Baromètre GreenUnivers – La Tribune |
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Le baromètre GreenUnivers/La Tribune du 2ème trimestre 2011 recense 67 levées de fonds et fusions-acquisitions d’importance pour un montant de 8,2 milliards d’euros, contre 120 deals majeurs et 4,9 milliards d’euros au 2ème trimestre 2010, soit une hausse de 67% (*). Un niveau cependant un peu inférieur à celui du 1e trimestre 2011 (8,7 milliards d’euros).
Signe que le green business gagne en maturité, mais engendre davantage de méfiance, nous avons recensé moins d’opérations internationales au 2ème trimestre — 33 opérations contre 42 un an plus tôt– mais de plus grandes tailles. Au total, les transactions totalisent 6,16 mds de dollars (4,1 mds €), hors deals impliquant des entreprises françaises.
Et pour la première fois depuis la création de notre baromètre en 2009, la France fait jeu égal avec le reste du monde en volume et en valeur avec 34 opérations comptabilisées – dont 12 fusions-acquisitions et 22 levées de fonds – pour un montant total de 4,1 mds € !
* : tous les montants ne sont pas connus
Analyse sectorielle détaillée après les tableaux
International
Les 10 premières levées de fonds et fusions-acquisitions internationales au 2ème trimestre 2011 | ||||
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Pays | Secteur | Opération | Montant | |
1 | Japon/Suisse | Smart grid | Toshiba rachète Landis+Gyr, n°1 mondial des compteurs intelligents | 2,3 Mds $ |
2 | USA/Belgique | Recyclage | Le fonds First Reserve Corporation rachète le groupe belge Metallum Holdings, spécialiste du recyclage du cuivre | 670 M $ |
3 | Brésil | Eolien | L’opérateur éolien brésilien Jantus est repris par CPFL Energia | 597 M $ |
4 | Suisse | Solaire | Meyer Burger rachète Roth & Rau, un industriel qui fabrique des équipements pour usines de cellules photovoltaïques | 519 M $ |
5 | USA | Biocarburants | La start-up pionnière des algues Solazyme cartonne en entrant en Bourse | 227 M $ |
6 | Chine | Transports | Le constructeur BYD, qui mise sur les véhicules électriques, lève 200 M $ en se cotant à Shenzhen | 219 M $ |
7 | USA | Transports | Le constructeur californien de voitures électriques Tesla lève encore des fonds en Bourse | 211 M$ |
8 | USA | Transports | IPO réussie pour le multi-déficitaire Zipcar, roi de l’auto-partage | 174 M $ |
9 | USA | Biocarburants | La jeune société texane KiOR s’enrichit en Bourse lors de son introduction sur le Nasdaq | 150 M $ |
10 | USA/Chine | Solaire | Le fonds TPG Capital mise sur le producteur de wafers de silicium chinois Comtec Solar System | 150 M $ |
France
Les 5 premières levées de fonds et fusions-acquisitions menées par des entreprises françaises au 2ème trimestre 2011 | ||||
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Pays | Secteur | Opération | Montant | |
1 | France/Espagne | Smart grid | Schneider Electric lance une OPA amicale sur l’éditeur espagnol Telvent, spécialisé dans les solutions informatiques pour la gestion en temps réel des infrastructures critiques dans l’énergie, des transports et la gestion de l’eau (opération en cours) | 1,4 Mds € (2 Mds $) |
2 | France | Energies renouvelables | Le groupe EDF rachète les 50% du capital de sa filiale dédiée aux énergies vertes EDF EN qu’il ne détenait pas |
1,05 Mds € (sans compter les actions EDF EN échangées contre des titres EDF) |
3 | France/USA | Solaire | Le pétrolier Total s’empare du fabricant américain de panneaux photovoltaïques SunPower |
900 M€(1,3 Mds $) |
4 | France/Chine | Efficacité énergétique | Schneider Electric acquiert le chinois Leader Harvest Power Technologies, spécialiste des moteurs industriels économes en énergie | 450 M€(650 M $) |
5 | France/Inde | Smart grid | Schneider Electric rachète 74% du groupe indien Luminous, spécialiste des onduleurs pour les installations solaires et éoliennes et des solutions de stockage destinées à pallier les coupures d’électricité | 215 M€ |
Analyse sectorielle
International
Théâtre d’une rafale de fusions-acquisitions sur des cibles de plus en plus grosses, le secteur du smart grid arrive en tête, avec 2,37 milliards de dollars, dominé par la surenchère entre grands industriels qui a abouti au rachat pour 2,3 milliards de dollars du n°1 mondial des compteurs, le suisse Landis+Gyr. Viennent ensuite le solaire (1 milliard $) et l’éolien (920 M$), puis le transport (770 M$), le recyclage (670 M$) et les biocarburants (350 M $).
Retour des IPO & gros rachats
Autre nette tendance du trimestre, le redémarrage des introductions en Bourse de sociétés du secteur, du moins à Wall Street, avec des IPO spectaculaires de start-up souvent très lourdement déficitaires. C’est le cas de la pionnière des biocarburants tirés des algues Solazyme, qui a levé 227 millions $, du fabricant de biocarburants à partir de copeaux de bois KiOR, ou encore de la star américaine de l’auto-partage Zipcar, un franc succès populaire mais qui accumule des dizaines de millions de dollars de pertes. D’autres IPO vedettes sont annoncées, comme celle de Silver Spring Networks, spécialiste du smart grid.
Les fusions-acquisitions passent à la vitesse supérieure, avec des opérations phares comme le rachat de Roth & Rau par le suisse Meyer Burger, qui a créé le n°1 mondial des équipements pour usines photovoltaïques, celui de Landis+Gyr par Toshiba, ou encore celui du spécialiste du recyclage du cuivre, le belge Metallum Holdings par un fonds américain.
A l’inverse, les petites levées de fonds se font nettement plus rares, comme si les fonds préféraient réserver leurs moyens aux entreprises installées : ce trimestre a vu quelques rares grosses levées de fonds, concentrées sur les constructeurs de voitures électriques déjà richement financés, les californiens Tesla et Fisker. Gourmands en capitaux, les deux groupes ont récolté respectivement 211 millions et 140 millions de dollars, après avoir déjà levé des montants colossaux les trimestres précédents. Faute d’avoir su les imiter, le constructeur norvégien Think vient de faire faillite.
Zone de turbulences pour le solaire
Le secteur solaire mondial a été plombé par la réduction des subventions un peu partout en Europe, en particulier en France et en Italie. D’où l’attrait encore accru pour les centrales construites précédemment, assurées d’un tarif de rachat de l’électricité garanti sur 20 ans. Les investisseurs ont aussi joué la sécurité en misant sur de très grands parcs solaires ou éoliens en construction, dont le business modèle semble solide.
C’est ainsi que Google a investi plus de 200 millions de dollars sur le plus grand parc américain et mondial en construction. Nous avons également vu se multiplier les rachats de grands développeurs éoliens disposant d’un large portefeuille en construction, comme le brésilien Jantus.
Dans le solaire, notre recensement montre un net regain d’intérêt pour les panneaux à très haut rendement, comme l’illustre le rachat de SunPower par Total mais aussi Suniva, qui a levé 94,4 millions de dollars durant le trimestre, ou encore le chinois JA solar qui vient de racheter un producteur de wafers de silicium de haute qualité.
Derniers feux du moteur Obama
Aux Etats-Unis, la manne des crédits garantis distribués par le gouvernement Obama, qui arrivera bientôt à son terme, attire les fonds vers des projets soutenus à coups de milliards de dollars, comme la future centrale solaire thermique Ivanpah de BrightSource, où Google a injecté 168 millions de dollars. Mais BrightSource, poussé par le succès des récentes IPO dans les cleantech, veut essayer lever encore 250 millions en se cotant en Bourse.
Le gagnant du trimestre
C’est un trimestre hyperactif pour Siemens, surtout dans l’efficacité énergétique et la gestion intelligente de l’énergie. Le groupe allemand a choisi des cibles plus modestes que le français Schneider Electric mais s’est diversifié en investissant dans le photovoltaïque à concentration avec Semprius, le smart grid dans les foyers avec Tendril, et il aussi engrangé des méga-contrats pour ses éoliennes offshore, secteur où il prend un net leadership mondial.
France
Les entreprises françaises ont été hyperactives ce trimestre autant pour racheter des sociétés que pour lever des fonds. Mais en valeur, ce sont bien les fusions-acquisitions, réalisées souvent à l’international, qui gonflent les chiffres, les levées de fonds restant modestes, la plus importante étant celle du fabricant d’éoliennes Vergnet qui a récolté 18 M€ auprès du Fonds stratégique d’investissement (FSI) et du développeur breton Nass&Wind. Par secteurs, les énergies renouvelables font la course en tête avec plus de 2 mds € de transactions, devant le smart grid (1,6 mds), l’efficacité énergétique (460 M€) et très loin derrière la chimie verte (près de 13 M€) et les transports (8 M€).
Un champion incontestable : Schneider Electric
Si la France fait jeu égal avec le reste du monde, elle le doit essentiellement à un groupe : Schneider Electric. C’est un véritable festival pour le spécialiste de la gestion de l’énergie qui s’active sur la planète entière pour se renforcer dans le smart grid et l’efficacité énergétique. Il a racheté l’indien Luminous, le chinois Leader Harvest Power Technologies et a lancé une OPA (encore en cours) sur l’espagnol Telvent. Résultat : sur les 5 plus grosses opérations du trimestre, il en signe trois pour un montant de plus de 2 mds €. Du jamais vu !
Les grands de l’énergie se renforcent
Signe que les énergies renouvelables ont gagné en crédibilité et deviennent des actifs stratégiques, les plus grands groupes de l’énergie s’y intéressent de près et cherchent à se renforcer dans ce domaine. Le pétrolier Total a réalisé l’une des plus belles opérations du trimestre avec l’acquisition du fabricant américain de panneaux photovoltaïques SunPower et il a également acquis les 50% qu’il ne détenait pas dans Tenesol. De son côté, EDF a suivi le chemin ouvert par l’espagnol Iberdrola, qui a racheté sa filiale dédiées aux énergies renouvelables, en prenant le contrôle complet d’EDF EN.
La Bourse reste rare
Si les IPO sont revenues en force à l’international, ce n’est pas – encore ? – le cas dans l’Hexagone. Une seule entreprise française des cleantech a choisi de s’introduire ce trimestre, Global Bioenergies. Bien lui en a pris : elle a récolté 6,6 M€, plus que ce qu’elle avait prévu.
Biogaz : une valeur qui monte
Alors que le marché français du solaire tourne au ralenti depuis l’instauration d’un moratoire en décembre 2010 suivi de la mise en place d’une nouvelle réglementation moins favorable, beaucoup de jeunes sociétés des énergies renouvelables cherchent à se diversifier dans la biomasse ou le biogaz, des secteurs aujourd’hui plus porteurs. Et elles lèvent des fonds pour faciliter cette évolution, à l’image du groupe Fonroche qui a relevé 15 M auprès de son actionnaire Eurazeo pour se développer à l’international dans le solaire et en France dans le biogaz.
La chimie verte intéresse les investisseurs
Les chiffres sont encore modestes mais les levées de fonds se multiplient dans le jeune secteur de la chimie verte. Les investisseurs s’y intéressent à m’image de Sofinnova Partners et du fonds corporate Aster (lancé par… Schneider Electric, et qui réunit aussi aujourd’hui Alstom et Rhodia) : ils ont ainsi mis de l’argent dans une société néerlandaise, Avantium, qui se positionne sur le créneau des plastiques biosourcés.
Les transports au ralenti
C’est une petite déception en France, contrairement à ce qui se passe à l’international : le secteur des transports « propres », habituellement très actif, perd de la vitesse avec seulement 8 M€ de transactions comptabilisées dans notre baromètre. Serait-ce un effet du lent démarrage des voitures électriques ? On les attendait en 2011 mais à mi-année, elles restent encore très peu visibles. Il leur reste six mois pour réussir leur arrivée. La mise en place de dispositifs d’auto-partage avec des véhicules électriques dans de grandes villes, et notamment Paris à l’automne avec le groupe Bolloré comme pilote, sera sans doute un test décisif. S’il est positif, les levées de fonds pourraient redémarrer de plus belle.