La flambée du prix du pétrole : une opportunité pour les EnR

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La hausse du prix du pétrole rend les énergies renouvelables plus compétitives, constate Philippe Gattet, directeur d’études au sein du cabinet Xerfi. Un atout à l’heure où la réglementation devient moins favorable à leur développement, notamment dans le solaire. Mais la concurrence d’autres énergies, surtout le gaz et le nucléaire, reste très forte.

GreenUnivers : La crise dans les pays arabes fait flamber le prix du pétrole. Est-ce qu’elle peut profiter aux énergies renouvelables ?

Quand le cours du pétrole entre dans la zone de 100 à 150 dollars le baril comme actuellement, l’impact est important. Jusqu’à 90-100 dollars, le niveau reste acceptable et les entreprises peuvent absorber la hausse dans leur structure de coût. Au-delà, c’est très difficile. C’est une chance pour les énergies renouvelables qui deviennent beaucoup plus compétitives. Et c’est d’autant plus important que cela intervient à un moment où elles donnent l’impression de chercher un nouveau souffle car la réglementation, très importante pour leur développement, devient moins favorable : en France, l’Etat réduit ses subventions au solaire et les parcs éoliens sont difficiles et longs à construire. La hausse du prix du pétrole peut prendre le relais comme moteur du marché des énergies renouvelables.

GU : Les investissements dans les énergies renouvelables pourraient donc s’accélérer ?

Il faut rester prudent car la conjoncture n’a que peu d’effet sur les investissements dans l’énergie qui se décident sur du long terme. On ne change pas une politique énergétique en quelques semaines : on ne va pas remplacer les énergies fossiles par des parcs éoliens et solaires. Et même si le pétrole devient moins compétitif, les énergies renouvelables restent en concurrence avec d’autres énergies comme le nucléaire et le gaz. Le nucléaire garde un niveau de prix très attractif même si les coûts de maintenance vont augmenter dans les prochaines années. Quant au gaz, ses prix sont décorrélés de ceux du pétrole depuis 2009. L’industrie gazière a beaucoup investi, notamment dans le développement de gisements non conventionnels, ce qui a provoqué une surcapacité et donc une chute des prix. Et ce mouvement devrait durer encore deux ou trois ans.

GU : Si le solaire et l’éolien terrestre souffrent d’une réglementation moins favorable en France qui freine leur développement, est-ce que le biogaz pourrait tirer son épingle du jeu ?

Le gouvernement a effectivement annoncé récemment des mesures favorables au biogaz, avec une revalorisation des tarifs d’achat et la possibilité d’injecter le biogaz dans le réseau de distribution de gaz naturel. Globalement, le biogaz est plus avantagé que l’éolien terrestre par exemple et devient assez compétitif. Mais les développeurs et les installateurs ne vont pas changer de secteur pour passer du solaire ou de l’éolien au biogaz : les métiers ne sont pas les mêmes. En revanche, on pourrait effectivement assister à un report de certains investissements financiers, qui privilégient les activités les plus attractives.

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