur la même période, la France affiche un marché de 140 MW, hors appels d’offres (dispositifs obligatoires au delà de 100 kW). L’Hexagone a donc représenté 8% seulement du volume allemand ces trois derniers mois.

Et sur 12 mois, le marché national (hors appels d’offres) pèse 641 MW, soit un tiers seulement du poids allemand sur 3 mois seulement.

Ces derniers mois, de nombreuses entreprises françaises spécialisées dans l’installation, en aval du marché, ont fait faillite. Avec cette situation, l’année 2012 pourrait achever les dernières qui résistent. Et en amont, les industriels et les fabricants de modules ont désormais l’obligation vitale de trouver des marchés à l’export, sous peine de disparaître lentement.

Au final, pour les installations inférieures à 100 kW, la filière semble plus que jamais avoir besoin pour survivre d’une volonté politique et d’un cadre réglementaire cohérent. Et sur les centrales supérieures à 100 kW, les appels d’offres offrent aujourd’hui trop peu de visibilité…

(Source : GreenUnivers, CRE) / Puissance exprimée en MW
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