Alstom tente l’énergie des vagues avec AWS Ocean Energy

Print Friendly, PDF & Email

Alstom met un pied dans un nouveau secteur des cleantech, l’énergie des vagues, en rachetant 40% de la petite société écossaise AWS Ocean Energy, start-up de 14 personnes qui a développé une bouée verticale amarrée au fond de l’eau et dotée d’un flotteur mécanique, dont le mouvement est converti en électricité. Le montant de l’investissement n’est pas dévoilé.

La jeune pousse, créée en 2004, avait déjà obtenu mi-2010 plus de 2 millions de livres apportés par la branche de capital-risque du pétrolier Shell, Shell Technology Ventures Fund I, et la Scottish Investment Bank. Elle avait aussi reçu il y a un an une subvention de 1,39 million de livres du gouvernement écossais. Et le fonds de Shell y avait déjà investi plus de 2 millions de livres dès 2008.

Ses bouées sont testées dans les eaux du Loch Ness et elle prépare un modèle d’une puissance de 2,5 MW, l’AWS-III. Une technologie plus simple que certaines très grosses machines, comme l’Oyster développée par le britannique Aquamarine Power.

Un test pour Alstom

Juqu’ici, Alstom n’était pas présent sur le secteur de l’énergie houlomotrice, encore expérimental, où beaucoup de grands groupes industriels et pétroliers ont, à tout hasard, investi un peu. Jusqu’ici aucune technologie ne s’est clairement imposée, et toutes sortes de bouées marines mécaniques sont testées, avec parfois des ratés pour celles posées à la surface des vagues, plus exposées aux dommages de la météo, comme les Pelamis. Elles attirent moins d’investissements que les hydroliennes posées au fond de l’eau et qui tournent au gré des courants.

Le patron d’Alstom Hydro et Vent, Philippe Cochet (qui va bientôt changer de casquette), a souligné dans un communiqué que son groupe avait pris cette décision “après avoir étudié beaucoup de technologies différentes”, et que celle d’AWS complètera ses activités dans l’énergies des courants et dans l’éolien offshore. Le groupe français compte intégrer cet investissement dans sa branche Alstom Ocean, qui réunit ces différents secteurs.

Alstom est déjà actif dans l’énergie des courants : il a acquis auprès de  la société canadienne Clean Current Power Systems la licence d’exploitation de la Beluga, une hydrolienne de 20 mètres de haut et d’une puissance de 1 MW qu’il teste au Canada, dans la Baie de Fundy. En outre, en France, Alstom participe au projet Orca, mené par Alstom Hydro (coentreprise Alstom-Bouygues), l’École Centrale de Nantes et le CETIM (Centre techniques des industries mécaniques), à Paimpol-Bréhat (Côtes-d’Armor) : il vise la production d’une hydrolienne de 1 MW d’ici à fin 2012.

De gros marchés au Royaume-Uni

Alstom estime que l’énergie de la mer pourrait à terme satisfaire 20% de la demande énergétique britannique, sachant que le Royaume-Uni capte à lui seul la moitié de la ressource marémotrice en Europe.

Le premier ministre écossais Alex Salmond, qui a lui même fièrement annoncé l’arrivée d’Alstom comme actionnaire de la start-up, a rappelé que l’Ecosse se veut “l’Arabie Saoudite de l’énergie marine” et qu’elle vise 100% d’électricité de sources renouvelables pour 2020, une ambition pratiquement unique au monde. “Scotland rules the waves“, a-t-il lancé.

L’énergie houlomotrice est inexistante en France alors que la Grande-Bretagne a pris dans ce domaine une avance certaine, tant du côté des industriels que pour le développement de sites de démonstration. Au nord de l’Ecosse, à Orkney, se trouve l’Emec, l’European Marine Energy Centre, site de référence en Europe.

A la pointe sud-ouest du pays se met en place un autre site de démonstration, porté par le projet Wave Hub. D’un budget de 42 millions de livres, il prévoit d’installer un réseau sous-marin de câbles et de stations pour recevoir quatre technologies houlomotrices différentes, à raison de 4 à 5 MW chacune.

Ambitions tous azimuts dans les EnR

Dans les énergies renouvelables, Alstom est de plus en plus ambitieux, à la fois dans le solaire et plus encore dans l’éolien, où il veut devenir l’un des 10 premiers fournisseurs mondiaux.

En décembre 2009, le groupe investissait 20 millions d’euros pour créer une usine d’assemblage d’éoliennes de 300 MW au Brésil qui entrera en service en décembre et vient de remporter dans le pays un très gros contrat. Il a aussi annoncé, en 2010, la construction d’une usine d’assemblage d’éoliennes au Texas. Enfin, il prépare avec son allié belge Belwind une turbine géante de 6 MW pour les marchés éoliens offshore, avec une usine en vue en France. Il s’est d’ailleurs associé à EDF EN pour répondre aux futurs appels d’offres français : il espère remporter au moins 1 GW sur les 3 GW qui seront ouverts dans un premier temps, nous expliquait récemment Frédéric Hendrick, vice-président de l’activité éolien offshore d’Alstom Power.

Dans le solaire, Alstom a aussi pris une participation de 130 millions de dollars dans l’américain BrightSource Energy (solaire thermique) dont il est devenu l’un des principaux actionnaires.

 

Article précédentÉolien offshore : Quelle stratégie pour les développeurs français ? (Premium)
Article suivantForce-A à la conquête du monde agricole avec deux fonds (Premium)