Voitures électriques : un démarrage timide, mais l’Etat veille…

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Les ventes de véhicules électriques, tous constructeurs confondus, ont représenté moins de 0,1 % des immatriculations au 1er semestre 2011 en France, selon le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA). Malgré ces débuts très timides, le gouvernement parie beaucoup sur cette filière. Le ministre de l’Industrie Eric Besson a réuni, hier, les PDG d’une vingtaine d’entreprises de l’automobile (Renault, PSA Peugeot Citroën, Bolloré, Mia Electric, etc.) et de la filière électrique (EDF, Schneider Electric, etc.) pour signer une charte pour promouvoir l’industrialisation du véhicule électrique.

Ce document comporte dix engagements parmi lesquels : proposer des offres de véhicules électriques et hybrides attractives pour les particuliers, promouvoir ces types de voitures auprès des flottes et des collectivités et faciliter la recharge domestique des automobiles.

Un soutien financier important de l’Etat

Cette grand-messe a permis au gouvernement de rappeler son soutien à la filière, avec notamment le programme « Véhicule du futur », qui alloue 750 millions dans le cadre des Investissements d’avenir pour l’innovation dans les moteurs électriques et hybrides, le Programme de recherche des transports terrestres (Predit), qui mobilise 400 millions d’euros au service de la mobilité du futur, et les 140 millions d’euros de prêts verts accordés, entre autres, à Mia et Bolloré-Batscap.

Reste que les promesses de l’Etat au secteur ne se concrétisent pas toujours : Renault a perdu, cet été, les fonds annoncés pour sa future grande usine de batteries électriques de Flins.

Avec le développement des véhicules décarbonés, le gouvernement espère dynamiser l’activité d’un secteur qui a beaucoup délocalisé. « Ces technologies doivent générer en France plus de 12 milliards d’euros d’activité par an à l’horizon 2025 », a martelé Eric Besson. 

… pour un pari risqué

Mais le pari est loin d’être gagné : au niveau mondial, dans dix ans, les réticences liées à l’achat d’un véhicule à énergie de substitution constitueront encore un obstacle pour les consommateurs, selon une étude du cabinet J. D. Power Associates. Le coût et la performance des batteries (autonomie, temps requis pour le rechargement) constituant les deux points noirs. Le rapport indique que les ventes mondiales combinées de véhicules hybrides électriques et de véhicules électriques à batterie devraient atteindre 5,2 millions d’unités en 2020, soit seulement 7,3% des 70,9 millions de véhicules de tourisme vendus en 2020.

Pour la France, le cabinet Xerfi (*) prévoit que les véhicules électriques ne dépasseront pas 2 % des immatriculations en 2010, soit 35 000 véhicules, toujours à cause du prix d’achat, de l’autonomie et aussi de la concurrence des véhicules hybrides.

Et de fait, le marché démarre très lentement : 955 voitures particulières électriques ont été immatriculées au premier semestre 2011 (avec 75% de part de marché pour PSA), selon le CCFA. Il est vrai que les modèles électriques se comptent pour l’instant sur les doigts de la main. Mais les lancements vont se multiplier, avec bientôt la Kangoo Zéro Emission (Renault) ou encore la BlueCar (Bolloré)… A la veille de ces sorties, la mobilisation orchestrée par le gouvernement a permis de rappeler les enjeux du marché des véhicules électriques pour la filière automobile.

Elise Kuntzelmann

(*) “Le marché français des véhicules électriques à l’horizon 2020 : quelles perspectives et quelle redistribution, des cartes au sein de la filière automobile ?”, Xerfi, Décembre 2010.

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