Eolien offshore : EDF EN officialisé vainqueur, Iberdrola repêché et GDF Suez grand perdant

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Prototype de la turbine Haliade 150 d’Alstom

Cette fois, c’est officiel : le consortium EDF Energies Nouvelles/Dong Energy/Alstom est, comme prévu, le grand vainqueur du premier appel d’offres éolien offshore français portant sur 3 GW pour un investissement de 10 milliards d’euros. De son côté, l’énergéticien espagnol Iberdrola associé à Eole-RES gagne une zone alors que GDF Suez n’en obtient aucune. C’est Eric Besson, ministre de l’Energie, qui vient d’officialiser les résultats en fin de matinée lors d’un point presse après une semaine de rumeurs.

EDF EN et ses alliés remportent donc trois zones sur les cinq ouvertes à la compétition, soit un total de plus d’1,7 GW en jeu au large de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique, 750 MW), Fécamp (Seine-Maritime, 500 MW) et Courseulles-sur-Mer (Calvados, 500 MW). EDF EN n’a rien laissé au hasard pour l’emporter : il s’est associé au numéro un mondial de l’éolien offshore, le danois Dong Energy, mais aussi à des développeurs bien implantés sur les zones ciblées : WPD Offshore et Nass&Wind Offshore. Et il a investi des millions d’euros dans des études préparatoires sur les zones, notamment pour déterminer le type de fondations à construire. Il a aussi proposé un prix d’achat de l’électricité très compétitif, un critère qui entrait pour 40% dans la note attribuée dans le cadre de cet appel d’offres.

Iberdrola gagne un parc, échec pour GDF Suez

Le consortium piloté par l’énergéticien espagnol Iberdrola avec Eole-RES, avec également Technip, Neoen Marine et Areva, gagne de son côté la zone de Saint-Brieuc (Côtes d’Armor, 500 MW). Le gouvernement n’a donc pas complètement suivi l’avis de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), qui avait recommandé d’attribuer quatre des cinq zones à EDF EN, selon une information révélée par Les Echos il y a une semaine.

Comme l’avait suggéré la CRE, l’appel d’offres est en revanche déclaré infructueux sur la cinquième zone, au Tréport (Seine-Maritime, 750 MW), où seul GDF Suez était candidat avec un  projet développé par sa filiale La Compagnie du Vent depuis 2005. Ce dernier est donc le grand perdant de la compétition : allié à CDC Infrastructure et Vinci, avec pour les turbines Areva sur trois zones et Siemens sur la dernière, il était candidat sur quatre zones et n’en récupère aucune.

L’énergéticien a semble-t-il proposé un prix d’achat de l’électricité trop élevé et il a sans doute aussi souffert de la défection de l’énergéticien allemand E.ON, qui avait travaillé de longs mois à ses côtés avant de se retirer à la veille de la clôture de l’appel d’offres en janvier dernier. Il a ainsi perdu un partenaire clé qui aurait pu lui apporter son expertise du développement de parcs éoliens offshore comme Dong l’a fait avec EDF EN.

Sans lauréat sur cette zone, les 3 GW ouverts dans le cadre de l’appel d’offres ne seront donc pas atteints. L’objectif de la France d’atteindre 6 GW d’éolien offshore en 2020 est ainsi mis à mal.

Turbines : grand succès pour Alstom, consolation pour Areva

Du côté des turbiniers, Alstom a atteint ses objectifs : le groupe avait indiqué dès mai dernier à GreenUnivers qu’il visait près d’1,5 GW dans le cadre de cette première tranche. Sa future turbine Haliade 150 de 6 MW, dont seul un prototype existe aujourd’hui au Carnet (Loire-Atlantique), obtient ainsi ses premières commandes. En cas de succès, le groupe avait annoncé son intention d’investir 100 millions d’euros entre Saint-Nazaire et Cherbourg entre les usines de nacelles, génératrices, pales et mâts. Avec à la clé 7 500 emplois.

En revanche, Areva espérait deux zones mais n’en obtient qu’une, Saint-Brieuc, où il était positionné aux côtés d’Iberdrola. Une consolation : comme le confiait Louis-François Durret, patron des énergies renouvelables du groupe, à GreenUnivers le 28 mars dernier, la zone de Saint-Brieuc était la plus stratégique pour le groupe. Elle lui permet de bloquer l’arrivée en France de son grand rival au niveau européen, l’allemand Siemens, et sans doute d’accélérer sa pénétration sur d’autres marchés européens grâce à l’appui d’Iberdrola, qui a de grandes ambitions dans l’éolien offshore. En outre, Areva remporte une victoire de prestige car Saint-Brieuc était la zone la plus convoitée de l’appel d’offres, la seule où trois consortiums s’affrontaient.

Reste à savoir ce que va devenir le projet industriel d’Areva : le groupe s’était engagé à construire deux usines au Havre, pour la fabrication des pales et l’assemblage des nacelles, représentant 750 emplois directs à condition d’obtenir deux parcs. Avec un seul lot, son investissement risque d’être revu à la baisse.

 

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