Villes durables : Les entreprises françaises ont une carte à jouer en Chine

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Dans le cadre de son douzième Plan quinquennal, qui couvre la période 2011-2015 et a été adopté en mars dernier, la Chine veut se doter de “villes durables”. Mais elle souffre d’un gros retard dans des domaines comme le recyclage ou le traitement de l’eau. Pour les entreprises françaises de ces secteurs, les opportunités sont nombreuses, selon Vincent Perrin, directeur du bureau d’Ubifrance à Pékin (*).

GreenUnivers : Quel est l’enjeu du développement du concept de “villes durables” en Chine ?

La moitié de la population chinoise est aujourd’hui urbaine, contre le tiers il y a dix ans. Outre les très grandes métropoles comme Shanghaï ou Pékin, de nouvelles “villes secondaires” de plusieurs millions d’habitants se développent à toute vitesse. Depuis le sommet de Copenhague, les autorités chinoises sont bien conscientes de la nécessité d’agir dans les villes pour réduire les émissions de CO2 du pays. D’où le douzième plan quinquennal et des investissements massifs dans les transports et les infrastructures. Et la population de ces villes fait pression dans ce sens, elle supporte de moins en moins la congestion du trafic ou la pollution due à l’incinération des déchets. Les municipalités sont donc actives et les besoins énormes.

GU : Les entreprises françaises peuvent-elles tirer leur épingle du jeu ?

La France compte environ 2 000 sociétés et 15 000 ressortissants en Chine. Nous sommes le deuxième pays européen en termes d’export et d’investissement sur place, même si nous restons loin derrière l’Allemagne. En matière de villes durables, les entreprises françaises ont une vraie carte à jouer car elles sont en pointe au niveau mondial dans les domaines du traitement de l’eau, du recyclage ou de l’efficacité énergétique. Et le cadre politique est favorable : en novembre 2010, un mémorandum a été signé entre les deux pays sur la coopération économique et commerciale en matière d’éco-quartiers. Il est décliné dans les régions : les villes de Chengdu, Shenyang et Chongqing ont été retenues comme villes pilotes. Tout se joue en effet au  niveau régional : compte-tenu de la taille du pays, décrocher un contrat à Pékin ne veut pas dire que l’on va dominer le marché. Mais la filière française a encore du mal à se mobiliser. Les grands groupes comme Veolia, Suez Environnement, Lafarge ou Saint-Gobain et quelques PME dont Environnement SA, Leosphère ou ATI ont déjà pris position et empoché de beaux contrats, mais d’autres hésitent encore et préfèrent attendre. Attention, car dans cinq ans, les places seront prises.

GU : Mais la Chine fait peur à beaucoup de PME : c’est un marché difficile à pénétrer, avec des barrières importantes à l’entrée, des problèmes de contrefaçon, etc.

C’est un marché à gros potentiel mais il est vrai qu’il faut bien préparer son arrivée. Il y a des précautions à prendre, comme investir dans la protection des marques et des technologies. Surtout, il faut contrôler son réseau de distribution : si on en perd la maîtrise, le risque de contrefaçon est réel. Il faut travailler en même temps sur la production et sur la distribution. Pour des PME, il est plus facile de venir dans le sillage de grands groupes.

* : Ubifrance a organisé un atelier de travail franco-chinois sur le thème “Les éco-quartiers en Chine” le 5 mai dernier à Paris. Et une mission en Chine, en partenariat avec Le Havre Développement, est en préparation pour permettre à des entreprises françaises de rencontrer les décideurs chinois à Chengdu, Chongqing et Shenyang, du 5 au 9 décembre 2011.

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