Bourse : les énergies vertes surperforment toujours le marché

Print Friendly, PDF & Email

Un mois après le début de la crise japonaise, où en est la bulle verte sur les énergies renouvelables en Bourse ? Au lendemain du choc nucléaire japonais et en pleine déprime boursière générale, les titres des énergies vertes, notamment solaires et éoliens, avaient flambé sur les places financières internationales.

Un mois plus tard, la situation est toujours très marquée. Les acteurs des EnR enregistrent globalement des performances bien supérieures aux indices. Il faut néanmoins souligner que sur les trois dernières années, les valeurs vertes de l’énergie restent très en-dessous de leurs records historiques.

Bourse stable sur un mois

Le vendredi 11 mars dernier, la côte nord-est du Japon subissait un séisme historique suivi d’un tsunami destructeur, puis d’une série d’accidents sur les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima. Dès le lundi 14 mars et pendant plusieurs jours, la bourse de Tokyo avait dévissé (-16% en 48h), entraînant dans sa chute les grandes places financières internationales (-3% à -7% environ). Tous les secteurs avaient été attaqués sauf celui des énergies renouvelables ! Les pure players de l’éolien et du solaire avait flambé (de + 8% à + 40%), dans des volumes exceptionnels. Seul bémol : les grands industriels traditionnels diversifiés dans les énergies vertes (Alstom, Siemens, General Electric…) n’avaient pas profité de cet élan psychologique.

Un mois après, les principaux indices internationaux se sont repris : le Dow Jones (+ 7% depuis le 11 mars), le S&P500 (+ 1,69%), le CAC 40 (+ 3 %), le DAX (+ 3,2%)… Seul l’indice japonais continue du souffrir avec un recul de 5 % environ.

Les indices verts en hausse…

Dans le même temps, l’indice vert DB NASDAQ OMX Clean Tech Index (119 sociétés regroupées par Deutsche Bank et Nasdaq OMX Group) enregistre une hausse d’environ 7% depuis le tsunami au Japon. Le World Alternative Energy Index (20 sociétés – solaire, éolien, biomasse) de la Société Générale augmente d’environ 5% sur les quatre dernières semaines, après avoir atteint 9% d’augmentation fin mars. Autre mouvement à la hausse, celui de l’indice S&P Global Clean Energy Index (Standar&Poor’s), qui regroupe 30 valeurs globales des énergies renouvelables, qui progresse de 12% environ.

Signe des temps, les énergies renouvelables sont devenus un actif stratégique aux yeux des énergéticiens. Si l’offensive d’Iberdrola sur sa filiale verte date d’avant la crise du Japon, l’offensive toute chaude du groupe EDF pour monter à 100% de sa filiale EDF Energies Nouvelles a été probablement catalysée par la nouvelle donne sur l’énergie. Le titre EDF chutait de 8,8% avant l’annonce de cette OPA amicale vendredi dernier. De son côté, EDF Energies Nouvelles enregistrait près de 15% de hausse. Et le titre s’est envolé de 9,74% hier lundi 11 avril.

…sous la bonne tenue des énergies vertes

Sur la place parisienne, le développeur éolien Theolia augmente de 25 % depuis le 11 mars dernier. Vergnet prend plus de 14% (éolien), Velcan Energy (hydraulique) plus de 17%. En Allemagne, l’industriel Q-Cells (solaire) a gagné plus de 17% en un mois, Solarworld (solaire) saute de 52% et REpower (éolien) bondit de 21%. Le danois Vestas (éolien) réalise une hausse de plus de 13% pendant que l’espagnol Gamesa (éolien) avance de plus de 9%.

S&P Global Clean Energy (2006 à aujourd'hui)

Hors Europe,  les valeurs du solaire enregistrent aussi une bonne dynamique sur un mois : les américains FirstSolar (+3,8%) et SunPower (+15%), les chinois Suntech (+15,3%), Yingli (+12,6%), LDK (+8,4%), JA Solar (+4,28%)…

Même si les valeurs vertes sont engagées dans une dynamique positive sous l’effet d’une crise de l’énergie nucléaire, les prix des titres restent encore sous-évalués par rapport à leurs niveaux d’avant la crise financière. Fin 2007, l’indice S&P Global Clean Energy Index – cité précédemment – touchait les 4.000 points, il se trouve aujourd’hui autour de 1.173 points. Soit un recul de 70% sur trois ans ! L’engouement actuel sur les énergies vertes devra donc se mesurer dans les prochains mois à la lumière des performances passées.

Le nucléaire a du plomb dans l’aile

Dans le secteur du nucléaire, pendant que la capitalisation boursière de Tepco, l’énergéticien propriétaire de la centrale de Fukushima, a fondu de près de 80%, les perspectives des autres valeurs se sont obscurcies. Le champion français du nucléaire Areva a perdu 11,5% en un mois. Plus représentatif, l’indice WNA nuclear energy index, qui regroupe 65 valeurs (exploitants et constructeurs de centrales nucléaires mêlés), perdait 7% sur les trois semaines suivant l’accident japonais.

Plusieurs pays ont commencé à geler leur programme nucléaire, comme la Suisse ou l’Allemagne en Europe. Berlin a arrêté 7 ou 8 de ses réacteurs les plus anciens et pourrait ne jamais les rallumer. La question de sortir progressivement du nucléaire alimente les débats outre-Rhin, catalysée par la victoire historique des Verts à des élections locales mi-mars.

Le Royaume-Uni a reporté une décision concernant l’autorisation de nouvelles technologies nucléaires pour la construction de réacteurs. Aux Etats-Unis, la commission nucléaire (NRC) aurait refusé à Unistar une licence pour construire un nouveau réacteur à la centrale nucléaire de Calvert Cliffs en raison de son propriétaire étranger, qui est… EDF.

Pendant ce temps, le Japon souhaite relancer l’installation de centrales photovoltaïques de grandes dimensions et a augmenté ses tarifs d’achat pour les centrales en toitures de bâtiments non résidentiels…


 

Article précédentSchneider proche d’une acquisition majeure en Inde ? (Premium)
Article suivantMeyer Burger va racheter Roth & Rau, créant le n°2 des équipements pour usines PV (Premium)