Les véhicules électriques dans la “vallée de la mort”, selon l’AIE

Print Friendly, PDF & Email

Les véhicules électriques et hybrides sont en train de traverser la “vallée de la mort” selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Les prix élevés des voitures, le manque d’infrastructures, le besoin d’investissements importants sont autant d’obstacles qui freinent le développement du marché a expliqué François Cuenot, analyste du secteur transport de l’agence, lors des rencontres sur l’électro-mobilité, organisées par Saft, Siemens et EDF, à Nice le 6 janvier. “Le marché démarre, mais nous sommes à une période critique pour son développement”, juge-t-il.

Indispensables pour atteindre les objectifs de réduction des émissions de CO2 fixés par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) pour lutter contre le changement climatique, les véhicules hybrides et électriques devraient compter pour plus des deux tiers des ventes – tous véhicules confondus – en 2050, selon l’AIE. Pour atteindre cet objectif, il serait nécessaire de vendre 7 millions de VE ou hybrides en 2020, 30 millions en 2030 et 100 millions en 2020.

Encore beaucoup de conditions

Un tel rythme est-il réalisable ? Plusieurs conditions sont nécessaires pour y parvenir. Le prix des batteries doit d’abord baisser, ou en tout cas doit pouvoir être amorti sur la durée. Des infrastructures de recharge ou d’échange des batteries, connues des conducteurs via GPS, par exemple, sont ensuite nécessaires dans les villes. Enfin, une production de masse sera indispensable pour réduire les coûts de la fabrication des véhicules, des batteries, comme l’a indiqué John Searle, président du directoire de Saft, et même des infrastructures.

Pour l’AIE, la période entre 2010 et 2020 sera critique pour atteindre les économies d’échelle pour la commercialisation des véhicules électriques. Les Etats et les constructeurs pourront-ils suivre ? Ils annoncent des chiffres divergents.

Les infrastructures de recharge rapide pas rentables

En ajoutant les annonces de différents Etats (dont ceux de l’UE, le Canada, les Etats-Unis, la Chine, le Japon, la Corée, Israël) sur leurs objectifs de ventes de véhicules électriques et hybrides, ceux-ci devraient atteindre sept millions en 2020, selon l’AIE. Pourtant, toujours selon l’agence, les objectifs fixés par les constructeurs en termes de ventes ne pourront pas répondre à cette demande : début 2011, on tablait sur 0,9 million d’unités pour 2015 et 1,4 million pour 2020… Très loin des objectifs des gouvernements.

Autre difficulté : les infrastructures de recharge. Selon François Cuenot, les dispositifs de recharge rapide peuvent rassurer le public mais leur business modèle n’est pas rentable. Recharger un véhicule électrique à son domicile le soir, en France, coûterait 4 centimes d’euro/kWh. Une borne de recharge classique nécessiterait d’atteindre un taux d’occupation de 54% (12 heures par jour) par 51 véhicules pour arriver à ce même tarif et, pour une borne de recharge rapide, il faudrait un taux d’occupation de 27% (6 heures) avec 267 véhicules pour le même résultat. Difficile à atteindre. Puisque plus de 80% des recharges s’effectuent au domicile ou sur le lieu de travail, installer des bornes de recharge rapide semble donc trop coûteux et inutile. Sauf qu’elles permettent de rassurer le public qui reste encore largement à conquérir…

Article précédentBataille de consortiums sur l’éolien offshore : revue des armadas
Article suivantEn bref : Photowatt, TMW, BNP Paribas Clean Energy, éolien au Maroc