Adieu le dernier eden solaire : l’Italie réduira ses aides dès juin

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C’est la fin du pactole pour les installateurs solaires en Italie : le gouvernement a finalement publié un décret qui prévoit que les tarifs de rachat de l’électricité solaire, qui devaient en principe durer jusqu’en 2013, seront réduits dès juin prochain, avec en outre un plafonnement annuel des installations éligibles. En prime, les aides à l’éolien sont réduites de 22%.

Seule bonne nouvelle pour la filière, le gouvernement a renoncé à appliquer un plafond permanent  de 8 GW éligibles au tarif de rachat, qui était prévu dans les premières versions du texte. De plus, contrairement à la France qui a purement et simplement supprimé le tarif de rachat sauf pour les toits des particuliers, le principe d’un mécanisme de tarif de rachat ne semble, pour l’instant, pas remis en cause par le gouvernement italien.

Mais la transition sera brutale, et beaucoup de projets risquent de rester en plan car les tarifs de rachat actuellement en vigueur ne s’appliqueront qu’aux projets qui réussiront à être connectés au réseau d’ici le 31 mai. S’ouvre donc une véritable course contre la montre pour les très nombreux projets en construction actuellement (4 GW sont dans les tuyaux, selon le gestionnaire du réseau). Et pour tous ceux à peine démarrés, qui devront vivre avec le futur système, les investisseurs ne peuvent savoir s’ils récupéreront les frais engagés.

L’incertitude est totale puisque le montant des tarifs ne sera décidé que fin avril et appliqué en juin. Le couperet est tel que les banques ont aussitôt coupé leurs financements à de nombreux projets en cours, selon la presse économique italienne.

Autre contrainte, mais qui était déjà décidée, une limitation des projets sur les terres agricoles à 1 MW et à un maximum de 10% d’une parcelle pour pouvoir bénéficier du tarif de rachat.

La fin du moteur solaire en Europe

C’est donc la fin du dernier marché européen qui avait gardé des tarifs élevés, alors que l’Espagne, la France, et à un moindre degré l’Allemagne ont revu leurs tarifs de subventions en nette baisse ou ont totalement modifié leur système. L’Espagne a même revu les tarifs à la baisse rétroactivement, pour les centrales existantes, une mesure que la filière solaire espagnole attaque devant les tribunaux.

Les installateurs du monde entier, allant des géants américains SunPower, SunEdison et First Solar jusqu’à l’espagnol Iberdrola et aux japonais Mitsubishi et Sharp, avaient reporté tous leurs espoirs sur l’Italie, escomptant profiter du jackpot des tarifs actuels jusqu’en 2013 et pendant les 20 ans qui suivraient.

A tel point que la Péninsule aurait dû atteindre 7 GW fin 2011, un niveau qu’elle ne comptait atteindre qu’en 2020. Ce total déclaratif est cependant gonflé par des fraudes – des déclarations exagérées pour toucher les aides, a reconnu récemment le ministre de l’Industrie Paolo Romani.

Le marché italien devait d’ailleurs tirer le marché mondial cette année : les analystes risquent de devoir revoir leurs calculs.

Si, exactement comme en France, l’Italie a brutalement changé les règles du jeu, mettant en difficulté les nombreux installateurs qui ont démarré des projets cette année, c’est que la facture solaire gonfle de manière inquiétante.

Victime du succès de ses tarifs de rachat actuellement parmi les plus élevés du monde, le pays a connu une croissance fulgurante de ses installations solaires l’an dernier qui se traduira par près de 44 milliards d’euros de subventions sur 20 ans, selon les calculs de Barclays Capital. Une facture qui sera réglée par les ménages sur leur facture d’électricité, comme en France.

Ne restent plus qu’aux installateurs qu’à racheter les centrales existantes, qui elles bénéficieront du tarif de départ pendant 20 ans. Ce qui explique qu’une série de grandes centrales italiennes ont changé de main ces derniers mois.

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