La France s’offre une grand-messe de l’efficacité énergétique

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Alors que de nombreux pays, à l’image de l’Allemagne, repensent actuellement leur mix énergétique avec l’objectif de réduire progressivement la part du nucléaire au profit notamment des énergies renouvelables, le gouvernement français se distingue en focalisant le débat sur l’efficacité énergétique.

En la matière, le pays n’est pas mauvais élève mais il pourrait faire beaucoup mieux, estime le gouvernement qui a décidé de lancer un mini Grenelle de l’efficacité énergétique pour mettre les bouchées doubles. “Comme toute l’Europe, la France vise une augmentation de l’efficacité énergétique de 20% entre 2005 et 2020. Avec toutes les mesures annoncées jusque là, nous sommes sur la bonne voie mais pas tout à fait dans l’épure puisque nous devrions atteindre 17%. C’est donc le moment d’accroître les efforts en matière de sobriété énergétique avec un objectif de pouvoir d’achat pour les ménages et de compétitivité pour les entreprises”, a expliqué ce matin Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, en présentant la table ronde nationale pour l’efficacité énergétique. La France est sur un rythme de 1,5% de gain d’efficacité énergétique par an. La ministre voudrait le doubler à 3% par an, un objectif qui avait déjà été fixé en 2005 mais qui est donc loin d’être réalisé.

L’enjeu est important : l’efficacité énergétique permet de limiter l’impact environnemental tout en réduisant les coûts. “1 GW consommé en moins, c’est une économie de 250 millions d’euros d’investissement et de 200 millions d’euros de coûts de fonctionnement par an”, a martelé la ministre. D’ailleurs, la Commission européenne avance aussi sur le dossier avec un projet de directive, qui doit être présenté dans quelques semaines.

Mais le problème de l’efficacité énergétique, c’est qu’elle est totalement diffuse et concerne quasiment tous les secteurs, du bâtiment aux transports en passant par le smart grid. Pour avancer dans ce fourre-tout, le gouvernement a donc choisi de remettre au goût du jour la méthodologie du Grenelle de l’environnement avec une concertation qui se veut la plus large possible et le souhait d’aboutir à un consensus.

Un calendrier serré

La table ronde nationale sera officiellement installée le 15 juin prochain. Elle sera composée d’une cinquantaine de membres répartis en sept collèges qui ont pour vocation à représenter les acteurs du développement durable : Etat, collectivités locales, ONG du développement durable, employeurs, salariés, consommateurs-usagers et personnalités qualifiées.

Concrètement, trois groupes de travail seront mis en place : le premier, présidé par Michèle Pappalardo, ancienne Commissaire générale au développement durable, sera consacré aux ménages sur le thème “comment réduire les factures ?” Le deuxième sera centré sur les entreprises autour de la question “Comment gagner en compétitivité ?” et sera présidé par Pierre-François Mourier, directeur général adjoint du Centre d’analyse stratégique. Enfin, le troisième sera  dédié aux pouvoirs publics sur le thème “comment être moteur et exemplaire ?” avec pour président le sénateur Albéric de Montgolfier.

Le groupe de travail dédié aux entreprises abordera les mesures d’économies d’énergies dont les entreprises peuvent bénéficier soit au niveau de la demande, en tant que consommatrices d’énergie, soit au niveau de l’offre, en tant que productrice de solutions. Parmi les domaines concernés : la production d’énergie, le transport de marchandises, l’éco-conception, la production industrielle…

Le calendrier est serré puisque les groupes de travail devront remettre leurs rapports début novembre. Entre la mi-novembre et la mi-décembre, les mesures les plus matures proposées par les groupes de travail seront approfondies et une consultation du public sera organisé. “L’objectif est d’aboutir à un plan d’action concret dont certaines mesures pourraient être mises en oeuvre dès fin 2011-début 2012”, espère la ministre.

 

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